Un premier Ensor pour l’Envahisseur

Jusqu’en 2011, les « Magritte flamands » s’appelaient Vlaamse Filmprijzen. Ils ont tout récemment été rebaptisés Ensors. Un nom qui sonne particulièrement bien, et qui évoque Ostende, la ville du peintre. Ce qui est une aubaine puisque c’est précisément à l’occasion du festival de cinéma organisé dans la perle du littoral que seront, chaque année, remises ces récompenses.

 

La plupart des distinctions sont décernées le dernier jour du festival, ce samedi soir donc, à l’occasion d’une de ces soirées conviviales dont la Flandre garde jalousement le secret. Mais comme nos voisins ne font jamais rien comme les autres (une qualité!), quelques trophées ont déjà été remis hier à l’occasion d’une soirée d’échauffement qui a vu récompenser le meilleur documentaire, les meilleurs courts métrages et remettre une statuette qui n’est pas attribuée par un jury (on en reparle ce soir), mais par « l’industrie du cinéma ». Une cinquième récompense baptisée « life achievement » a également été attribuée à un artiste pour l’ensemble de son œuvre.

 

Hier soir au café du festival, c’est Robbe de Heer qui l’a reçue des mains de son ancien assistant, le metteur en scène Frank Van Passel (Le Cochon de Madonna). Robbe, né en septembre 42 en Angleterre, a  débuté dans le cinéma dans les années 70 avec quelques films engagés avant de devenir un réalisateur très populaire au nord du pays. Van Passel a souligné que son mentor faisait partie d’une génération qui dût se débrouiller avec les moyens du bord, une génération qui, par ses efforts, a contribué à faire mettre en place un système de soutien à l’industrie cinématographique… sans en bénéficier lui-même. Et d’ajouter qu’il aurait peut-être mérité, au-delà de sa récompense, un joli chèque pour lui permettre de passer ses vieux jours sans tracas.

(La photo des deux hommes est signée par Pieter Clicteur)

 

Le premier Ensor du court métrage de fiction live est revenu à Rotkop des frères Jan et Rod Rossens (l’an prochain il sera attribué à Dood van een schaduw, aucun doute là-dessus, notez notre prophétie) tandis que Natasha de Roman Flochov était désigné « meilleur court métrage d’animation ».

Ces deux lauréats ont été élus par un jury de professionnels : Dries Phlypo (producteur de ‘Adem’ et ‘Aanrijding in Moscou’), Kadir Balci (réalisateur der ‘Turquaze’), Sara de Roo (actrice), Geert Verbanck (‘Lessen in het donker’ et scénariste de ‘Tanghi Argentini’) et enfin Peter Craeymeersch (Président délégué du Filmfestival Oostende).

 

Epilogue de Manu Lanssens a, pour sa part, été nommé meilleur documentaire. Un prix attribué par un autre jury composé de Lotte Stoops (réalisatrice du documentaire ‘Grande Hotel’), Tinne Bral (de la maison de distributeur Imagine qui sort La Tête la Première chez nous), Rob Rombout (réalisateur de documentaire et professeur), Mark Daems (Producteur)  et Eugenie Jansens (réalisateur de documentaire néerlandais comme  ‘Calimucho’)

 

Le dernier Ensor de cette première soirée, l‘industry Award, est la conséquence d’un vote collégial des professionnels du cinéma, soit toute personne qui a collaboré ces cinq dernières années à l’industrie cinématographique flamande. Chacun a pu exprimer son opinion via Internet.

 

On attendait donc la désignation d’un film « mainstream », le couronnement d’un réalisateur « en place ». A la surprise générale (à la sienne surtout), c’est pourtant Nicolas Provost qui a été récompensé pour son premier long métrage The Invader (coproduction Versus).

Lui, qui se pensait comme un artiste franc-tireur, en marge du système, a été estomaqué (mais aussi ravi) de cette reconnaissance de la profession qui prouve une fois pour toutes que non seulement il a été adoubé par ses pairs, mais que ceux-ci le considèrent désormais comme un porte-drapeau.

(La photo de Nicolas avec  Peter Craeymeersch est signée par Pieter Clicteur)

Malgré ses huit nominations on croyait que L’Envahisseur aurait un peu de mal à tenir tête à Hasta La VistaTot Altijd ou Swooni. Voilà un prix qui remet totalement en cause nos impressions et qui nous fait dire que, plus que jamais, les Ensors 2012 seront le théâtre d’un affrontement fratricide particulièrement animé. Rendez-vous ce soir sur notre site pour en connaître le verdict.

 

(article rédigé avec l’aide de Kurt Vandemaele, rédacteur en chef de la version néerlandophone de Cinevox)

 

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