La première diffusion de la série belgo-britannique The Missing débute ce soir sur la RTBF. Sur la BBC, la série a été un grand succès, suivie par plus de 5 millions de spectateurs.
The Missing s’articule sur deux époques autour de la disparition mystérieuse du petit Oliver lors de vacances en France. Ses parents remuent ciel et terre pour le retrouver, mais le couple doit finalement rentrer seul en Angleterre.
Tony, le père, campé par James Nesbitt (The Hobbit Trilogy, Jekyll, Cold Feet), s’entête à chercher des pistes. Son mariage avec Emily, interprétée par Frances O’Connor (Mr. Selfridge, A.I. Artificial Intelligence) n’y résiste pas.
Plusieurs années après la disparition de son fils, Tony finit par trouver un nouvel élément qui relance l’enquête. Julien, que joue Tcheky Karyo, décide de l’épauler. Ce détective français, qui était affecté à l’affaire dès le début, espère encore – et tout autant que Tony – retrouver Oliver.
Série à suspense, The Missing est une montagne russe émotionnelle qui parle d’obsession, d’espoir et de la faculté de lâcher prise, mais surtout de l’impact de l’enlèvement d’un enfant sur une famille, une communauté.
Comme les Scandinaves, les Anglais ont un vrai savoir-faire en matière de séries haletantes: tous ceux qui ont vu Luther, Sherlock Holmes, Life on mars, Black Mirror, Whitechapel ou The Fall ne nous démentiront pas.
Mais c’est dans la lignée du récent et formidable Broadchurch, que s’inscrit The Missing. Construction hypnotique, paranoïa ambiante, interconnexions cachées, tout concourt dès le premier épisode à nous pousser vers le second. Et ainsi de suite.
La ville où se déroule l’essentiel du drame est censée être française, mais dans les faits, The Missing a été largement filmé à Huy et dans ses environs. Avec les petits aménagements d’usage. La magnifique gare, par exemple, est celle de Binche, souvent employée dans le cinéma. On l’a notamment aperçue dans Une Promesse ou dans le Silence des églises.
A tournage belge, coproduction belge… et interprétation belge. Une foule de comédiens d’ici ont eu la chance de participer à cette aventure (la liste complète est ici). Parmi eux, Émilie Dequenne qui hérite du rôle d’une policière pleine d’empathie qui va tenter d’aider les parents du petit garçon disparu dans ces moments très pénibles.
C’est sur la place de Huy, dans le café qu’on aperçoit à de nombreuses reprises dès le premier épisode que nous avons discuté avec la charismatique actrice, souriante et disponible, ravie d’être embarquée dans cette aventure. Une interview conduite en duo avec notre confrère et ami David Hainaut. Les réponses d’Émilie ici reconstituées en monologue sont consécutives aux questions de l’un et l’autre. »
Je suis arrivée tout simplement sur la série grâce à un directeur de casting belge qui s’appelle Patrick Hella. J’ai été très surprise quand j’ai reçu son mail. C’était en octobre 2013. Il m’a d’abord envoyé le premier épisode. Je l’ai lu d’une traite et je n’avais plus que deux envies : qu’on me confirme que je faisais la série… et pouvoir lire tout jusqu’au bout parce que j’étais déjà dans l’expectative de ce qui allait se passer ensuite. C’était haletant.
The Missing est un thriller très sombre, mais narrativement passionnant: les personnages sont reliés par un tissu d’interconnexions qu’on ne perçoit pas toujours d’emblée. Le fait que la série soit divisée en deux périodes ajoute encore à la complexité narrative. J’ai dévoré le premier épisode en même temps que l’assistante de mon agent qui lit très bien l’anglais puisque tout était en V.O.à l’époque. Nous étions toutes les deux super excitées et nous nous échangions de mails: « alors, t’en es où? Qu’est-ce que tu penses? «
Nous étions déjà dans le processus de geeks, captivées par leur série.
C’est la toute première fois qu’on me contactait pour une série et ça m’a très vite intriguée. J’avais travaillé auparavant dans des unitaires pour la télé, mais j’avais très envie de plonger dans ce format. Que la série soit anglaise me plaisait d’autant plus. En Belgique, Czar coproduisait The Missing et comme le tournage avait lieu ici, ils voulaient mettre en avant des acteurs belges.
Moi j’aime tous les formats. Je considère avant tout que je suis comédienne. Donc, tout m’intéresse: le cinéma, la télé, les séries, le théâtre. À partir du moment où on me donne l’occasion de jouer, je me sens plus légitime dans n’importe lequel de ces formats que si on m’invitait à tourner une pub par exemple. Ça, ce n’est pas mon métier.
En termes de production le contraste majeur avec le cinéma est la durée du tournage. Être sur un unique projet de février à fin juin est une expérience très nouvelle pour moi. C’est assez long par rapport aux standards du cinéma. Cela dit, même si le format est exigeant puisqu’il s’agit de filmer huit épisodes d’une heure, on travaille à peu près de manière identique. Comme le tournage a lieu en Belgique, on retrouve par exemple pas mal de techniciens d’ici.
Je pensais que ce serait surtout surprenant en termes de rythme, que tout irait plus vite, mais les standards changent au cinéma et le temps consacré à chaque scène est finalement assez similaire.
