Que pensez-vous du cinéma belge?

A l’occasion de la 30e édition du Festival international du Film francophone de Namur, Joëlle Milquet, Vice-Présidente du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et Ministre de la Culture, a présenté avec Jeanne Brunfaut, directrice adjointe du centre du cinéma et de l’audiovisuel, la nouvelle stratégie de promotion du cinéma belge francophone.

Elle est à la fois ambitieuse, volontariste, bien ciblée et donc réaliste.

 

Ces décisions ne sont pas tombées du ciel. Elles font suite à des annonces effectuées lors du Bilan du Centre du cinéma et de l’audiovisuel (CCA), le 24 mars dernier. Rappelez-vous : la Ministre de la Culture avait alors promis aux professionnels de nouvelles lignes d’actions pour améliorer la promotion du cinéma belge francophone (lire ICI).

 

 

Pour commencer par le commencement, il était important d’avoir une vue précise de la situation en 2015, d’appréhender parfaitement l’image que le public se fait de notre cinéma aujourd’hui. Une nouvelle étude précise sur ce sujet sensible a donc été commandée et réalisée par Dedicated Research,

Il s’agit en fait de l’actualisation de l’étude sur la perception du cinéma belge francophone qui avait été réalisée en 2009, celle-là même qui conduisit à la naissance de Cinevox pour tenter d’infléchir certaines tendances négatives constatées auprès du public.

Précisons déjà (à lire à la fin de l’article) que pour la première fois le Centre du cinéma a sondé le public sur les Magritte… et les capsules Cinevox. Autant vous dire tout de suite que les résultats sont très enthousiasmants 😉

 

Notez aussi que l’étude a été réalisée en juin, avant le triomphe dans les salles du Tout Nouveau Testament. Il est sûr que la perception actuelle est encore un peu meilleure.

 

 

 

  1. Les habitudes de fréquentation du cinéma

  • 45% de la population francophone se rend au cinéma au moins une fois par an. Cette proportion est en légère baisse par rapport à 2009: à l’époque, une fréquentation au moins occasionnelle de 49% avait été mesurée. Cette variation est significative.

La proportion de « heavy users » (se rendent au cinéma plus de 8 fois par an) est par contre en augmentation relative par rapport à 2009 : 40% des personnes se rendant au moins occasionnellement au cinéma y vont plus de 8 fois par an (elles étaient 35% en 2009).

En nombre absolu, compte tenu de la baisse de fréquentation globale, les « gros consommateurs de cinéma » sont même en légère hausse : sur base d’une population 15-75 ans estimée à 1.820.000 individus, il y aurait les populations suivantes :

 

2009 2015

– au moins occasionnels 892.000 contre 819.000

– « heavy users » 312.000 contre 327.000

 

 

  • 87% vont habituellement en groupe au cinéma ; cette proportion était de 94% en 2009. Légère augmentation donc des personnes qui consomment habituellement seules le cinéma.
  • La fidélité (au complexe de) cinéma est en hausse : 67% se rendent habituellement dans le même ensemble (60% en 2009) ; les complexes de cinéma fréquentés (en nombre de salles) sont un peu plus petits (40% vont dans des complexes de plus de 10 salles) ; c’était le cas de 49% des consommateurs de cinéma en 2009.

 

  • 22% des consommateurs de cinéma disposent d’une forme d’abonnement ; c’est le cas de 37% des « heavy users ».

 

 

  1. Les critères de choix d’un film

  • La nationalité d’un film ne constitue toujours pas un critère de choix important d’un film :

– en assisté (les modalités de réponse étaient suggérées), à peine 6% ont mentionné la nationalité du film. Cette proportion était de 1% en 2009 (mais il s’agissait à l’époque de réponses spontanées) ;

 

– ce critère est à peine plus important pour les « gros consommateurs de cinéma » : 9% dans cette population pour 5% dans la population des consommateurs au moins occasionnels.

 

  • Dans les critères de choix ou d’influence, le poids des sites internet est en fulgurante augmentation (20% en 2009 pour 52% en 2015).

