On le sait depuis hier : Jean-Pierre et Luc Dardenne se retrouveront pour la septième fois en compétition officielle au 69e Festival de Cannes. En tout, ils totalisent huit visites cannoises avec huit longs métrages consécutifs.
Un exploit qui démontre un très bel attachement mutuel.
Oui, la fidélité va dans les deux sens car les Frères sont évidemment sollicités par tous les autres festivals internationaux, mais ils estiment – à raison – qu’ils doivent une partie de leur notoriété à leurs deux Palmes d’Or et si Cannes veut d’eux, ils sont heureux de répondre présents.
Cet attachement leur a peut-être coûté un Lion d’or quand Darren Aronofsky, leur plus grand fan, présidait le jury officiel à la Mostra de Venise en 2011 et qu’ils pouvaient y présenter Le gamin au Vélo, mais bon….
Photo Christine Plénus
Hors les sélectionneurs et quelques intimes, personne bien sûr n’a encore vu La fille inconnue, mais ici et là, quelques schtroumpfs à lunettes, essentiellement localisés chez nous (ha bon ? Quelle surprise !) ont déjà dégainé leur clavier pour souligner que selon leur expertise cette sélection était… (restons polis) un peu trop attendue.
Certes.
Mais le Festival va -t-il se priver de deux des meilleurs réalisateurs du MONDE juste pour donner l’illusion de se renouveler ? Il est évident que le cinéma des frères, exigeant dans sa forme et engagé dans le fond, ne plaisent pas à tous. Mais la plupart des gens qui conçoivent le cinéma comme un art à travers la planète considèrent le duo comme des références incontournables. Et parmi eux, les plus grands réalisateurs.
Hier, lors de la première conférence de presse du Festival, les représentants de tous les pays qui n’ont pas de films retenus jusqu’ici (seuls 28 pays sont à l’honneur pour l’instant) n’ont cessé de se plaindre. Le moins qu’on puisse faire en tant que privilégiés est de savourer l’instant. Parce que les frères le valent bien, comme nous l’écrivions déjà en 2011 lors du lancement de Cinevox (lire http://www.cinevox.be/?p=157ici)
Les Frères Dardenne ne sont d’ailleurs pas que des réalisateurs. Ce sont également des producteurs avisés qui peuvent compter sur l’expertise et la force de frappe de Delphine Tomson, la dynamo des Films du Fleuve. La société liégeoise sera donc aussi présente à Cannes dans QUATRE autres films de la Sélection officielle.
En Compétition d’abord avec I, Daniel Blake de l’anglais Ken Loach avec qui les frères collaborent depuis plusieurs années et Baccalauréats du roumain Cristian Mungiu.
Dans la section Un Certain Regard ensuite avec Pericle il nero de l’italien Stefano Mordini, tourné en grande partie chez nous, et La Danseuse de Stéphanie Di Giusto (photo) où l’on retrouve notamment François Damiens. La Danseuse est par ailleurs coproduit par la RTBF et soutenu par le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel via le Fonds spécial RTBF.
La sélection de nombreux autres films coproduits chez nous a aussi été annoncée hier.
A Un Certain Regard, on découvrira Beyond the mountains and hills, deuxième film du réalisateur israélien Eran Kolirin, coproduit par Entre Chien et Loup et soutenu par le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Fédération Wallonie Bruxelles. La société d’Auderghem conduite par Diana Elbaum est également impliquée dans Elle du réalisateur néerlandais Paul Verhoeven, à l’affiche duquel on retrouve les acteurs belges Virginie Efira et Jonas Bloquet (Elève Libre). Ce brûlot sera présenté en Compétition.
