Cinevox est né le 11 mai 2011, premier jour d’un Festival de Cannes enthousiasmant qui allait voir Le Gamin au Vélo décrocher le Grand Prix. Une nouvelle récompense prestigieuse (la 6e) pour le 5e film consécutif des frères Dardenne présenté en compétition officielle sur la Croisette.
À ce moment, Cinevox était assuré d’exister pendant 6 mois, mais nous gardions dans un coin de la tête des ambitions plus larges. Nous les avions d’ailleurs exposées dans un édito qui garde encore tout son sens aujourd’hui (lire ici).
Car oui, le 14 mai 2014, trois Festivals plus tard, ce projet osé (ne parler que de cinéma belge?) et original (vous voulez montrer, en salles, des films dès leur tournage?) a trouvé sa place dans le paysage cinématographique belge et draine des dizaines de milliers de lecteurs tous les mois.
Pour mémoire, on a passé le cap du million de visites sur le site début 2014.
Dans les cinémas, c’est plus d’un million et demi de spectateurs qui découvre… chaque mois notre spot de 2 minutes. En Wallonie, à Bruxelles ou en Flandre. Qui dit mieux ? Personne? OK…
On nous demande parfois si on peut mesurer les effets de Cinevox en termes de fréquentation des films.
La réponse est… non 😉
Mais un fait incontestable est que la notoriété de nos acteurs et réalisateurs a largement augmenté. Les personnes impliquées dans les capsules diffusées en salles nous racontent régulièrement les retours qu’elles provoquent. C’est d’autant plus évident/amusant/déconcertant pour un(e) cinéaste que le grand public découvre grâce à Cinevox et qui se fait interpeller ensuite dans la rue ou en soirée.
Anecdotique? Pas du tout. Aucun cinéma national ne peut espérer devenir populaire sans s’appuyer sur la notoriété de ceux qui le fabriquent.
Avoir la cote chez soi, c’est un minimum. Ça l’est dans tous les pays du monde. Mais en Belgique (francophone), le concept est tout récent.
« Cinéma populaire signifie-t-il cinéma de qualité? », rétorquent continuellement quelques Ayatollah de l’underground critique.
Non, évidemment. Ça n’a rien à voir. Mais ce n’est pas antinomique non plus.
Les réalisateurs sont là pour faire de bons films et Cinevox s’est donné pour mission de tenter de les rendre plus populaires.
Chacun son boulot.
L’engouement qu’on constate actuellement autour de Deux Jours, une nuit, le nouveau film des frères Dardenne, est à cet égard très encourageant. Quelque chose est évidemment en train de changer ! Le public n’a pas encore vu ce film, n’a pas encore lu ce que les critiques en pensent (il y a embargo jusqu’au 20 mai; pour les médias belges, en tous cas), mais nos premiers articles qui évoquent le film et nos concours qui permettent de gagner des invitations pour le découvrir le 24 mai sont parmi les plus gros succès d’audience du site.
Deux raisons fondamentales à cela, à notre avis: la participation des frères au Festival de Cannes et la perspective pour eux de gagner une nouvelle Palme d’or enthousiasment aujourd’hui les cinéphiles ET les cinéphages belges qui ont cessé de faire la fine bouche. Et puis, il y a la présence de Marion Cotillard au générique qui est un levier précieux pour susciter l’intérêt du grand public.
Au point que la projection du film en tête d’affiche de la Nuit du Palmarès dont nous sommes partenaires est devenue un vrai sujet d’excitation. Tout le monde veut en être pour y découvrir le film après la remise des prix, car… sait-on jamais…
Hasard ou coïncidence, ce mois de mai qui nous voit fêter notre troisième anniversaire est un mois d’exception pour le cinéma belge.
Le 7 mai sont sortis deux films, fort différents certes, mais aussi réussis l’un que l’autre : Pas son genre et Puppy Love. À Cannes, à côté de Deux Jours, une nuit, le monde entier va découvrir Les corps étrangers, le court métrage très mature et maîtrisé, original et surprenant, d’une jeune réalisatrice, Laura Wandel; mais également Alleluia, un cauchemar sensoriel, une histoire d’amour, folle et meurtrière signée par Fabrice Du Welz.
Richesse, diversité, inventivité, légèreté, gravité: le cinéma belge excelle dans tous ces domaines. Simultanément. Pour un pays aussi petit que le nôtre, cette convergence printanière de talents est assez étonnante. Réjouissante. Exaltante.
Certains spectateurs trouveront leur bonheur avec la comédie « pas popcorn » de Lucas Belvaux, d’autres avec le drame adolescent de Delphine Lehericey, d’autres encore avec une de ces oeuvres cannoises. Les plus ouverts des cinéphiles risquent même de prendre leur pied avec ces cinq films qui composent un tableau singulièrement formidable de la production cinématographique belge.
Que Cinevox ait pu les présenter, tous les cinq, au tout grand public, dans ses capsules Grand Ecran est un autre sujet de satisfaction pour nous.
On peut aimer l’adage, « pour vivre heureux vivons cachés », mais il ne s’applique pas au cinéma.
Au bout du compte, le spectateur décidera de ce qu’il veut découvrir et de ce qui l’intéresse moins.
L’important est qu’il le fasse en connaissance de cause. Il n’y a pas de liberté sans choix. Il n’y a pas de choix sans information, la plus accessible et objective possible.
On en reparle dans trois ans?
Pour retracer le parcours de Cinevox, vous pouvez lire aussi :
Cinevox, pour l’amour du cinéma belge (mai 2011)
Cinevox, le chaînon manquant (octobre 2011)
Cinevox ( pour ceux qui ont raté le début) (juin 2012)
Cinevox DC, les coulisses du Kaos (juillet 2012)
3000 (septembre 2012)
Cinevox, un pont entre deux rives (juin 2013)
Cinevox, mode d’emploi 2.0 (juin 2013)
Le million, le million (février 2014)