Il en va de même pour l’influence des critiques et des émissions spéciales dont l’influence progresse fortement sur les 6 dernières années (important : le changement de méthode [téléphone à internet] peut avoir partiellement influencé ces évolutions) :

– les sites internet particulièrement consultés sont « Allocine.com » (49%) : Kinepolis.be (49%) et « Cinenews.be » (22%) ;

– les rubriques cinéma des radios sont plus dispersées : Bel RTL 27%,Radio Contact 26%, La Première 23%, Vivacité 21%, …

– en presse écrite, l’influence de Ciné Télé Revue grimpe fortement (de 22% à 35%) et celle du Soir baisse significativement (de 31% à 24%) ;

– en Tv, la rubrique cinéma de RTL-TVI grimpe de 20% à 41%, celle de la RTBF est stable (41% à 38%), mais pour cette chaîne apparaissent « Tellement Ciné » (23%) et « Ça tourne » (évolue de 7% à 20%). L’influence des chaînes françaises (TF1 particulièrement) se renforce également.

 

  1. Les freins à aller davantage au cinéma

 

  • Les principaux freins à aller au cinéma sont :

– surtout et de très loin le prix : raison invoquée par 57% (!) des répondants, pour ainsi dire toutes classes d’âge confondues ;

– suit le manque de temps (24%) ;

– les horaires difficiles sont d’une manière ou d’une autre (travail, enfants…) invoqués par 17% des répondants ;

– puis l’attitude irrespectueuse des « voisins de salle » (19%… 1% en 2009) ;

– et le téléchargement (10%… 0% en 2009).

 

 

  1. La connaissance du cinéma belge

  • Le cinéma belge francophone reste surtout identifié par ses réalisateurs (78%) et ses acteurs (87%), bien plus que par ses films (68%) :

Réalisateurs, réponses spontanées 2009 2015

– Les frères Dardenne 59% – 52%

– Bouli Lanners 7% – 17%

– Jaco Van Dormael 11% – 11%

– Jacques Vermeire 3% – 0% (on avoue qu’on a dû aller vérifier qui il était 😉 )

– Benoît Mariage 3% – 5%

– Yolande Moreau 2% – 5%

– Aucun 28% – 22%

 

 

Acteurs, réponses spontanées

– Benoît Poelvoorde 61% – 51%

– François Damiens 1% – 27%

– Cécile de France 29% – 24%

– Émilie Dequenne 18% – 17%

– Marie Gillain 10% – 16%

– Bouli Lanners 5% – 11%

– Yolande Moreau 7% – 10%

– Jérémie Renier 10% – 8%

– Aucun 14% – 13%

 

 

Films, réponses spontanées

– C’est arrivé près de chez vous 23% – 24%

– Rosetta 28% – 20%

– Dikkenek 5% – 15%

– Deux jours, une nuit 9%

– Le gamin au vélo – 9%

– L’enfant 15% – 7%

– Toto le héros 7%

– Le huitième jour 10% – 6%

– Aucun 32% – 32%

 

  • La connaissance du cinéma belge francophone a assez peu évolué en 6 ans :

– faible augmentation de la notoriété des réalisateurs qui reste très concentrée sur les Frères Dardenne. Seul Bouli Lanners a depuis 2009 développé sa notoriété de réalisateur ;

– la notoriété spontanée des acteurs s’est sensiblement étoffée :

Benoît Poelvoorde perd un peu en présence à l’esprit, mais dans le même temps, François Damiens acquiert une notoriété importante (de 1 à 27%) et Marie Gillain comme Bouli Lanners renforcent significativement la leur. Statu quo pour les autres « stars » belges francophones ;

 

 

– la notoriété spontanée des films belges francophones (ou plutôt de films présumés être belges francophones) ne progresse pour ainsi dire pas. Elle reste focalisée sur les « deux grands classiques ».

 

  1. L’attractivité et la fréquentation du cinéma belge francophone

  • L’évocation du cinéma belge francophone suscite majoritairement des sentiments majoritairement positifs, mais ce sentiment positif est en légère baisse par rapport à 2009 (époque à laquelle nous avions testé « le cinéma belge », sans préciser « francophone ») ;

 

2009 2015

– « très positifs » ou « positifs » 58% – 51%

– « ni positifs, ni négatifs » 44% – 37%

– « négatifs » ou « très négatifs » 6% – 9%

– sans avis 7% 5%

Une baisse de sensibilité positive qui est significative, mais…

  • … qui ne se traduit pas dans l’attractivité (= « le savoir incite à aller voir un film ») :

 

