Robert Mitchum est mort :
Heureusement,
Olivier Gourmet se porte très bien

Rien que le titre est un poème: Robert Mitchum est mort, vous imaginez ?

Bien sûr, nous étions déjà un peu au courant. N’empêche ! Une annonce aussi sèche sur les frontons des cinémas, ça peut jeter un froid… Et ça interpelle.

Et il n’y a pas que le titre qui soit étrange. Dès que les premières photos du film se sont échappées sur le net, on a tous senti que ce projet qui nous narguait était foncièrement différent; ambitieux et très personnel. La bande-annonce n’a fait qu’accentuer notre curiosité.

Filmé comme une vraie série B américaine vintage, Robert Mitchum est mort est en fait un long métrage européen, résultat d’une coproduction alambiquée entre la France, la Norvège, la Pologne… et la Belgique. Ici, c’est André Logie qui s’y est collé pour Panache Productions. La société porte bien son nom.

L’acteur principal, celui sur qui se focalisent tous les regards est d’ailleurs belge. Notre compatriote Olivier Gourmet prouve par R plus M qu’entre son rôle de ministre dans l’Exercice de l’État, Vénus Noire et Légitime défense, il peut absolument tout jouer… Mais qu’il est particulièrement excellent dans le décalage, cette petite marge juste à gauche de la norme qui appartient autant au cinéma belge qu’aux œuvres d’un réalisateur comme Aki Kaurismäki que les séquences d’humour pince-sans-rire évoquent assez souvent.

Conscients qu’il y a plus de folie dans deux têtes bien dérangées que dans une seule, Olivier Babinet et Fred Kihn, se sont associés pour inventer ce projet maboul: un road movie à l’américaine, mais à travers l’Europe, parsemé de tout ce qui fait le charme des séries B ricaines: un peu de rockabilly, beaucoup de poussières, de grands espaces déserts, des personnages louches, mais forcément attachants, étranges néanmoins. Des gueules ! Et une idée de base probablement imaginée après un délire un peu trop enfumé. Le bon vieil esprit Canal, sans doute, où les deux hommes ont sympathisé alors qu’ils travaillaient ensemble sur Le Bidule.

Sur la route poussiéreuse, on suit donc un duo : Franky, acteur raté, assez dépressif, et Arsène, son agent qui connut son heure de gloire comme guitariste dans un groupe de rock’n’roll en Alsace. Duo? Trio plutôt, car dans le coffre de la voiture se trouve un troisième larron, mystérieux puits de sagesse, lui aussi musicien à ses heures. Le décor est planté. Incongru, c’est le moins qu’on puisse écrire.

La destination de ces mercenaires du septième art? Le Grand Nord. Ou plutôt un festival de cinéma norvégien où les deux hommes espèrent rencontrer leur réalisateur fétiche, qui s’apprête à tourner, son grand film américain. Une opportunité unique pour Franky !

Comme dans tous les road movies qui se respectent, le voyage sera parsemé de rencontres improbables, de femmes fatales et de séquences hallucinantes aux confins du surréalisme.

Pour définir le style de leur film, ses deux papas ont d’ailleurs inventé un terme magnifique, magnifiquement adapté à la situation : Mélancomique. Mais plus que l’humour grinçant qui émaille certaines scènes, c’est d’abord la prestation d’un Olivier Gourmet au sommet de son art et la photographie sublime du film qui resteront longtemps gravés dans les mémoires.

Alors oui, Robert Mitchum (et le rock’n’roll si on en croit les réals) est mort. Mais le cinéma européen, lui, a encore de belles heures à vivre. L’âge d’or n’est pas loin.

 

À voir à Liège, au Kinépolis et au Churchill, à l’Eldorado namurois et à l’Aventure à Bruxelles.

 

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