Cinevox Le cinéma vu par les belges
Vendredi dernier à Venise était présenté en compétition Himinn Opinn, court métrage belge de Clyde Gates et Gabriel Sanson. Une magnifique rampe de lancement pour ce film atmosphérique et entêtant.
Une communauté déchue survit tant bien que mal au bord d’une falaise. Une jeune femme est accusée d’être la cause d’un mal étrange qui atteint les animaux et la végétation. Un berger solitaire se porte volontaire pour l’exiler dans les terres centrales de l’île.
Un homme marche, alourdi par un mouton porté sur ses épaules. Le bruit de ses pas sur les galets résonne au diapason de celui des vagues qui viennent se briser sur la plage. Le temps est gris, comme le regard de l’homme. On le retrouve attablé seul dans la faible lueur d’une fenêtre ternie. Il mange tout en lisant. Une voix off hypnotique se superpose aux images, entame un mystérieux récit. Bientôt, une jeune femme enchaînée sera bannie par la communauté…
Himinn Opinn offre une parenthèse sombre mais somptueuse, un récit intemporel mêlant sacrifice, prophétie, malédiction et réincarnation. Les réalisateurs filment une terre désespérée, brumeuse et hostile, coupée de toute civilisation. Une terre de bannis, où l’on cherche encore et toujours le coupable, celui à exiler. Ici, ce sera une jeune femme. Tourné en Islande, riche de ses paysages désertiques et comme hors du temps, le film est porté par le travail impressionnant à la lumière réalisé par le jeune chef opérateur Samuel Esselinckx, et par ces envoûtantes voix off, dont celle de Jonathan Pryce. Devant la caméra, on retrouve Tristan Tessier, et Judith Williquet, déjà vue notamment dans les courts Calamity, Jay parmi les hommes ou Mouettes. On imagine bien que la sélection vénitienne n’était qu’un début, et laisse augurer d’une belle carrière pour le film, et d’un avenir prometteur pour les deux jeunes réalisateurs.