2009 2015

– « certainement » ou « probablement » 43% – 48%

– « sans influence » 24% – 35%

– influence négative 20% – 11%

– ne suivent pas l’actu du cinéma belge (fr) 22% – 3%

  • Six films belges francophones ont été vus par plus de 15% des « gros consommateurs de cinéma » (au cinéma) :

– Deux jours une nuit 29% (71%)

– Les rayures du zèbre 28% (56%)

– Ernest et Célestine 18% (56%)

– Pas son genre 17% (61%)

– Henri 15% (69%)

– Au nom du fils 15% (63%)

 

Les scores d’évaluation moyenne de l’ensemble des films belges vus sont bons : 7.1/10 pour la cinquantaine de films testés (« Top score » : Ernest et Célestine : 8.3).

 

 

  1. L’image du cinéma belge francophone

  • Les qualités reconnues au cinéma belge francophone :

 

 des films intéressants :

– sensibilisent à des problématiques spécifiques 37%

– qui interpellent 37%

– ont de la profondeur 26%

– font passer des messages 21%

– pas commerciaux 16%

 

 un style particulier, proche :

– humour décalé 42%

– orignaux 20%

– thématiques originales 15%

– drôles 7%

 

des films bien faits / de qualité :

– bons acteurs/actrices 26%

– bien réalisés avec des moyens financiers limités 24%

– bons scénarios 18%

– bien réalisés 17%

– bonne mise en scène 13%

– bonnes critiques de spécialistes 8%

 

  • Les faiblesses/reproches adressés au cinéma belge francophone sont fort peu nombreuses :

le caractère social « sombre » :

– trop souvent sociaux 8%

– souvent dans le même style 5%

– films sinistres/sombres 5%

– déprimants 4%

– trop sérieux 4%

 

 la notion de moyens précaires :

– « petits moyens » 8%

– acteurs/actrices peu connus 4%

– réalisateurs/réalisatrices peu connus 3%

– réalisateurs/réalisatrices médiocres 1%

… et c’est tout

 

 

  1. Les actions susceptibles d’induire une plus grande consommation du cinéma belge francophone

  • L’accueil largement favorable de la plupart des suggestions d’actions proposées aux répondants révèle l’intérêt du public (« heavy users ») à ce que le cinéma belge francophone soit davantage mis en exergue.

 

  • Trois suggestions recueillent plus de 70% d’adhésion :

– davantage de bandes annonces dans les salles ;

– offre (via les médias) de places gratuites pour les avant-premières ;

– mise en place d’opérations « films à prix réduits » ;

– davantage de commentaires dans les médias (bien que le public averti considère majoritairement que les chaînes de télévision francophones diffusent suffisamment de films francophones).

 

  • La création d’un label spécifique a reçu un accueil plus nuancé, bien qu’une majorité de « heavy users » y soient favorables.

 

 

  1. Les capsules vidéos « Cinevox »

  • 45% ont déjà remarqué au moins une capsule (38% des « cinémas occasionnels », mais 53% des « heavy users »).
  • Pour ceux qui ont déjà remarqué au moins une capsule :

– 70% (réponses assistées) admettent qu’elles font la promotion du cinéma belge (belge 42%, spécifiquement francophone 28%) ;

– ces reportages sont globalement bien appréciés (positifs 68%, négatifs 21%, sans avis 11%).

  • 36% de l’ensemble des répondants déclarent qu’avoir une ou des capsules Cinevox les ont incités à aller voir un film (peu de différences entre « occasionnels » et « avertis ») : 19% « un seul film » et 17% « plusieurs films ».

 

 

  1. Les Magritte du Cinéma

  • Ce prix jouit d’une très bonne notoriété (assistée), 75% des répondants (échantillon total) disent en avoir entendu parler (81 des « heavy users ») ;
  • 56% se souviennent des caractéristiques de la dernière cérémonie (7 février, acteurs/actrices belges, « Deux jours et une nuit » des frères Dardenne…). C’est le cas de 63% des « heavy users » ;
  • 25% ont d’une manière ou d’une autre suivi l’évènement dans les médias (14% les comptes rendus de la presse) ;
  • Le caractère incitatif est cependant assez faible :

– 8% déclarent que cela les a incités à aller voir au moins un film belge ;

– et 6% (pour ainsi dire tous compris dans les 8% qui ont été voir un film belge) un film belge (identifié comme étant) francophone.

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