Au FIFF namurois, à côté de la compétition officielle d’un niveau exceptionnel cette année (nous ne vous parlons que des oeuvres liées à la Belgique, mais l’armada québécoise laisse également une grosse impression), un certain nombre de premiers longs métrages vient chaque jour à la rencontre des festivaliers. Ces coups d’essai parfois fort maîtrisés, souvent très inventifs, participent à la compétition Émile Cantillon. Parmi eux, une fois encore quatre (co)productions bien de chez nous.
Plus la peine, je crois, de revenir sur une des claques du week-end: JC comme Jésus Christ est bien le premier long en tant que metteur en scène de Jonathan Zaccaï et, à ce titre, pourra revendiquer vendredi une récompense. Tourné à l’arrache avec un budget riquiqui, il propose un casting du feu de Dieu. Oui, c’est ça aussi, la classe !
Mais JC n’est pas le seul à nous faire honneur, bien loin de là.
Dimanche a été projeté Au cul du loup de Pierre Duculot. Ce drame noué entre Charleroi et l’île de Beauté (où l’équipe a été présenter le film) a connu une avant-première en juin dernier à Flagey, lors du Brussels Film Festival. À l’époque, aucune distribution n’était encore prévue. Le souci est réparé et ce premier long métrage sortira début 2012 un peu partout en Wallonie et à Bruxelles (au Vendôme puis à l’Actor’s Studio, en l’occurrence). Une vraie bonne nouvelle dans un contexte difficile. Au Cul du Loup sera amené jusque dans les salles par ses producteurs qui ajoutent une corde à leur arc. Une démarche déjà privilégiée par Iota (Elle ne pleure pas, elle chante), bientôt imitée par Entre Chien et Loup (pour Fils Unique). Le manque crée l’innovation et simule apparemment l’esprit d’entreprise.
Dans le genre, les producteurs de Le Grand Tour ont fait plus fort. L’OVNI de Jérome le Maire entame ce 3 octobre à Namur sa… tournée. Oui, vous avez bien lu. Et ce n’est pas une facilité de langage pour éviter une quelconque répétition. La Parti a décidé pour montrer son film au plus grand nombre d’organiser une tournée à travers la Wallonie, à la façon d’un groupe rock. Une façon de faire totalement originale (mais de la part des producteurs de Panique au Village ou Kill me Please, il faut s’attendre à tout) qui colle parfaitement avec le sujet : une fanfare s’en va marcher un week-end dans les bois et ne rentrera que six mois plus tard… et encore, pas tous ! Après Namur, les prochaines dates sont Stavelot le 14 au ciné Versailles, Moulbaix (près de Ath), le 21, Marche le 25 au cinépointcom et ainsi de suite, jusqu’au 29 décembre où le film boucle la boucle au Caméo namurois. Formidable initiative. On en reparle !
Quatrième film belge de la compétions Émile Cantillon, De leur vivant évoque… la mort, mais aussi l’héritage (sous toutes ses formes), les relations familiales compliquées surtout : après 40 ans de vie commune, Henri vient de perdre son épouse. Ils tenaient un hôtel dans la campagne belge. Pour Dominique, Ludovic et Louis, ses 3 enfants, il faut vendre l’hôtel et recommencer une nouvelle vie, loin du souvenir de leur mère. Sans affronter ni partager la douleur de leur père, ils prennent les choses en main. Mais l’arrivée d’Alice, une jeune femme enceinte de 8 mois, va chambouler leurs plans. Henri rouvre l’hôtel pour elle et, puisqu’il ne parvient pas à parler à ses enfants, en fait sa confidente.
Premier film de Géraldine Doignon, qui l’a aussi écrit, De Leur Vivant bénéficie d’une photo très soignée de l’excellent Manuel Dacosse et réunit autour de Christian Crahay une brochette d’acteurs qui ont enfin l’occasion de se mettre en évidence: Mathylde Demarez, Yoann Blanc, Jean-François Rossion, Raphaële Germser, Anne-Pascale Clairembourg, Pedro Cabanas... Le film a déjà été proposé samedi à l’Acinapolis et les échos sont très favorables.
Quatre films belges donc, face à une concurrence assez pléthorique venue notamment de France et du Québec. Quinze premiers films prémices peut-être de quinze belles carrières. C’est ainsi que se ressource le cinéma…