Torpedo
Eddy Merckx au coeur de l’Embrouille

Michel, un brave type un peu paumé, est persuadé d’avoir gagné un dîner avec Eddy Merckx. Il y voit une occasion en or de se rabibocher avec son père, grand fan du cannibale. Mais le repas n’est qu’un leurre, un appât pour attirer le chaland en famille chez un fameux magasin de meubles et le pousser à acquérir un canapé. Énorme souci : Michel vit seul, n’a pas beaucoup d’argent et, surtout, aucune envie d’acheter un salon. Mais comme il veut absolument remporter le gros lot, il s’embarque dans une folle expédition avec un jeune voisin qui jouera son fils et que tout le monde recherche à présent, son ex pourtant habituée à ses extravagances… et un vendeur qu’il séquestre dans le Mobil home qui lui sert de véhicule.

 

À partir de ce canevas, toutes les tonalités, tous les délires sont possibles. Matthieu Donck, dont Torpedo est le premier long métrage, a choisi une atmosphère qui n’est pas si éloignée de celles déployées par son ancien professeur à l’IAD, Benoit Mariage. Alors qu’on attend avec impatience le nouveau long du brillant Namurois, ce Torpedo est d’ores et déjà un évènement. Le film est d’ailleurs produit par K2, la société de Dominique Janne qui n’avait plus beaucoup travaillé dans le cinéma belge depuis… les longs métrages de Benoit. Selon notre expression désormais favorite: tout est dans tout… et inversement.

 

Drôle donc, émouvant aussi, souvent incongru le scénario surprend. Le réalisateur avance de très justes références: Juno, Little Miss Sunshine, un humour caustique à la Fargo… Soit la volonté de recréer un cinéma indépendant décalé. Et si le film respire la belgitude… (ce qui n’est pas un mal) avec une incursion stratégique en France (stratégique et nécessaire pour la notion de road movie),  son canevas rappelle effectivement Little Miss Sunshine: personnages à la marge, mais pétris de bonnes intentions, maladroits et naïfs, provoquant des catastrophes en série.

 

Une fois l’histoire couchée sur le papier, il fallait l’incarner par un casting à la hauteur : François Damiens qui interprète le rôle principal ne s’est pas contenté de signer et de venir sur le plateau. Il a longuement travaillé avec Matthieu à la réécriture du scénario lui donnant plus de consistance, de pêche, et surtout, l’adaptant à sa personnalité. Cette promiscuité créative a eu l’avantage non négligeable de créer entre les deux hommes un véritable esprit de corps qui s’est ensuite répercuté sur le tournage.

 

Aux côtés du roi de l’embrouille, on retrouve notamment Audrey Dana qui a remplacé Karine Viard initialement pressentie.

 

Le premier long métrage du fort sympathique Matthieu Donck débarquera sur les écrans belges en 2012, probablement autour du mois de mai, mais sera surtout visible pour la toute première fois ce soir dans le cadre d’un Be Film Festival qui débute donc sur des chapeaux de roue. Et parce que ce projet nous allèche depuis longtemps, Torpedo sera aussi la vedette de notre premier grand écran 2012, projeté dans toutes les salles de cinéma numérique à partir du 11 janvier.

De quoi entamer l’année sur des des chapeaux de roues !

 

 

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