Thomas, la cinquantaine (Pascal Greggory), père de famille, arrive par un curieux hasard dans la ville de son enfance. Pris d’un malaise dans le petit cimetière local, il se réveille quarante ans plus tôt, dans son corps d’adolescent (Léo Legrand). Dans ce passé qu’il vit avec la conscience de sa vie écoulée, il va non seulement retrouver son premier amour (Laura Martin), mais aussi chercher à comprendre les raisons du mystérieux départ de son père (Jonathan Zaccaï). Mais peut-on modifier son passé en le revivant ?
Superbe pitch que celui de Quartier Lointain, troisième long métrage de Sam Garbarski qui sort enfin en DVD. Un achat indispensable qui, dans votre bibliothèque, sera du plus bel effet à côté du manga homonyme de Jiro Taniguchi, couronné pour son scénario à Angoulême en 2003, et de l’admirable CD de la bande originale du film signée par le groupe Air.
L’idée d’adapter au cinéma, et (qui plus est) en Europe, ce manga totalement culte chez les amateurs de bande dessinée pouvait sembler risquée, mais, depuis le début, elle a été soutenue avec beaucoup d’enthousiasme par Tanigushi, lui-même, qui a d’ailleurs assuré la tournée de promotion du film avec son nouveau copain, Sam Garbarski. Pour l’anecdote, on notera que le mangaka apparaît à l’écran, à la manière d’un Alfred Hitchcock, dans une scène de train.
« Lorsque j’ai vu le film la première fois sur grand écran, j’ai été très ému, » déclara-t-il au site Evene « Et je crois que même les lecteurs du manga seront touchés par la version de Sam Garbarski. J’ai été frappé par certaines scènes ajoutées que je n’aurais jamais pu dessiner, mais qui fonctionnent très bien au cinéma. Par exemple, la scène où Thomas danse avec sa mère et sa petite sœur est très belle, grâce à la musique notamment. Aucun dessin ne pourrait rendre la même émotion. »
Les fans de la BD seront ravis d’apprendre qu’on retrouve Jirô Taniguchi sur les bonus du DVD à l’occasion d’une master class à la Fnac qu’il a partagée avec Sam Garbarski. Une rencontre passionnante, comme les deux courtes vidéos où le dessinateur livre ses premières impressions après avoir découvert le film et s’ouvre à l’intervieweur dans le salon d’un hôtel parisien.
Ces perles sympathiques complètent agréablement un long métrage très touchant, irradié par la superbe prestation d’un Jonathan Zaccaï déconcertant de naturel dans un rôle où il est tenaillé entre l’envie de tout recommencer et celui d’assurer contre vents et marées, ses rôles de mari et de père. Il serait en tous cas dommage de passer à côté de ce beau film intimiste, troublant, subtil, plein d’atmosphère. Émouvant surtout.
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