« Cap Farewell »: revoir la mère

Vanja d’Alcantara dévoile en avant-première ce mercredi 8 octobre au Festival de Namur son nouveau long métrage, Cap Farewell, un drame familial qui emprunte au film noir, sur fond d’émancipation féminine.

Après Beyond the Steppes (Prix du Jury au Festival de Marrakech), l’histoire d’une femme déportée aux confins de la Sibérie en pleine deuxième guerre mondiale, puis avec Le Coeur régulier, adaptation d’un roman d’Olivier Adam sur l’histoire d’une soeur partie retrouver son frère enfui au Japon, la cinéaste belge Vanja d’Alcantara revient avec non plus une histoire de départ, mais bien de retour.

Peut-on fuir son passé? Peut-on reconstruire sur des cendres? Et surtout, comment refaire sa vie après la prison, quand la privation de liberté correspond aussi à une privation d’outils pour grandir? Toni (Noée Abita), la vingtaine tout juste entamée, sort déjà de prison, où l’on comprendra vite qu’elle a fini par loyauté plus que par culpabilité. A l’heure de retrouver sa petite fille, Anna (Aelis Mottart), élevée par Betty sa grand-mère (Pascale Buissières), elle s’interroge sur son rôle et sa place, dans sa famille et dans la société. Alors qu’elle travaille dans le restaurant de son oncle Frank (Olivier Gourmet), dont la probité laisse à désirer, elle peine à renouer le contact aussi bien avec sa fille qu’avec sa mère, qui se sent aliéné par ce retour au bercail qui lui enlève sa petite-fille. Et puis il y a l’amour, qui comme la prison, colle aux basques. Quand revient Max (Matteo Simoni), son grand amour et partner in crime, Toni perd de vue le chemin qu’elle s’était tracé. Tiraillée entre ses aspirations de fille, de mère et de femme, elle marche sur un fil, sans cesse menacée de replonger.

Incarcérée alors qu’elle est encore presque adolescente, Toni ressort avec la même colère, la même fougue, et surement aussi, la même inconséquence. Enfermée dans ses schémas destructeurs, elle risque de reproduire les mêmes erreurs. Vanja d’Alcantara use des outils du film noir, avec malfrats et coups tordus, pour effleurer l’idée d’une prédestination tragique, battue en brèche néanmoins par les liens qu’elle tisse entre trois générations de femmes qui s’opposent pour mieux se soutenir. Noée Abita compose une Toni encore ancrée dans une posture adolescente, mue par une énergie rebelle à canaliser pour trouver sa voie, assumant l’immaturité d’un personnage dont les motivations semblent souvent inconfortables.

Cap Farewell sortira en Belgique au au premier trimestre 2026.

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