Magritte 2023: les paris sont ouverts!

À J-2 de la Cérémonie, retour sur les grands enjeux de cette 12e édition des Magritte du Cinéma, sur les forces en présence, et sur les favoris!

Le petit monde des Prix du cinéma a souvent tendance à pencher vers une certaine unanimité, signalant ainsi son enthousiasme. Ainsi la semaine dernière aux César, La Nuit du 12 remportait 5 prix, dont Meilleur film, Meilleure réalisation et Meilleur scénario. C’était le cas ces dernières années aussi aux Magritte. En 2022, Une vie démente et Un monde remportaient chacun 7 prix, en 2020 Duelles battait des records avec 9 prix, en 2019, Insyriated en récoltait 6.

 

« Rien à foutre »

Cette année, deux films concentrent les nominations: 10 pour Close de Lukas Dhont, et 9 pour Rien à foutre de Julie Lecoustre et Emmanuel Marre. Les deux films ont bénéficié d’une belle sélection à Cannes (la Compétition officielle et le Grand Prix pour le premier, la Semaine de la Critique et le Prix de la Fondation Gan pour le second), et représentent un séduisant renouveau du cinéma belge. Difficile de passer à côté de la success story Lukas Dhont, nommé partout, et qui sera ce week-end à Los Angeles pour les Oscars. Dans une moindre mais non moins admirable mesure, Rien à foutre a bénéficié de critiques très enthousiastes, et de l’engagement et la renommée de sa comédienne principale Adèle Exarchopoulos, nommée la semaine dernière aux César face à la crème des comédiennes françaises, ce qui n’est pas rien pour un « petit » film.

Mais donc… On peut penser que les deux films séduiront un bon nombre de votants au second tour également, et que malgré l’assise des cinéastes en lice pour le Meilleur film, le duo formé par Emmanuel Marre et Julie Lecoustre (et dont les courts métrages, Le Film de l’été et D’un château d’autre ont déjà beaucoup impressionné) tire son épingle du jeu, et remporte la statuette du Meilleur film demain soir. Même si on ne peut bien sûr ignorer l’admiration que suscitent les frères Dardenne, l’incroyable sympathie que dégagent Bouli Lanners et son cinéma, le geste cinématographique puissant porté par Nabil Ben Yadir avec Animals, et la sensibilité de La Ruche, premier film de Christophe Hermans, même si celui-ci est clairement un outsider.

« Close »

On peut penser aussi que la direction artistique de Close d’un côté et de Rien à foutre de l’autre ne séduise les votants, pour des raisons assez opposées d’ailleurs, le premier pour l’écrin visuel qui magnifie le récit, le deuxième pour l’approche naturaliste empreinte d’un sentiment d’immédiateté, d’ici et de maintenant. Et ce même si jusqu’ici, les films de Bouli Lanners ont souvent raflé la mise en la matière (que ce soit Les Géants en 2012 ou Les Premiers les derniers en 2017).

Et le Magritte de la Meilleure actrice est attribué à…

Reste les prix d’interprétation. Pour la Meilleure actrice, Virginie Efira et Bouli Lanners pourraient bien bénéficier de l’effet César, en plus évidemment de la qualité de leur performance. La première a remporté vendredi dernier le premier César (il faut le dire bien attendu après cinq nominations dans la catégorie en 7 ans!) pour son émouvante prestation dans Revoir Paris d’Alice Winocour. Bouli Lanners lui était récompensé pour sa non moins bouleversante interprétation dans La Nuit du 12 de Dominik Moll, entre colère et profonde tristesse.

Côté espoirs, le niveau est particulièrement relevé. On peut penser que le duo féminin de La Ruche, Sophie Breyer et Mara Taquin, nommée comme espoir, mais qui ont chacune déjà un beau début de carrière à son actif, récolte un bon nombre de votes. La question sera néanmoins comment ces vote vont-ils se partager, et ne le seront-ils pas trop, justement? Chez les garçons, c’est le duo de Close cette fois-ci qui pourrait concentrer les attentions, même si on imagine qu’Eden Dambrine, dont le rôle est un peu plus présent que celui de Gustav De Waele, pourrait sortir gagnant, suite aussi à la belle campagne de promotion en cours actuellement pour les Oscars.

En ce qui concerne les documentaires, les propositions sont toutes tellement différentes, entre les fantômes du Chelsea Hotel de Dreaming Walls, le guerre qui endeuille le Congo depuis près de 3 décennies dans L’Empire du Silence, l’énergie des filles des rues de Kinshasa de I Am Chance, le poids des images de l’affaire Dutroux dans Petites, ou le délicat portrait familial de Soy Libre, difficile de sentir où le vent tournera. Idem pour les courts métrages, où la compétition est là aussi très ouverte.

Et vous, quels sont vos pronostics?

 

 

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