François Damiens
Ni à vendre, ni à louer !

François Damiens n’a pas fini de nous surprendre. Que le roi de la caméra cachée devienne un acteur aussi demandé n’allait pas forcément de soi. Les autres maîtres de cet art n’ont jamais réellement franchi le pas. Qu’il se diversifie à ce point est un autre vrai sujet de satisfaction. Ceux qui pensaient que François serait toute sa vie cantonné au Belge de service se sont donc trompés. Comme ceux qui étaient certains qu’il ne serait jamais qu’un pitre. Même s’il prend parfois un malin plaisir à cultiver son image décalée (voir son numéro à la soirée des César) et à jouer les innocents irritants révélateurs de nos propres limites, notre homme est avant tout un comédien polymorphe et le champ de ses possibilités semble réellement sans limites. En tous cas on ne les cerne toujours pas.

 

Alors qu’il aurait pu se complaire dans un univers familier, exploiter un filon qu’il maîtrisait totalement et où ses (nombreux) fans l’attendaient, François accepte depuis quelques années les propositions les plus inventives et élargit ainsi, de film en film, son horizon, de moins en moins balisé.  On l’avait quitté, fiévreux et inquiet sur le plateau de Quartier Libre (RV dès mercredi prochain dans notre nouveau Grand Écran pour découvrir un visage de l’artiste fort intéressant), on le retrouve sur l’écran cette fois dans Ni à Vendre, ni à Louer. Une comédie ? Certes, mais une comédie quasi muette, poétique, aux frontières du surréalisme, ça, c’est nettement plus inattendu. Et tant mieux si la présence de l’Embrouille peut attirer un public qui n’aurait pas forcément été à la rencontre de ce film décalé.

 

 

Non, Fiona, non Dominique, vous n’êtes pas tout seuls. Seuls à perpétuer la magie d’un cinéma un peu oublié, drolatique (tic tic), hérité des pionniers et porté par une certaine nostalgie magique qui évoque et convoque inévitablement le talent de Tati. Un cinéma qui n’est pas un hommage, mais qui s’inscrit dans une veine éternelle qui ne peut se renouveler qu’avec d’authentiques créateurs. Des artistes comme Abel et Gordon, donc, dont la Fée viendra bientôt nous asticoter. Mais également comme Pascal Rabaté qu’on n’attendait pas particulièrement dans ce créneau.

 

Auteur de bande dessinée réputé, Rabaté changea récemment de support avec les Petits Ruisseaux, transposition sur grand écran de l’univers rural, gentiment, qui fit son charme sur papier. Accueil critique assez dithyrambique en France: Rabaté ne soignait pas seulement la mise en scène et l’image, il se montrait aussi un directeur d’acteurs inspiré, maîtrisant l’imprévisible Daniel Prévost qui signait là une de ses meilleures prestations. Sans prendre le temps de souffler, ni surtout le risque de laisser retomber l’enthousiasme, Rabaté décida de poursuivre sa carrière cinématographique avec un autre pari: celui de s’écarter des petits sentiers battus pour composer un univers encore plus inattendu.

 

 

Exit les dialogues, donc. En grande partie tout au moins. Bonjour, la comique  poésie visuelle. Et le casting à nouveau surprenant; brillant. Au menu, une jolie collection de clowns blancs: le toujours parfait Jacques Gamblin, Marie de Medeiros, François Morel, Dominique Pinon et deux acteurs belges : François Damiens et la très charmante Marie Kremer qui  fréquente de plus en plus souvent ces pages puisqu’elle joue dans Bxl/USA dont nous vous avons longuement parlé la semaine dernière.

 

Sorti en catimini dans quelques salles belges, Ni à Vendre, ni à Louer mène actuellement une carrière tranquille qui vous demandera un peu de curiosité et de persévérance pour croiser son chemin. Mais les pépites se trouvent rarement sur les autoroutes…

 

 

 

 

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