L’Oscar du meilleur film en langue étrangère (Academy Award for Best Foreign Language Film), est décerné à la suite d’un vote, depuis 1957, par l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences.
Comme son intitulé le laisse supposer, c’est la langue qui est ici prise en compte. Un long métrage non américain, mais tourné en anglais (51%) ne peut être retenu dans cette catégorie. Au contraire, un film américain proposé dans une autre langue que l’anglais peut être inclus dans cette section. On peut bien sûr penser que, l’espagnol risquant de se généraliser aux États-Unis, la condition sera modifiée à l’avenir, mais ce n’est pas encore le cas pour l’instant.
Contrairement aux autres catégories des Oscars, une œuvre ne doit pas avoir été distribuée aux États-Unis pour concourir ici. La seule obligation est qu’elle ait été proposée dans le pays qui la soumet. Cela dit, si elle est retenue dans la short list, et plus encore parmi les cinq prétendantes au titre, il est de bon ton qu’elle sorte au moins de façon limitée pour provoquer un peu de ramdam, susciter des articles, attirer l’attention des votants.
LA VICTOIRE POUR UN PAYS
Autre spécificité peu connue : l’Oscar du meilleur film en langue étrangère est officiellement attribué à un pays et non à une personne, même si c’est généralement le réalisateur qui monte sur la scène pour recevoir la statuette lors de la cérémonie. Si The Broken Circle Breakdown l’emporte dimanche, ce sera donc la Belgique tout entière qui sera honorée. Et la Brabançonne de résonner sans nos cœurs cinéphiles.
C’est en effet un comité de sélection national qui choisit un film parmi ceux récemment produits sur ses terres et le soumet à l’Académie des Oscars dans l’espoir de participer à la compétition.
En Belgique, ce comité est composé de dix membres triés sur le volet. Il n’y a pas de règle établie, mais on a pu remarquer que les sages désignent presque toujours, alternativement, un film francophone et un film flamand.
L’an dernier A Perdre la raison de Joachim Lafosse avait supplanté Tot Altijd de Nic Balthazar, pourtant « plus américain dans l’âme » et l’année précédente Rundskop avait fait la nique au Gamin au Vélo et aux Géants.
Dans les deux cas, les choix ont provoqué quelques remous dans le camp des battus, mais il faut préciser que selon les informations qui nous sont parvenues, il arrive très souvent que les représentants d’une communauté votent pour l’autre votent pour l’autre sans œillère ni a priori..
L’histoire la plus connue est certainement celui d’Iedereen beroemd, soutenu à bout de bras par les Wallons et les Bruxellois, alors que les Flamands lui préféraient un long métrage francophone. La décision fut excellente puisque le bouleversant film de Dominique Derudere se hissa au cœur du quintet final.
Cette année, 76 titres venus de tous les coins du monde ont été proposés à l’Académie des Oscars qui a passé cette sélection au crible pour la réduire à une short list de neuf titres. Ces longs métrages ont alors été visionnés et analysés par un comité de 30 experts de haut niveau qui a la tâche d’en éliminer quatre afin de livrer le nom des cinq films nommés dès la mi-janvier.
UN PEU D’HISTOIRE
Aucun Oscar spécifique n’existait pour les films étrangers ou en langue étrangère jusqu’à la cérémonie de 1947. De 1948 à 1956, des Oscars d’honneur ont été attribués à des films étrangers avant que ne soit créé un Oscar spécifique, compétitif, à partir de la cérémonie de 1957.
Seuls cinq réalisateurs ont réussi la performance d’obtenir l’Oscar du meilleur film en langue étrangère à plusieurs reprises. Les recordmen absolus sont les Italiens Vittorio De Sica (1948, 1950, 1965, 1972) et Federico Fellini (1957, 1958, 1964, 1975). Suivent, le Suédois Ingmar Bergman, récompensé trois fois en 1961, 1962, 1984, le Français René Clément (1951,1953) et le Japonais Akira Kurosawa (1952, 1976).
Jusqu’ici, aucun Belge n’a jamais décroché cet Oscar. Avant The Broken Circle Breakdown, six œuvres produites et réalisées chez nous se sont hissées dans le quintet final : Paix sur les Champs de Jacques Boigelot (1970), Le Maître de Musique de Gérard Corbiau (1988 – photo), Daens de Stijn Coninx (92, avec un Matthias Schoenaerts, débutant), Farinelli de Gérard Corbiau encore en 1994, Iedereen Beroemd de Dominique Deruddere en 2000 et naturellement Rundskop de Michaël R. Roskam en 2012
Pour être tout à fait complet, signalons qu’un réalisateur qui a effectué toutes ses études cinématographiques en Belgique et dont le film fut coproduit chez nous a décroché ce fameux Oscar du meilleur film en langue étrangère. Il s’agit de Danis Tanovic (ci-dessus) qui, en 2002, présenta No Man’s Land sous bannière bosniaque.