Pauline Etienne et Laurent Capelluto sont aux commandes d’Into the Night (on vous en parle ici), la première série belge Netflix, en ligne aujourd’hui sur la plateforme de streaming! Ils y interprètent Sylvie et Mathieu, pilotes malgré eux d’un avion qui emmènent au coeur de la nuit ses quelques passagers pour fuir la lumière du soleil, devenue mortelle. Une série nerveuse et tendue, où se déploie avec intensité la complexité des relations humaines, pleines de beaux courages et de petites trahisons, d’élans solidaires et de dépassement de soi. Ils nous en disent un peu plus sur cette série imaginée par Jason George, et réalisée par Inti Calfat et Dirk Verheye.
Qu’avez-vous pensé en découvrant le projet?
Pauline Etienne
J’ai pensé: « Wow! » Parce que c’était la première fois qu’on me proposait un projet comme ça, une série d’action, de survie! Puis en lisant le scénario, j’ai été impressionnée par la qualité de l’écriture. C’est marrant, parce que j’avais l’impression qu’on pouvait voir dès le scénario ce que la série allait devenir, alors qu’en fait, quand je l’ai vue pour la première fois, j’ai été scotchée, et très surprise!
Et puis bon, faire partie de la première aventure Netflix belge (ndlr: en série) c’est vraiment chouette.
Laurent Capelluto
Quand on reçoit une proposition, ce qui prime, c’est : est-ce que j’ai envie de raconter cette histoire? On se pose cette question qu’il s’agisse d’une pièce de théâtre dans une petite salle, d’un film d’auteur ou d’une série Netflix. A chaque fois en tant que comédien, je me demande si je veux mettre ma créativité au service d’une histoire, et est-ce que j’ai envie de suivre son auteur ou son autrice? En rencontrant Jason George, l’auteur de la série, après avoir lu deux épisodes, j’ai su que j’avais envie d’embarquer avec lui.
Et comme pour Pauline, on ne m’avait jamais proposé ce genre de projet, c’était une excitation qui relève de l’enfance, comme si on m’avait dit: « On va jouer aux cowboys et aux indiens ». Je parlais avec ce gars, Jason qui avait l’air d’avoir une science de son sujet phénoménale, et j’étais face à un divertissement plein d’action et de suspense, qui met en jeu une sorte de famille recomposée, des gens qui n’ont rien à voir les uns avec les autres et qui se retrouvent à devoir faire front par nécessité, pour survivre. Et cette bataille pour la survie est menée à tambour battant pendant 6 épisodes. Et malgré cette course contre la montre, on parvient à s’attacher à chaque personnage, ils acquièrent tous une vraie densité psychologique, avec leurs petites parts d’ombre, leurs mesquineries, mais aussi leur générosité et leurs moments de bravoure. Et ça c’est vraiment rare, et beau. C’est une manière de raconter dont je suis fan en tant que spectateur, mais à laquelle je n’avais pas encore été confrontée en tant qu’acteur.
Pouvez-vous me dire quelques mots sur vos personnages?
Pauline Etienne
Je joue Sylvie, une ancienne pilote d’hélicoptère de l’armée de l’air belge. Elle commence la série avec un lourd bagage, son compagnon vient de mourir, et elle part dans le but de se suicider. Elle se retrouve malgré elle en charge de la survie des passagers. Elle n’a pas beaucoup confiance en elle, même si elle a été entrainée à faire face à des situations extrêmes, et cette expérience extrême va paradoxalement lui redonner goût à la vie.
Laurent Capelluto
J’interprète Mathieu. Ce qui m’intéresse chez lui, c’est qu’il est amené à jouer un rôle auquel il n’est pas du tout prédestiné. Ce n’est pas un leader dans l’âme, il n’a pas une aura de meneur. Dans une situation extraordinaire, il va devoir y faire face avec une certaine maladresse, des prises de choix plus ou moins judicieuses. Il a ses parts d’ombre aussi, fait des petits arrangements avec ses contradictions… C’est ce que j’aime aussi. C’est quelqu’un de très ordinaire qui va devoir assumer une tâche héroïque. Mais tous ces personnages vont se révéler. Il n’y a pas UN héros qui va jaillir. On peut s’identifier à chacun de ces personnages. On est dans un récit d’action, de suspense, mais on s’attache vraiment aux personnages.
En découvrant la série, j’ai été surpris par son efficacité (alors que je connaissais la fin!), et j’ai été aussi surpris par des scènes très intimes entre certains personnages. Chaque personnage a sa complexité. Ce sont plus que des archétypes, des alibis dont on aurait besoin pour faire avancer l’action. Je trouve que cette famille, cette tribu improbable, a des accents de petite humanité.
Je vois Into the Night comme un survival, une histoire de survie, mais avec une dimension très humaine. En fait à part l’élément déclencheur, tout est très réaliste. Après, c’est surtout la dynamique du groupe, la façon dont le groupe gère l’autorité et la question des prises de décision qui fait avancer le récit.
Comment avez-vous préparer vos rôles, quel était le plus grand défi?
Pauline Etienne
Moi, ça a été de trouver l’autorité en moi! Je ne suis pas vraiment dans le leadership dans la vraie vie, je suis plutôt réservée, et c’est ce que j’ai travaillé avec Jason, l’auteur de la série. Notamment un travail sur le langage, parlé comme corporel. Le langage corporel est tout le temps à la base de la création de mes personnages, et là j’ai beaucoup réfléchi à la façon dont elle allait marcher, se déplacer. Il fallait aussi réfléchir à la continuité, à son évolution entre le début et la fin du récit. Elle change beaucoup, elle évolue sur le plan psychologique avec la mission qu’on lui donne.
Laurent Capelluto
Mon travail le plus important, ça été d’apprendre à Pauline à piloter un avion!
Blague à part, le plus difficile, ça a été de parvenir dans des scènes intenses, haletantes, à trouver la place et l’intensité pour l’émotion. Les personnages étaient riches de ces émotions dans le script, il fallait parvenir à les transmettre, tout en jouant des scènes d’action très tendues.
La question du langage corporel est d’autant plus intéressante qu’on jouait souvent dans des espaces étriqués, notamment la cabine de pilotage. En plus, mon personnage a une blessure à la main. D’habitude je me gratte toujours le nez avec cette main, et là j’en étais empêché. Ca a l’air idiot, mais du coup il y avait quelque chose au niveau du rythme à trouver. Surtout avec ces scènes très courtes.
Si vous deviez convaincre le public de regarder la série, que lui diriez vous?
Pauline Etienne
Quand j’ai vu la série, à la fin, mon coeur battait à 10.000 à l’heure, alors que je connaissais le scénario. J’ai été surprise, j’ai eu peur, j’ai espéré, j’ai pleuré, j’ai rigolé! Tous les acteurs sont vraiment très justes et subtils. Les personnages sont touchants, humains, détestables parfois.
Laurent Capelluto
C’est une série grand public tout en étant originale, extrêmement bien fait en terme d’esthétique et d’action, et en même temps émouvante, qui dit des choses sur les relations humaines. C’est un divertissement dans le sens le plus noble. Ça nous sort de notre quotidien, et en même temps ça nous plonge dans qui nous sommes.