« Depuis sa création il y a 25 ans, Entre Chien et Loup aura (co-)produit une dizaine de films présentés dans une sélection cannoise parmi lesquels: Xenia de Panos H.Koutras en 2014, Le Congrès de Ari Folman en 2013 (Quinzaine des Réalisateurs), Un homme qui crie de Mahamat-Saleh Haroun en 2010 (Compétition), Altiplano de Peter Brosens et Jessica Woodworth en 2009 (Semaine de la Critique), Ne te retourne pas de Marina de Van en 2009 (Sélection officielle), La raison du plus faible de Lucas Belvaux en 2006 (Compétition), Mille mois de Faouzi Bensaïdi en 2003 (Un certain regard) ou encore Depuis qu’Otar est parti de Julie Bertuccelli en 2003 (Semaine de la Critique) », souligne Wallonie Bruxelles Images.
Toujours à Un certain Regard, on découvrira le très intrigant film d’animation The red turtle du néerlandais Michael Dudok De Wit, coproduit par Belvision avec le soutien de Wallimage. Notons qu’il s’agit de la toute première production étrangère coproduite par le Studio Ghibli de Hayao Miyazaki. De quoi attirer l’attention de tous les aficionados de l’animation…
Le film n’a pas juste été cofinancé chez nous : une partie du travail, sous la supervision du réalisateur lui-même, a été effectuée dans les studio de Dreamwall à Charleroi.
Deux films coproduits par Scope seront également en Sélection Officielle, en lice pour remporter la Palme d’Or : Ma Loute (photo) et Personal Shoper.
Ma Loute est un long métrage réalisé par Bruno Dumont, deux fois lauréat du grand prix du jury du Festival de Cannes, relate une histoire policière sombre et drôle menée par Fabrice Luchini dans le Nord de la France du début du XXe siècle. À ses côtés nous retrouvons Juliette Binoche et Valéria Bruni-Tedeschi.
Personal Shopper, dernier film réalisé par Olivier Assayas, tourne autour d’une histoire de spiritisme qui se déroule dans le monde de la mode à Paris avec pour héroïne Kristen Stewart.
Depuis la création de SCOPE Pictures, 14 de ses coproductions ont été sélectionnées au Festival de Cannes. Deux d’entre elles ont remporté la prestigieuse Palme d’Or : l’Enfant des Frères Dardenne et La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche. Une autre a décroché un prix collectif d’interprétation : Indigènes de Rachid Bouchareb.
Rappelons par ailleurs que la Belgique francophone sera également présente, toujours en Sélection officielle, à la Cinéfondation.
Poubelle, le film de fin d’études du jeune réalisateur liégeois Alexandre Gilmet est produit par l’Atelier de Réalisation de l’INSAS avec le soutien de la Fédération Wallonie Bruxelles et de la Sabam. Ce film a été choisi parmi 2.300 courts métrages venus du monde entier et concourra pour l’un des trois prix rendus dans cette catégorie. Le film raconte l’histoire de Georges (Renaud Rutten), un éboueur très en colère qui fonce vers la porte d’entrée d’une immense villa. « L’enculé de bourgeois » (Laurent Van Wetter) y habitant vient de blesser son collègue avec des poubelles remplies de déchets tranchants. Or, la porte s’ouvre et l’enculé en question est un handicapé en chaise roulante…
Le réalisateur belgo-colombien Nicolas Rincon Gille participera pour sa part à L’Atelier de la Cinéfondation avec son projet Tantas Almas (La vallée des âmes) – coproduction entre la Belgique, la Colombie et la France.
L’Atelier sélectionne chaque année à travers le monde une quinzaine de projets de longs métrages et invite leurs réalisateurs au Festival de Cannes pour les mettre en contact avec des professionnels pour les aider à compléter le financement de leur projet.
La Cinéfondation a été créée en 1998 par Gilles Jacob, sous l’égide du Festival de Cannes, pour la recherche de nouveaux talents. Ses activités s’organisent autour de la Sélection, de la Résidence et de l’Atelier.
La semaine prochaine, on connaîtra la liste des films sélectionnés à la Quinzaine des réalisateurs, à la Semaine la critique et dans la section Acid. Une dizaine de films seront encore ajoutés à la sélection officielle d’ici le début de la manifestation.