Vu du FIFF : La vie sous le figuier

Et une nouvelle salle bondée, une. La première projection belge de Sous le Figuier dans un Eldorado 1, bourré à craquer, a permis à la réalisatrice Anne-Marie Étienne de mesurer au plus juste l’impact de son film sur des spectateurs qui en découvraient tout. Une expérience enrichissante qui l’a stimulée. Entre sourires et silences émus, l’audience a fort bien réagi aux nuances de sa comédie dramatique finalement beaucoup plus drôle que triste, où sur un sujet grave et capital (la mort), elle a su tisser une toile légère qui donne le goût de vivre. Aux trois protagonistes du récit, mais aussi au public qui en sort gonflé à bloc.

 

[Photo FIFF]

 

[Photo FIFF]

 

L’histoire de Sous le Figuier tourne autour de Selma, une nonagénaire sympathique qui s’apprête à passer son ultime été. Elle est condamnée par la médecine et refuse de prolonger le suspense. Trois adultes plus jeunes, secouées par les aléas de la vie, aléas professionnels, sentimentaux et familiaux, vont l’accompagner dans son dernier voyage, lui offrant un cocon familial, des rires d’enfants et un endroit idyllique perdu au milieu des vignes.   L’occasion pour l’excellent Philippe Guilbert de cadrer quelques paysages étonnants. La photographie de ce long métrage est d’ailleurs un de ses gros points forts.

 

Sur ce canevas qui peut paraître déprimant, Anne-Marie Étienne a écrit un film tonique construit en deux temps : on découvre d’abord les personnages angoissés dans leur biotope stressant, puis on plonge dans le calme d’une belle propriété où en vase clos, le groupe va apprendre à se connaître, où chacun va enfin trouver sa place dans l’existence.

 

La vieille dame qui s’éloigne sur la pointe des pieds utilisera ses derniers moments pour remettre ses trois amis sur les rails. Pas de lourdes tirades moralistes ici, mais des remarques piquantes ou des petites interventions mutines (le coup du GSM dérobé) qui au fil de ces quelques jours hors du monde va recadrer les idées de chacun(e).

 

En évoquant la mort, Anne-Marie Étienne parle surtout de la vie. Son film n’est jamais auteuriste ou contemplatif. Il est léger et pétillant. Idéal pour une sortie en famille ou un prime time télévisé. Ce qui n’est finalement pas (plus) si courant.

 

 

[Photo PP]

 

On a évoqué la fort jolie photographie, mais l’autre point très fort du film est l’interprétation collégiale de quatre comédiens tous au top: Gisèle Casadesus, belle et exquise, presque timide, toujours drôle est une mamy idyllique, Marie Krémer, la plus jeune de la bande est la stressée de service, incapable d’avoir une vision correcte de sa vie,  le nez dans le guidon. C’est celle qui en 1h30 va parcourir le plus long chemin vers une certaine forme d’apaisement. Anne Consigny est celle qui n’accepte plus d’être chahutée : « je n’ai pas peur de vivre, mais je ne veux plus souffrir », dit-elle. Au milieu de ce délicieux trio féminin, Jonathan Zaccaï trouve immédiatement sa place et sa petite musique. C’est le papa gâteau, bordélique et désordonné, terrorisé par l’idée même de la mort. Des quatre, c’est celui qui a la partition la moins spectaculaire, mais on sait depuis Elève Libre et Quartier lointain qu’il excelle dans ce genre de personnage en retrait grâce à une présence hors norme.

 

[Photo PP]


Cette avant-première namuroise a aussi été l’occasion pour le public et les journalistes de côtoyer Anne-Marie Étienne, Marie Krémer et Gisèle Casadesus, trois générations d’artistes en visite dans la capitale wallonne, qui ressemblent à une vraie famille : mamy, maman, mademoiselle. Et quand on voit l’amour qui émanait de Marie sur scène lorsqu’elle tenait dans ses bras la plus jeune actrice du film (Bruno????), assise au milieu des trois autres fillettes, on se dit, que cette famille-là, fût-elle virtuelle, court en fait sur quatre générations complices, formidablement complémentaires. Une belle image de cinéma transposée dans la vie réelle. La magie du festival.

 

[Photo PP]


[Photo PP]

 

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