Smoorverliefd
L’amour fou, l’amour dingue

Le Be Film festival est l’occasion de découvrir en avant-première quelques film attendus. C’est aussi le moment de clore un chapitre (une année) et de revoir une foule de longs métrages qu’on a peut-être laissé passer bien involontairement. Parce que les agendas sont parfois serrés ou la distribution rapide et régionalisée. En course pour les Magritte 2011, dans la catégorie « meilleure coproduction avec la Flandre », Smoorverliefd sera présenté au BFF le 21 décembre à 21h et nous avons 5X2 places à vous offrir. Une proposition à ne pas manquer, surtout si vous voulez beaucoup vous amuser !

 

Raconter Smoorverliefd est mission impossible, parce que ça fuse dans tous les sens et que l’intérêt du film réside surtout dans l’accumulation des surprises, les inventions visuelles délirantes ou dans des numéros d’acteurs fors normes. Mais puisque nous sommes téméraires et ne reculons devant rien pour vous amener dans les salles, essayons quand même de planter le décor.

 

 

Elles sont quatre, un peu folles, mais terriblement attachantes: Eva très jeune ado, Michelle sa grande sœur architecte toujours occupée à bosser, Judith leur mère actrice fofolle en quête du grand amour et leur tante Barbara, casée avec un beau mec.

Eva, la jeune ado est la narratrice, celle qui offre son regard (parfois incrédule) au spectateur. Elle est amoureuse du garçon idéal, d’ailleurs il fait math-science et s’appelle Louis, alors… La grande sœur très peu attirée par son copain qu’elle délaisse a un petit bountche pour le copain de la tante, mais ce couple semble solide qu’elle reste à distance. Si ce n’est que tantine n’a visiblement jamais connu le grand frisson et qu’elle ne parvient pas à tomber enceinte. Maman Judith qui a tendance à voler la vedette à tout le monde va enfin pouvoir stabiliser sa vie, car son amant-poète quitte sa femme pour venir s’installer chez elle. Ou pas… Et c’est alors (re)parti pour un tour.

Quatre nanas donc, pour illuminer l’écran, et quelques mecs aussi, pas piqués des hannetons: le poète indécis et le copain de Barbara, donc, mais également l’ex de Judith qui est toujours dans le secteur, le prof remplaçant qui pourrait devenir un amant, le réalisateur playboy attirant… Autant d’éléments qui dessinent des combinaisons potentiellement explosives que ne va pas manquer de tester Hilde Van Mieghem, réalisatrice inventive et mutine.

 

 

Sorti en Flandre le 8 décembre 2010, Smoorverliefd a connu une jolie petite carrière en salles, mais pas vraiment le succès attendu/escompté. C’est d’autant plus bizarre que cette rom-com frappadingue avait tous les atouts pour secouer le box office: un scénario épileptique et rocambolesque, des scènes cultes à la pelle et une distribution infernale alignant les stars flamandes comme des St Nicolas en chocolat à la vitrine des pâtisseries. Surtout chez les hommes d’ailleurs avec (par ordre d’entrée en scène) Jan Decleir (tous les films flamands depuis 20 ans) et les deux Koen, de Bouw (Loft, Inringer…) et De Graeve (Loft, La Merditude des Choses, Tot Altijd). Mais aussi, côté nana Wine Dierickx (Loft, le Cochon de Madonna), Marie Vinck (fille de la réalisatrice, vue notamment dans Loft, comme tout le monde) ou Veerle Dobbelaere (SM Rechter et une myriade de séries)…

 

 

Bref, la crème de la crème. Cette avalanche est rendue possible par l’incroyable nombre d’acteurs de premier plan que la Flandre a engendré ces dernières années en multipliant les productions populaires, au cinéma et à la télé. Autant dire que côté interprétation ça vole très haut, c’est pétillant, c’est vif, c’est enlevé. C’est irrésistible.

 

Loin des clichés traditionnels de la rom com US bâteau, Smoorverliefd se distingue par une originalité visuelle de tous les instants. Tout le long du film, il n’y a quasiment aucune scène qui ne frôle la folie furieuse. Les trouvailles sont légion et souvent très savoureuses : on se souviendra longtemps du ciel étoilé que Judith aperçoit de la terrasse, de la scène des boules de Noël; de celle du quai de la gare aussi. Quelle grande idée aussi d’avoir substitué à la Michelle majeure et vaccinée, une Michelle de 7 ans lorsqu’elle s’adresse à son père qui, décidément, n’arrive pas à la prendre au sérieux. Formidable!

 

Et lorsque ce n’est pas l’originalité visuelle qui est à l’honneur, le scénario se paie des scènes d’anthologie comme celle où tante Barbara raconte à sa sœur (et aux filles) son premier véritable orgasme. Un one-woman show délicieux encore beaucoup plus drôle que la fameuse scène de la simulation dans Quand Harry rencontre Sally. C’est dire. Wine Dierickx est ici proprement époustouflante.  Autre atout de ce sketche survitaminé : la réalisatrice l’a situé dans un musée ce qui apporte un impact visuel peu commun à une scène par ailleurs plutôt bavarde.

 

De petits bonheur en grands éclats de rire, Smoorverliefd explore tous les affres amoureux, les combinaisons et les plus improbables et ose l’émotion quand on ne l’attend pas. Car alors que toutes les rom-coms sont cousues de fil blanc, c’est d’ailleurs leur principe de base, celle-ci étonne, surprend, secoue. Au détour d’une phrase, on se prend une bonne remarque piquée du bon sens en pleine poire, puis on suffoque de rire devant un délire ben stilleresque : la scène d’anthologie où Barbara prend un appel de son mari alors qu’elle couche avec son amant est un autre petit bijou.

 

 

Peu vu jusqu’ici en Wallonie, Smoorverliefd vaut largement qu’on s’y attarde car ces pintes de bon sang frais pétillant qui vous font tourner la tête ne sont pas forcément légion dans notre cinéma. Alors, n’hésitez pas et filez dans notre rubrique concours : c’est Cinevox qui régale !

 

 

 

Check Also

« Aimer perdre », la tête et le reste

Trois ans après Fils de plouc, comédie revendiquée affreuse, sale et méchante, Lenny et Harpo …