Manu Bonmariage est un homme de la terre, né d’une mère paysanne et d’un père garde forestier. Il travaille d’abord comme cadreur dans le cinéma, puis comme caméraman reporter à la RTBF, où il devient rapidement réalisateur. C’est ainsi que débute son odyssée documentaire.
Pour de nombreux téléspectateurs, il est connu pour avoir été une des chevilles ouvrières de l’émission Strip-Tease qu’il a créée avec quelques collègues et pour laquelle il réalise près de 50 films. Il œuvre également pour l’émission Planète des Hommes, qui l’amène aux quatre coins du monde, et démultiplie ses horizons.
« Je fonctionne avec ce que j’appelle le cinéma direct qui n’est pas documentaire », explique Manu Bonmariage. « Un jour, j’étais dans un festival où ils avaient défini sur un t-shirt que l’on portait : “le documentaire est un regard subjectif sur l’autre”. Tu es cinéaste et tu as un regard subjectif sur l’autre ! Jamais je n’aurais pu imaginer le docu de cette façon-là. Je l’imaginais autrement. Je sais bien que dans le cadre de Strip-tease, on épousait facilement le regard de celui qu’on filmait parce qu’on savait qu’il allait bousculer les choses. »
Vous ne vous reconnaissez pas dans cette définition du documentaire?
» Non du tout ! Par contre, je ne suis pas entièrement d’accord avec la démarche de Strip-tease. Mais je trouvais qu’elle était tout de même bousculante et intéressante. Je voulais justement ne pas faire tout le temps Strip-tease. Ceux qu’on filme, je veux que ça soit eux qui nous dominent et imposent leur regard. » (les propos entre guillemets ont été recueillis par Séverine Konder et Aurélie Ghalim )
Manu Bonmariage a toujours filmé au plus près des hommes, de leur quotidien, de leurs petites et de leurs grandes batailles. Parallèlement à sa carrière à la télévision, il réalise des films documentaires comme Du beurre dans les tartines (1980), qui suit le processus de restructuration d’une entreprise d’outils mécaniques wallonne ; l’incroyable et cultissime Allo Police (1987 – photo), portrait à hauteur d’hommes du travail social mené par la police de Charleroi ; Les Amants d’Assise (1992), qui accompagne les états d’âmes de deux amants réunis par le crime ; The Will of God (1993), sur une communauté Boers dans l’Afrique du Sud postapartheid ; Baria et le grand mariage (2001), qui conte le mariage forcée d’une adolescente marseillaise d’origine comorienne ; l’émouvant Ainsi-soit-il (2008) sur la vie pastorale du Père Jean, qui finit par épouser son assistante de cure ; ou plus récemment, La Terre amoureuse, lettre d’amour au derniers paysans des Ardennes profondes (la Cinematek proposera d’ailleurs une rétrospective consacrée aux films du réalisateur : programme ICI).
C’est justement en présentant ce film que Manu Bonmariage revoit Philippe, un cousin éloigné, qui lui parle alors de sa maladie, et lui demande de venir accompagner, avec sa caméra, son chemin vers la mort.
Cela donne un nouveau long métrage, qui sort mercredi en salle.
Vivre sa mort raconte le combat de deux hommes Philippe Rondeux et Manu de Coster pour une mort digne malgré les affres de la maladie.
Ce qui les effraie, ce n’est pas la mort, c’est mourir.
Comment, où, avec qui, dans quelles conditions ? Comment s’en aller «en paix » ?
Manu de Coster a fait le choix de l’euthanasie. Accompagné par ses proches, le corps médical, et même le prêtre Gabriel Ringlet, compagnon spirituel de ce dernier voyage, on le suit, auprès de sa femme, puis de sa famille jusque dans ses derniers instants, derniers questionnements inclus.
Philippe Rondeux lui est aux prises avec sa croyance et son Dieu. Alors que la maladie progresse inexorablement, l’idée de l’euthanasie lui semble de moins en moins hérétique.
Mais malgré le soutien de ses enfants, le poids de la tradition et le manque d’adhésion du corps médical à son projet l’entraînent presque malgré lui vers une fin de vie qui n’est pas celle qu’il aurait voulu choisir.
« Ça a été le film le plus dur que j’ai pu réaliser », admet le réalisateur. « La terre amoureuse m’avait beaucoup ému aussi, car je voulais retourner dans mon village d’enfance et voir ce qu’étaient devenus ceux qui sentaient la bouse de vache. C’est sur cette émotion-là que Philippe est venu vers moi pour faire ce film. J’ai senti qu’il ouvrait une porte que je n’aurais pas prise autrement. Je sentais que ça devait être un film où l’émotion devait surgir de façon spontanée et pas avec de longues interviews. J’espère qu’à aucun moment le voyeurisme ne rentre en jeu dans ce film. C’était ma principale crainte et c’est ce que je voulais éviter à tout prix. Je me laissais faire. »
Sortie officielle – Le 4 mars
Bruxelles : Cinéma Galeries
Liège : Cinéma Churchill
Première le 4 mars au Cinéma Le Parc à 20 heures.
Tournée en présence du réalisateur
- Le 5 mars 20 h – Cinéma L’écran à Ath
- Le 12 mars 20 h – Cinéma Plaza à Hotton
- Le 13 mars 20 h – Cameo à Namur
- Le 27 mars 20 h – Ciné Versailles à Stavelot
- Le 30 mars 20 h – Cinéma Plaza Art à Mons