La vie d’une autre
Juliette sans Roméo

Marie se réveille un matin dans la vie d’une autre… ou plutôt dans sa propre vie, mais 15 ans plus tard. Seul souci: elle a zappé cette période et découvre une réalité qu’elle ne reconnaît pas, mais dont elle doit s’accommoder en temps réel sous peine de se faire interner.

Dans cette vie (sa vie, donc), elle est mariée depuis neuf ans avec Paul et leur existence commune semble sur le point de s’achever. Elle a un enfant… et elle ne sait vraiment pas ce qu’elle est censée faire, dire, où elle doit aller. Les quiproquos se multiplient, auxquels Marie répond avec la spontanéité de son ancienne personnalité. Si son fils est ravi (sa mère ne semblait pas d’occuper de lui), Paul est décontenancé et tout son environnement est très sceptique.

 

 

S’inspirant d’un roman de Frédérique Deghelt, Sylvie Testud, qui signe ici son premier long métrage, a largement réinventé l’intrigue et les personnages. Sur ce canevas digne d’un épisode de Code Quantum et qui n’est pas sans évoquer la série Samantha Who, elle double la quête de vérité de l’héroïne d’une course contre la montre pour sauver un couple auquel son ancien moi voulait mettre fin.

 

Les situations sont assez classiques, souvent drôles, mais surtout servies par deux acteurs parfaitement dirigés par une consoeur qui sait évidemment comment faire passer son message

En cela, le personnage de Marie est attrayant et Juliette Binoche en joue avec délectation: tête en l’air et gouailleuse, fofolle et affolée, elle tourbillonne, improvise, fonce à perdre d’haleine parfois à mauvais escient. Elle virevolte et tente de rattraper le temps perdu, ces années gâchées par l’autre elle-même.

 

 

« L’enjeu du film est le combat d’une femme : un combat sur 4 jours pour récupérer l’homme dont elle est amoureuse. », explique Sylvie Testud. « Le rythme du film est celui d’une course contre la montre. Le premier jour est presque un conte de fées : tout est découverte et émerveillement. Le deuxième jour, Marie prend conscience que le tableau n’est en fait pas si rose. Le troisième jour, elle décide d’inverser la vapeur. Le quatrième jour, tout s’accélère, elle ne dispose plus que d’une journée pour récupérer son amour. »

 

« Le choix de Juliette Binoche et Mathieu Kassovitz s’est immédiatement imposé », continue-t-elle. « Ils sont à la fois d’une grande maturité et parfois même d’une grande dureté, tout en gardant une certaine innocence. Tous deux incarnent à merveille ce mélange d’émotion et de violence que je veux mettre en scène. »

 

En France, La vie d’une autre est sorti depuis une semaine. L’accueil de la presse est assez contrasté. Mais si quelques critiques reprochent au film de Sylvie Testud un classicisme (assumé), d’autres plumes la soutiennent vigoureusement.

 

« La vie d’une autre est avant tout un beau récit métaphorique où l’important n’est pas de comprendre comment Marie a pu oublier quinze années de sa vie, mais comment va-t-elle reprendre le chemin de son existence. », lit-on sur le site Excessif. « Et cette histoire de trouver un écho en chacun de nous : si l’on pouvait revenir en arrière, ferions-nous les choses différemment ? Accorderions-nous plus de place à nos proches ? Bref, les questions du droit à la seconde chance ou du sens que l’on donne à sa vie sont ici abordés avec finesse et dans toute leur complexité. Une raison supplémentaire pour ne pas manquer ce joli premier film. »

 

« On connaissait l’actrice de grand talent, la romancière souvent inspirée, on découvre aujourd’hui la cinéaste… », s’enflamme Le Point. « Dans La vie d’une autre, Sylvie Testud s’inspire du livre de Frédérique Deghelt et signe un film qui lui ressemble : fantaisiste, riche en bifurcations inattendues, secrètement mélancolique. »

 

 

La Vie d’une autre est de toute évidence un film essentiellement français, mais la Belgique, on le sait, est devenue une terre d’accueil privilégiée pour les producteurs hexagonaux. Saga Film a donc réussi à glisser dans ce long métrage une authentique touche belge confirmée par les investissements de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Région wallonne.  On y croise par exemple quelques actrices de chez nous comme Astrid Whettnal, Stéphane Auberghen, Sylvie Landuyt, Francine Laffineuse ou Daniela Bisconti. Mais ce n’est pas tout : une partie de l’équipe technique était belge et  une partie du tournage s’est effectué en Belgique. Ainsi, la maison d’édition qu’on voit dans le film se trouve avenue de l’armée à Etterbeek. Cerise sur le gâteau, des pans entiers de la post-production ont été réalisés en Wallonie, notamment chez Dame Blanche à Genval.

 

 

La vie d’une autre a été présenté en avant-première à Bruxelles jeudi dernier. La grande salle de l’UGC Toison d’or était pleine à craquer pour accueillir une Sylvie Testud alerte et espiègle,  un peu nerveuse aussi. En France, le film était sorti la veille. Avec quelques séances dès le 14, février, Saint-Valentin oblige.
Pour ces cinq premiers jours d’exploitation hexagonale, en prélude des vacances de carnaval, La vie d’une autre a conquis 142.596 spectateurs, soit une excellente moyenne de 735 spectateurs par copie. Un démarrage conforme à l’attente qui devrait être conforté par un bon bouche-à-oreille.

 

 » C’est une histoire qui parle de sentiments. Positifs ou négatifs. De personnes toutes attaquables, toutes défendables. Je veux que ce soit une histoire… simple. », écrivait Sylvie Testud dans sa note d’intentions. Mission accomplie!

 

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