Tango Libre et… Au Nom du Fils en pôle position pour les Magritte

La 4e cérémonie des Magritte du cinéma belge se déroulera au Mont des Arts le 1er février 2014. Elle sera bien sûr retransmise en direct et en clair sur Be TV et promet d’être assez explosive si on en croit la liste des nominations qui vient tout juste d’être rendue publique.

Loin d’être consensuel, le résultat du premier tour de vote (secret, unique, individuel et informatisé, rappelons-le) qui s’est terminé le 31 décembre à minuit a mis plusieurs films en évidence et résolument tourné le dos à une série de longs métrages qu’on s’attendait à retrouver d’une façon ou d’un autre dans quelques quatuors finaux. Autre spécificité peu commune : les catégories « meilleur film » et « meilleur réalisateur » ne se superposent pas parfaitement et ce décalage a ici de quoi étonner.

Tout cela nécessite quelques explications :

[Photo d’ouverture : The Square version 100.000 volts, pour des Magritte qui promettent de la haute tension – photo PP/Cinevox]

 

 

Comme vous pourrez le voir ICI, le premier tour de scrutin qui nous réserve à la fois des surprises et des tendances assez nettes a été dominé par Tango Libre. Le quatrième long métrage de Frédéric Fonteyne est repris dans la section meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur (2X), meilleur scénario et dans une série de catégories techniques. Seule absente de marque, Anne Paulicevich n’est pas en course pour le titre de meilleure actrice … mais elle est en lice pour celui de meilleur espoir et de meilleur scénariste, un très joli doublé très inhabituel.

 

 

Avant même les votes, on considérait généralement que la comédie dramatique dansante et musicale produite par Artémis était le favori des Magritte 2014… et que son concurrent le plus dangereux serait Ernest et Célestine… ce que ne dément pas ce premier tour.

 

 

Bien sûr, le formidable dessin animé de Patar, Aubier (et Renner puisque le projet a été porté dès l’origine par un réalisateur français) n’obtient ici que trois nominations. Mais il ne pouvait pas faire mieux. Financièrement, il s’agit d’une coproduction minoritaire et seule l’équipe son en plus des réalisateurs était belge. Ernest et Célestine a donc réalisé un carton plein et reste plus que jamais un candidat très sérieux dans la course aux statuettes.

 

 

Si ces deux films étaient attendus, il n’en était pas forcément de même d’Au Nom du Fils. Produit et distribué à l’arrache avec un culot extraordinaire par Lionel Jado, la douloureuse crise de foi de Vincent Lannoo hérite de sept nominations. Vu son statut de « film indé » rebelle, encensé par ses fans, vilipendé par quelques rigoristes, à peine distribué en Belgique malgré une incroyable carrière dans les festivals étrangers, Au Nom du fils a de toute évidence frappé les imaginations.

 

 

Outre le film lui-même et Vincent Lannoo, aujourd’hui reconnu comme un cinéaste parmi les plus passionnants du Royaume, Astrid Whettnall  s’est frayée un chemin au sein du quatuor d’actrices en course pour le Magritte de la meilleure prestation de l’année. Une performance d’autant plus excitante (mais 100X méritée) que des comédiennes du calibre de Marie Gillain, Marie Krémer, Cécile de France ou Virginie Efira n’ont pas réussi à passer le cap du premier tour. Dans cette catégorie, la lutte qui s’engage entre Déborah François (Populaire), Pauline Étienne (La religieuse), Lubna Azabal (Goodbye Morocco) et Astrid Whettnall, vaudra la peine d’être vécue.

 

 

Dominique Baeyens et Achille Ridolfi ont également été retenus, respectivement en tant que meilleure comédienne dans un second rôle et meilleur espoir masculin.

 

Chez les acteurs, on va assister à une inhabituelle lutte nord/sud avec un axe commun, Tango libre. François Damiens et Jan Hammenecker se retrouvent en effet (à nouveau) face à face dans une lutte fratricide arbitrée par Benoit Poelvoorde retenu pour son éblouissante partition intimiste dans Une Place sur la Terre et Sam Louwyck qui est salué ici non pour Une Chanson pour ma mère mais pour La Cinquième Saison, nommé à quatre reprises. Une sacrée perf pour une « production minoritaire ».

 

 

L’expérience le montre très souvent dans de nombreuses compétitions du même genre : les films qui atteignent le second tour de scrutin et les réalisateurs nommés sont en général les mêmes. Ce n’est pas tout à fait le cas pour cette édition des Magritte. La dissociation est d’autant plus étrange que pour la première fois, l’Académie André Delvaux a décidé d’épingler cinq films au lieu de quatre.

Outre Tango Libre, Ernest et Célestine et Au Nom du Fils, les deux autres longs métrages de fiction épinglés sont Le Monde nous appartient et Kinshasa Kids, une demi-surprise avouons-le quand on voit la liste des films plus médiatisés restés dans les stands.

 

 

La bizarrerie vient donc de la comparaison entre cette section et celle des meilleurs réalisateurs. Alors que Vijay & I n’a pas été retenu dans la liste des meilleurs films, Sam Garbarski est retenu parmi les réalisateurs les plus talentueux de l’année aux côtés de Vincent Lannoo, Fred Fonteyne et le duo Patar et Aubier.

 

 

Cela signifie que Marc-Henri Wajnberg et Stefan Streker ont été écartés ce qui est a priori un peu étonnant vu que Le Monde nous appartient est un pur exercice de style qui porte le sceau de son auteur.  On imagine en tous cas la déception de Stefan qui se consolera avec la nomination de son copain Ozark Henri pour la bande originale du film.

 

(© Luk Monsaer)

 

Au rayon des autres absents de marque, on constatera non sans surprise que Hors les Murs de David Lambert et la Tendresse de Marion Hänsel ne sont pas repris une seule fois. Une chanson pour ma mère et Je suis Supporter du Standard, à peine cités, s’affronteront dans une catégorie « meilleur second rôle masculin » forte de cinq candidats pour cause d’ex-aequo; maigre consolation pour eux.

 

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