Le chantier des gosses de Jean Harlez offre un témoignage bouleversant sur Bruxelles au milieu du XXe siècle. Un film rare, qui emprunte à l’espièglerie de l’enfance, mais aussi à la joie comme à l’âpreté de la vie quotidienne d’un quartier populaire à la veille de grands bouleversements architecturaux et sociétaux.
Pendant deux ans, entre 1954-1956, Jean Harlez a sillonné les rues des Marolles, se mêlant à ses habitants, dressant le portrait humain et topographiques d’une « quartier pauvre », qui tout en ressemblant à tant d’autres de l’époque, a sa propre identité, inscrite dans ses murs, ses corps et ses pavés. Le fil rouge, c’est la guerre qu’une poignée d’enfants mènent aux géomètres venus prendre possession de leur terrain de jeu, un terrain vague qui verra bientôt s’édifier une barre d’immeuble. Bientôt les machines font trembler tout le quartier. Armés de pierres, et d’une joyeuse capacité à faire des bêtises, les gosses en lutte tentent de résister, quand les adultes savent que le combat est perdu d’avance. Ces enfants, de 2 à 14 ans, sont les enfants du quartier, recrutés dans les écoles du coin, et qui jouent leur propres rôles dans la joie et l’improvisation. C’est l’histoire du passage de l’enfance à l’âge adulte, c’est l’histoire d’une ville qui change, au sortir de la seconde guerre mondiale, alors que l’habitat est repensé, et que la modernité s’apprêt à accélérer vertigineusement.
Le Chantier des gosses, d’abord sorti en 1970, a été restauré par le Cinéma Nova en 2014. Il ressort cet été dans cette version restaurée, notamment au Palace, où il sera projeté ce mardi 8 juillet en avant-première.
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