2011 : trois regards dans le rétro (3/3)
La collection printemps-automne

La période qui suit Cannes est traditionnellement calme pour le cinéma belge. La plupart des films présents sur la Croisette sortiront à l’automne profitant des différents festivals nationaux qui animent la rentrée. Personne de toute manière n’ose se frotter aux blockbusters anglo-saxons qui dynamitent un été pluvieux et donc plutôt bon dans les exploitants.

 

Pendant ce temps, Cinevox continue sa petite exploration de l’univers du cinéma belge: après les Géants et la Fée, nos caméras se tournent vers Jean-Luc Couchard et Charlie Dupont, vedettes d’une comédie française à haute teneur belgo-belge qui s’annonce irrésistible (Il était une fois une fois), puis vers les plateaux de Dead man Talking (Patrick Ridremont), Quartier Libre (Frédéric Fonteyne), Mobil Home (François Pirot) et Hors les Murs (David Lambert). Des promesses qu’on découvrira en 2012. Patience !

 

 

 

Côté festival la rentrée est marquée par le 3e Filmfestival Oostende, un nouveau venu qui prend déjà beaucoup de place dans le paysage médiatique. C’est là que sont désormais remis les Vlaamse Filmprijzen, des Magritte flamand  attribué par un jury restreint un peu à la manière des palmarès festivaliers. Sans surprise aucune, c’est Rundskop qui y domine les débats et gagne six récompenses : meilleur film, meilleur premier film, meilleur réalisateur (Michael Roskam), meilleur acteur (Matthias Schoenaerts), meilleure photographie (Nicolas Karakatsanis) et meilleur acteur dans un second rôle (Jeroen Perceval).

 

 

Parmi les avant-premières les plus remarquées sur le littoral, c’est Hasta la Vista qui décroche le pompon. Le film de Geoffrey Enthoven arrive à Ostende précédé d’une exceptionnelle réputation. Sa légende est née à Montréal où cette comédie dramatique humaniste a provoqué des standing ovations mémorables et remporté deux distinctions dont le Grand Prix des Amériques. La sortie en salles du film est un des évènements majeurs de ce dernier trimestre.

Face à la déferlante Code 37, attraction du festival de Gand destiné à devenir un hit, Hasta La Vista réussit à fédérer 250.000 spectateurs, à fignoler une magnifique sortie en Wallonie et une distribution française après avoir secoué le festival d’Arras et à nouveau déclenché des salves d’applaudissements sans fin.

Que ce soit la société de Claude Lelouch qui s’en charge n’est sans doute pas étrangère au fait que le réalisateur d’Un Homme une Femme chabadabada était le président du jury dans le nord de la France. Incontestablement une des plus enthousiasmantes histoires belges de l’année.

 

 

Entre ces deux évènements flamands majeurs, la fin du mois de septembre est occupée en Wallonie par l’indémodable FIFF namurois qui fête cette année sa 26e édition. Une des plus belles, de l’avis général, et pas seulement parce qu’un soleil estival baigne la capitale wallonne pendant une bonne moitié des festivités. Tous les films belges francophones de l’automne, voire même du début de l’an prochain, sont au rendez-vous. Plus trois grosses productions françaises avec, en vedette, des acteurs belges : L’Exercice de l’État, emmené par Olivier Gourmet et déjà primé à Cannes, le bouleversant Toutes Nos Envies (photo) avec Marie Gillain (et aussi Yannick Renier qui double la mise avec De Bon Matin), un tonitruant JC comme Jesus Christ de et avec Jonathan Zaccaï; plus une comédie décapante : Mon Pire Cauchemar où on retrouve face à une Isabelle Huppert glaciale, un Benoit Poelvoorde explosif et Virginie Efira.

Mais l’évènement médiatique est signé Bouli Lanners. Lors de la remise des prix, ses Géants arrachent un prix collectif d’interprétation masculine tandis que Jean-Paul De Zaeytijd décroche le Bayard de la meilleure photo.

 

 

Au milieu de ce trio bien rodé, les BNP Paribas Fortis Film Days réussissent à tirer leur épingle du jeu. Initialement, ils furent conçus comme une fête du cinéma très grand public mettant en exergue et pour un tarif réduit des avant-premières essentiellement anglo-saxonnes.

Mais les Cinevox Happenings sont là pour changer la donne: une série de films belges occupent le terrain et de grandes salles, leurs équipes rencontrent le public et parfois les présentations virent au délire.

En ouverture bruxelloise, La Fée d’Abel et Gordon, qui sort la semaine suivante, remplit la grande salle de l’UGC de  Brouckère, mais à la surprise générale c’est Bxl/USA, un téléfilm coproduit en Belgique par Be TV et Nexus Factory, qui emporte l’adhésion (photo ci-dessus). Exceptionnellement projetée sur grand écran, la comédie la plus belge de l’année fait salle comble au grand Eldorado. Et provoque de longs applaudissements qui obligent toute l’équipe à revenir sur scène à l’issue de la séance.

En avant-programme, les Garbarski père et fille ont découvert leur première réalisation commune, Madame Papa, un bouleversant court métrage qui réussit l’exploit de secouer un public venu pour s’amuser (photo ci-dessous).

 

 

Fils Unique, Rondo, Quixote Island et Elle ne pleure pas elle Chante, assurément un des plus beaux films de l’année présenté en première mondiale à l’Aremberg bruxellois dès le mois de juin, complètent le panel de ces Cinevox Happenings première édition, assurés de revenir à l’affiche en 2012 !

 

Octobre et novembre sont deux mois riches en sorties belges : alors qu’en Flandre, Code 37 et Hasta La Vista résistent à la déferlante Tintin, Les Géants ou La Fée ont plus de mal à s’imposer dans la partie francophone du pays. Leurs scores sont de petites déceptions : des films aussi réussis auraient dû toucher entre 50 et 100.000 spectateurs (Le Gamin au Vélo a dépassé ici le cap des 100.000 tickets vendus). On en est hélas loin. D’autant qu’un trouble-fête inattendu, Intouchables, chahute le château de cartes  : The Artist, Melancholia ou Les Deux Guerres des Boutons sont également laminés par le buddy movie à roulettes.

 

 

Après les sensations, les récompenses, concluons par les chiffres. Au box-office de l’année, Rien à déclarer devrait terminer 5e juste derrière Harry Potter, Tintin, les Schtroumphs et Twilight (tous autour du million) mais devant Pirates des Caraïbes ou Cars 2. Rundkop 8e, c’est la surprise du chef. Malgré un départ en fanfare, Code 37 ne figurera pas dans le top 15. C’est une petite contre-performance alors que si Hasta la Vista se maintient aux alentours de la 25e place, ce sera considéré comme un triomphe. Question de profil.

Swoony, Quixote’s Eiland ou Le Cochon de Madonna n’entrent pas dans le top 100, ce qui est assez décevant. Finalement le seul film belge francophone à émarger au top 50 sera bien Le Gamin au Vélo qui, c’est étonnant, fait mieux que Mon Pire Cauchemar ou Largo Winch 2 pour ne parler que de coproductions belges.

 

Au-delà des chiffres, ni meilleurs ni pires que les autres années, il est difficile de nier que l’année 2011 fut néanmoins un excellent cru pour le cinéma de chez nous, parsemé de récompenses et de quelques succès très surprenants. Ce qui est encourageant pour l’avenir!

 

 

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