Rencontre express avec Alina Serban, l’héroïne de Seule à mon mariage, le premier film de Marta Bergman, qui sort ce mercredi dans les salles belges. Elle déploie une énergie virevoltante et communicative, tour à tour butée ou vulnérable, ancrant son personnage aussi bien dans son village que dans ses rêves d’ailleurs. Alina Serban s’est fait connaître à Bucarest avec le one woman show qu’elle a elle-même écrit, I Declare at My Own Risk, qu’elle a ensuite joué un peu partout en Europe. Depuis quelques années, elle s’est installée à Londres, où elle est apparue dans de nombreuses pièces de théâtre et séries télévisées. Forte d’une solide expérience, Pamela est son premier grand rôle dans un long métrage. Elle nous en dit un peu plus…
Parlez-nous de Pamela, votre personnage?
Pamela, c’est une jeune femme qui ne veut pas être dans la norme. Elle ne veut se conformer ni à sa condition, ni à ce que la société lui dicte de faire. Alors elle essaie de réaliser ses rêves, d’atteindre son but par elle-même, sans attendre que quelqu’un vienne la sauver.
Qu’est-ce qui’ vous a le plus attirée chez elle quand vous avez découvert le scénario?
Je crois que c’est son entêtement, sa volonté de se battre pour réaliser ses rêves, avec courage et idéalisme. Pamela va de l’avant. Dans le film par exemple, elle veut aller à l’école, mais on lui suggère de passer par une filière spécialisée, ce qu’elle refuse: « Non, je veux aller à la même école que tout le monde ». Elle est résolue à ne pas se laisser faire. C’est un vrai exemple en fait, pour moi, mais aussi pour la société en général. Avoir la force de dire non.
Vous avez un parcours similaire à celui de Pamela?
Moi je suis née à Bucarest, mais ma mère vient précisément du village dont vient Pamela. C’était extraordinaire pour moi. Je n’avais jamais imaginé que je retournerai dans le village de naissance de ma mère pour y tourner un film! Ma mère a quitté son village quand elle avait 14 ans à peine. C’était déjà une femme forte, elle aussi, pleine de courage et de volonté. C’était très émouvant de croiser des gens qui avaient connu ma mère quand elle était jeune.
Et ce qui était très important, je trouve, c’était de voir dans ce village des enfants d’origine Roms ou non, se dire: « Oh, si elle le fait, je peux le faire aussi. » C’était très valorisant de les voir réaliser que si je peux être dans ce film, ils peuvent y être aussi.
Pamela est a trop d’envergure pour son village en fait!
Moi aussi en fait, je pense que j’ai déjoué tous les pronostics dans ma vie. Quand je regarde en arrière, qui aurait pu prévoir que je serai ici aujourd’hui? Les chances étaient mince que je puisse faire des études. Mais je me suis battue pour étudier, arriver ici. Pamela et moi sommes vraiment connectées à ce niveau.
Qu’est-ce que le film représente pour vous?
C’est un rêve devenu réalité. C’est aussi une façon de raconter une histoire en laquelle je crois profondément. Une histoire universelle, dans laquelle de très nombreuses jeunes filles peuvent se retrouver. Pour moi, c’était aussi l’opportunité de m’exprimer en tant qu’artiste. C’est un cadeau en fait.