« Pompei », conte d’amour crépusculaire

Pompei, conte crépusculaire de John Shank et Anna Falguères, présenté ce week-end à Berlin, sortira le 4 mars prochain en Belgique.

Dans une région désertique, Victor (Aliocha Schneider) et son petit frère Jimmy (Auguste Wilhelm) sont livrés à eux-mêmes. Au sein du groupe auquel ils appartiennent, le cycle de la misère sentimentale semble éternel. Lorsque Victor tombe amoureux de Billie (Garance Marillier), une jeune fille rêvant de romance, les choses commencent doucement à changer pour Jimmy.

Pompei-Falguere-Shank

Pompei met en scène la difficulté de contourner un destin tout tracé. Le petit groupe de jeunes gens qui évolue sous les yeux du spectateur est en plein milieu d’une représentation, rejouée jour après jour, celle de la performance du genre. Les garçons sont taiseux et virils, les filles sont complices et lascives. Le groupe est soumis à un ensemble de codes et de non-dits qui régissent les relations interpersonnelles. Une micro-société, qui se retrouve au bord de l’implosion quand débarque l’imprévisible Billy, toute en liberté et en fluidité. Elle ne s’embarrasse pas d’obligations, et s’engage à corps perdu dans le flot de sentiments qui la submerge.

Elle a trouvé Victor, et compte bien sur lui pour la trouver à son tour.

Traversé par cette histoire d’amour fulgurante, le film suit en filigrane le parcours initiatique de Jimmy, le jeune frère de Victor, l’amoureux transi. Perdu dans un monde sans autres repères que le simulacre de masculinité proposé par le groupe, il cherche sa place, ses marques.

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Avec Pompéi, John Shank et Anna Falguères livrent un conte crépusculaire, une abstraction romantique, illuminée par l’amour fou qui terrasse deux enfants perdus d’une civilisation en ruines. C’est un monde d’absence – celle notamment des parents – et de désolation qui abrite les âmes tourmentées de Pompéi, un monde écrasé de chaleur, dominé par les soleils couchants. Un monde hors du temps et de l’espace, impossible à situer ou dater, mais un monde sur le déclin. Un monde qui ne demande qu’à renaître. Un monde qui abrite la romance de deux êtres asservis par une société étouffante, qui pourraient se libérer l’un l’autre. 

Le film construit plan par plan autour de cette histoire d’amour dans son plus simple appareil, et de l’été de tous les dangers de Jimmy, offre un univers intense aussi beau qu’angoissant, magnifié par l’image de Florian Berruti, et la direction artistique qui sert l’épais mystère qui nimbe cette communauté d’enfants égarés.

Pompéi est le deuxième long métrage de John Shank, après L’Hiver Dernier, sorti en 2011, et présenté à la Mostra de Venise. Il l’a co-écrit et co-réalisé avec Anne Falguères. Décoratrice, elle a réalisé les décors de plus d’une quinzaine de longs métrages. Ceux de L’Hiver Dernier, donc, mais aussi de Nue Propriété et A perdre la raison de Joachim Lafosse, de L’Avenir et Eden de Mia Hansen-Love, ou plus récemment Duelles d’Olivier Masset-Depasse.

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Les deux héros du films sont incarnés par un couple de jeunes comédiens prometteurs, à commencer par la jeune Garance Marillier, la révélation de Grave de Julia Ducournau, qui apporte son intensité ravageuse et sa complexité au personnage de Billie. Face à elle, le musicien et comédien franco-canadien Aliocha Schneider. Issu d’une fratrie parcourue par la fibre artistique – on connaît bien notamment son frère Niels Schneider -, il a tourné dans de nombreux films et séries au Canadao.

A leurs côtés, on retrouve le jeune comédien français Auguste Wilhelm, ainsi que le héros de L’Hiver Dernier, Vincent Rottiers, vu récemment dans Un ange et Sauver ou périr, ou encore la jeune comédienne belge, Judith Williquet, vue récemment dans la 2e saison d’Ennemi Public. 

Pompei sort le 4 mars prochain en Belgique.

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