15 ans après avoir ouvert en fanfare le Festival de Namur avec son premier long métrage, Les Barons, Nabil Ben Yadir ouvre à nouveau le FIFF avec son nouveau film, Les Baronnes, co-signé avec sa mère, Mokhtaria Badaoui, une comédie poétique et mélancolique sur les rêves reportés, qui met en scène une troupe flamboyante d’irrésistibles vieilles dames.
En 2009, Nabil Ben Yadir faisait irruption au Festival de Namur avec sa joyeuse bande de Barons, posant en passant la première pierre d’une carrière cinématographique inattendue, qui allait défier toutes prédictions. Après l’immense succès remporté en Belgique, et particulièrement à Bruxelles, où toute une partie de la jeunesse riait et vibrait de se voir enfin représentée à l’écran, Ben Yadir allait visiter différents genres cinématographiques avec un savoir faire salué, du film historique (La Marche) au film coup de poing (Animals), en passant par le polar, bien noir (Dode Hoek), et même, la série Netflix (Into the Night).
Avec Les Baronnes, il semble revenir à ses premières amours, une comédie poétique fermement ancrée dans un territoire qu’elle rêve en couleurs. Les Baronnes, c’est une histoire de famille. Derrière la caméra, d’abord, puisque la légende veut que le film soit né d’une demande (réitérée) de la mère du cinéaste d’offrir enfin le grand écran aux mères et aux grands-mères de son entourage, personnages inexistants dans les premiers rôles des films à l’affiche. A force d’en parler, ils ont fini par s’y mettre, pour signer ensemble le film. Devant la caméra, une histoire de famille aussi. La famille officielle, formé par Fatima, son mari… et les autres. La famille du coeur aussi, qui unit avec force Fatima et ses trois amies, Meriem, Inès et Romaïssa. Des liens qui résistent aux tempêtes, et qui portent plus haut.
L’histoire des Baronnes, c’est celle de Fatima, qui va réinvestir un rêve de jeunesse, abandonné sur l’autel du mariage: jouer, enfin, Hamlet. Fatima et sa troupe, désormais théâtrale, vont devenir malgré elles symboles d’un dépassement, d’un refus de l’invisibilisation, de la maison de quartier au théâtre national. Une émancipation, à de multiples titres, par le biais du théâtre. Et des mères, des grands-mères enfin vues, et regardées. Dans le rôle de Fatima, on retrouve la toujours excellente Saadia Bentaieb, vue notamment dans le magnifique Ghost Tropic de Bas Devos, mais aussi dans Le Règne animal ou Anatomie d’une chute, et autour d’elle, trois fringantes jeunes premières, Rachida Bouganhem, Halima Amrani, Rachida Riahi, qui offrent toute leur créativité et leur générosité au gang des Baronnes.
Cadeau d’anniversaire demain soir en ouverture de la 40e édition du FIFF Namur, et pour les autres, rendez-vous le 3 décembre prochain dans les salles belges.