On a fait un saut sur le tournage de The Belgian Wave de Jérôme Vandewattyne, qui s’annonce aussi perché que déjanté.
Meise, 14 juin 2022. L’été s’annonce en douceur, les températures grimpent lentement mais surement. Le soleil surplombe le jardin botanique de Meise, où une petite équipe s’affaire pour préparer le tournage de la nuit à venir. Dans une élégante bâtisse aux allures de château en Espagne s’annoncent les coulisses d’un culte étrange, connecté… aux extraterrestres.
A quelques mètres de là, et par le plus grand des hasards (ou pas) fleurit tranquillement pour 72h seulement la plus grande fleur du monde, un Arum géant originaire de Sumatra. Une étrange concordance des temps qui met en condition pour s’intéresser à The Belgian Wave, enquête aux frontières du réel sur la Vague Belge d’observations d’OVNIS qui prit place entre la fin des années 80 et le début des années 90.
« Ce film, c’est un mix entre la réalité et la fiction, nous explique Jérôme Wandewattyne. Je me suis inspiré d’une enquête journalistique menée par Karen de Paduwa sur la disparition d’un journaliste belge, Marc Varenberg, en pleine vague belge. Karen, dont le père travaillait avec Marc Varenberg, s’est associée avec un ami à moi, le graphiste Elzo Durt, qui était quant à lui le filleul de Varenberg. C’est une reconstitution totalement extrapolée de cette enquête, rythmée par les rencontres avec une galerie de personnages un peu… loufoques. »
Le film mêlera images d’archives et nouvelles prises de vue, et mélangera « vrais » et « faux » protagonistes, puisque Karen De Paduwa reprend son propre rôle, tandis que Dominique Rongvaux endosse le costume de Marc Varenberg, et Karim Barras celui d’Elzo Durt.
Jérôme Vandewattyne se délecte de la liberté que lui offre le format de production légère (porté ici par Alon Knoll et Grégory Zalcman pour Take Five) qui encadre le film. Il imagine un divertissement tragi-comique qui ouvre de nombreuses portes, plein d’humour, de couleurs tranchées. Mais un divertissement sérieux aussi, qui interroge la notion de vérité. « Quelle est ma vérité, quelle est la vôtre? Quelle est celle des scientifiques, des témoins, des ufologues, des sociologues? se demande-t-il. C’est ça que je veux explorer, et ce sera au spectateur de décider de sa propre vérité. »
Il faut dire que la vérité made in Belgium face à ces observations d’OVNIS a pu faire sourire, voire rire en son temps. « Ce qui est dingue, s’enthousiasme Jérôme Vandewattyne, c’est que le gouvernement belge est le seul à n’avoir jamais nié l’existence des OVNIS, sans parler évidemment de thèses extra-terrestres. Ca a fait l’objet de pas mal de moqueries, je me souviens de reportages télé, d’un épisode de Strip-Tease. Le film démarre alors qu’en plein confinement, le Pentagone déclassifie des documents et des vidéos qui attestent de l’existence d’OVNIS aux Etats-Unis. Ca change la donne, évidemment. »
On sent un vrai plaisir à jouer de références pop au sens populaire du terme chez le cinéaste. Issu de la scène musicale alternative belge, il semblait presque naturel qu’il s’empare de ces évènements d’actualité mués en faits de pop culture. Il y a une vraie jubilation à « partir dans pas mal de sens », comme il en plaisante, mais avec une vraie attention à montrer une Belgique peut-être un peu différente de celle que l’on a l’habitude de voir au cinéma ou à la télévision, dans des décors inattendus, « de vrais personnages », et l’idée aussi que l’on peut s’éduquer en s’amusant, « apprendre des choses avec panache », dans un esprit « complètement psychédélique et rock’n’roll ».
Autant dire qu’on a hâte de découvrir le film l’année prochaine!