Au bout du compte, la plus grande différence est que nous nous sommes inscrits ici dans un schéma anglais : ce n’est pas ce à quoi nous sommes habitués. En Belgique, on tourne déjà un peu plus longtemps qu’en France où la journée est limitée à 8, 9 heures maximum. Ici, c’est 11h de tournage, chaque jour. Avec la prépa et les transports, on se fait des journées de 15 ou 16 heures. Moi, je ne travaille donc qu’une trentaine de jours, mais l’équipe qui est là tous les jours, pendant toute la durée du tournage, doit être épuisée. Ils ont des journées de dingues.
Quand on pense « série », on se dit que souvent plusieurs metteurs en scène se succèdent, mais ce n’est pas le cas sur The Missing : un seul réalisateur dirige tous les épisodes ce qui est plus facile. On est confronté à un regard unique. La seule chose que je craignais était de me retrouver sur une entreprise gigantesque et de me sentir un peu perdue d’autant que mon rôle est plutôt secondaire. Mais il n’y a aucun problème de ce genre : le réalisateur est très attentif à tout et à tous.
La série s’articule autour de trois personnages qui mènent l’intrigue: le couple qui cherche son enfant et l’inspecteur joué par Tchéky Karyo. Moi, j’incarne une policière française. Elle est importante pour l’histoire certes, mais reste néanmoins à l’arrière-plan. Le personnage m’effrayait un peu, car émotionnellement il n’est pas très dense. Il doit forcément garder une certaine distance. Une certaine froideur.
J’ai tourné 35 jours. Autour, il y avait 65 jours off. Ça m’a permis de m’investir dans le rôle, car comme je suis arrivée assez tard sur le projet, je n’avais pas eu beaucoup de temps pour me préparer en amont. Heureusement, on a commencé par des scènes très fonctionnelles, plus simples, et plus proches de moi dans la mesure où on a débuté par la partie de l’histoire, qui se déroule en 2014. J’ai donc pu construire et enrichir progressivement mon personnage. Cela dit, le plus gros du travail a bien sûr été de perfectionner mon anglais, d’apprendre le texte en V.O. Mais ça va: je ne suis pas aussi bavarde que Tchecky dans la série.
Il y a tellement de rôles et la production a tant de boulot que j’ai moi-même réfléchi à mon apparence physique et à ma transformation. J’avais des petites idées et des références que je ne vous révélerai pas (elle rit). Avec la chef maquilleuse et la chef coiffeuse, on a ensuite cherché à imaginer comment on pouvait faire perdre environ huit ans à mon personnage. J’aurais aimé pousser cette transformation entre 2014 et 2006 un cran plus loin, mais le break de 10 jours que j’avais initialement pour me préparer est tombé à deux jours. J’ai dû parer au plus pressé. Je n’ai donc pas pu agir sur mon corps aussi profondément que je l’avais envisagé.
Il semble que la série va être très largement diffusée, qu’elle aura beaucoup de visibilité à travers le monde. Tant mieux. Mais en même temps je n’ai pas du tout pensé à cela au moment de m’engager. Je ne réfléchis jamais à cet aspect des choses quand j’accepte une proposition. C’est vraiment l’expérience en elle-même qui m’intéresse. Ou pas. Et ici j’étais très excitée.
Moi, je suis complètement fan des séries. J’en regarde à la pelle. Trop… D’ailleurs je suis en train de me dire qu’il faudrait que je me fasse un petit sevrage: je ne lis plus, je n’écoute plus de musique, je ne vois plus assez de films. Je suis happée par le format de la série. Je me jette sur tout. J’ai une conscience de spectatrice qui fait que parfois je sais que je découvre des choses qui sont juste sublimes et captivantes, mais ça ne m’empêche pas de manger aussi ce que j’appelle des séries un peu fast food, mes plaisirs coupables, des séries plus populaires.
La dernière série que j’ai aimée par-dessus tout était Breaking Bad, une sorte de chef d’œuvre. Cette série, pour moi, c’était grandiose. Et avant cela, c’était les Sopranos. J’ai mon top 2, là (elle rit).
The Sopranos
Il y a les séries que je regarde avec mon mari (NDLR. Émilie vient en fait de se marier, elle ne l’était pas au moment de l’interview, réalisée en mai à Huy), celles que je vois avec ma fille, celles que je regarde avec les garçons. Le plus grand a déjà dévoré les Sopranos deux ou trois fois. Ils sont tous super contents que je participe à The Missing. D’autant plus que c’est une série anglaise tournée en partie en anglais. Ma fille, elle est comme une dingue.
Produite par New Pictures et Company Pictures, en collaboration avec Two Brothers Pictures et Playground et les Belges de Czar TV (Eurydice Gysel et Koen Mortier à qui on doit le film Waste Land, par exemple, mais aussi la série The White Queen), ce thriller en huit épisodes sera bientôt programmé en Belgique, en France (TF1), aux États-Unis (sur Starz)… et sans doute dans de nombreux autres territoires.
Grâce aux producteurs et à Patrick Hella, c’est un formidable tremplin pour beaucoup de comédiens belges… et un succulent plaisir pour les téléspectateurs.