Avec Une bosse dans le coeur, Noé Reutenauer dresse le portrait d’un jeune homme en quête d’amour, empêché par son handicap.
Kirill cherche l’amour. Encore, et toujours. C’est même une obsession pour lui, qui se traduit un peu partout autour de lui, dans les innombrables photos de femmes punaisées dans sa chambre, dans ses dessins où il se rêve prince charmant, dans les histoires qu’il se raconte, où il vit un couple heureux avec une certaine Ornella.
Kirill a 33 ans, il cherche encore l’amour, ne désespère jamais, mais se demande pourquoi il lui échappe, pourquoi cette bosse dans le coeur l’empêche d’exaucer son voeu le plus cher.
Kirill cherche l’amour mais ne le trouve pas. Kirill est porteur de trisomie 21. Dans le monde idéal où il s’imagine tour à tour chevalier ou rappeur, l’amour est un droit autant qu’une fin en soi. Dans le monde réel, ses relations avec les différentes femmes de son entourage lui rappellent sans cesse sa différence. Privé d’expérience, c’est dans les clips de rap qu’il fait son éducation sentimentale. Son père tente de l’accompagner, conscient de sa souffrance, mais aussi de la difficile position à adopter pour respecter son intimité.
Le handicap de Kirill l’isole. Même au sein du groupe, il est souvent seul, en tous cas quand il s’agit d’imaginer des scénarios de séduction, propices à la rencontre amoureuse. Au détour d’une scène où Kirill se joint au choeur de copines qui déclament du Céline Dion, on ressent plus que jamais sa solitude, et sa difficulté à communiquer certaines émotions, dès que les choses pourraient prendre une tournure sentimentale. Et surtout, le non-regard que portent sur lui les filles.
Malgré l’adversité, Kirill continue d’y croire, et avec son parcours se pose la question de l’accompagnement des personnes porteuses de handicap dans les domaines de l’amour et de la sexualité.