Où ont-ils passé leurs vacances (2) ? Tania Garbarski et Charlie Dupont dans le Off du Festival d’Avignon

On peut l’écrire sans crainte d’exagérer : ils ont fait le buzz au festival Off d’Avignon !

Tania Garbarski et Charlie Dupont ont été épinglés par de très nombreux observateurs comme les révélations de ce festival 2014 pour leur performance dans Promenade de santé. Un spectacle écrit par Nicolas Bedos.
Révélations pour la France, bien sûr. Ici, on les connaît déjà.

Il est vrai que ces rôles sont peut-être ceux de leur vie. En tous cas, ils les marqueront à vie !

 

Par Maryline Laurin

 

Promenade de santé est bien plus qu’un spectacle misant uniquement sur la popularité de son auteur, Nicolas Bedos, l’homme qui divise son auditoire, brillant ou horripilant à souhait. À ses souhaits. Très souvent, il prend la posture de fou du roi du PAF, se jouant de la critique comme de la raison. Dans Promenade de santé, il ne convoque pourtant que le fou, le décrivant avec brio. À charge pour Tania Garbarski et Charlie Dupont d’être les rois de la fête.

 

Cette photo et celle d’ouverture de l’article par Maryline Laurin

 

Derrière le personnage show-biz de Bedos, émerge ici un vrai auteur. Généreux, il leur sert sur un plateau, celui presque trop exigu de la petite salle du Théâtre du Chêne noir, une partition étonnante où ils peuvent jouer toutes les gammes de l’émotion.

Et Tania et Charlie s’en donnent à cœur joie !

 

Lui est bipolaire, mythomane, obsessionnel, pervers narcissique à tendance suicidaire. Elle est nymphomane, paranoïaque, maniaco-dépressive à tendance schizophrénique. La rencontre sera fracassante, leur histoire aussi tumultueuse que passionnée. Ils s’aimeront au-delà de leurs étiquettes dans cet asile psychiatrique qui les accueille régulièrement. Nous assistons à un cache-cache, tout autant amoureux qu’existentiel.

 

On connaît l’intenable humoriste, mais lorsqu’on voit Charlie sur scène on ne peut que se dire qu’il est fait pour le drame. Tel le clown blanc c’est l’après rire qui nous touche chez lui, ce regard perdu au-delà de la peine, cette fragilité inavouée.
Quel réalisateur osera enfin lui donner un rôle dans ce registre différent qui le révèle vraiment ?

 

Tania joue sur les contrastes avec subtilité. Sur son beau visage transparaît l’horreur du dérangement mental, par petites touches ordinaires ; de la séduction jusqu’à la crise.

 

La création lumière du spectacle a été confié à Bruno Degrave, chef opérateur de Babysitting story de Vincent Smitz, de Bxl/USA… et des premières capsules de Cinevox.

 

Ce choix selon Charlie s’est imposé «  car nous souhaitions plonger les spectateurs dans l’intimité de cette rencontre. Un éclairage plus subtil et plus travaillé à la manière « cinéma » nous semblait plus approprié et plus original que les trop fréquents « pleins feux  » du théâtre ».

 

Lionel Jadot, le producteur d’Au nom du fils de Vincent Lannoo, l’ami intime, est à la scénographie. Il a concocté un décor simple, deux bancs, un arbre central fait d’une matière qui est très sensible à la lumière, des objets en bois qui créent un univers très onirique.

La personne qui a orchestré tout cela n’est autre qu’Helene Theunissen, comédienne et professeur au conservatoire de Bruxelles, assistée de sa fille Jeanne Scahaise.

 

Jeanne Scahaise a d’ailleurs écrit un court métrage La Brésilienne qui mettra en scène Helene Theunissen et Isabelle De Hertogh, à l’origine du projet. L’histoire de deux femmes, une camionnette de glace, et … un invité surprise! Une comédie un peu noire et touchante sur fond de diables rouges. Un voyage sur les routes de campagne du plat pays. Un projet qui cherche des fonds (voir ici).

 

 Photo : Maryline Laurin

Avant la première avignonnaise de Promenade de santé, une rencontre publique a eu lieu à la Fnac d’Avignon. Elle a réuni Tania, Charlie et Nicolas Bedos devant un public essentiellement féminin où Charlie Dupont a rendu fou le journaliste qui les interviewait avec ses extravagantes reparties et son humour ravageur suppléant même Nicolas Bedos qui d’habitude n’est pas en reste.

Plus tard de son transat de villégiature (jamais totalement en vacances les artistes belges!) Tania nous confiera son émerveillement :

« Ici c’est la Mecque du théâtre, mais c’est aussi Rungis. Les programmateurs viennent faire leur marché et nous sommes aussi ici pour que le spectacle fasse une belle tournée, après.

L’accueil au Festival a été au-delà de nos espoirs les plus fous. Nous avons explosé la jauge avec 107% de fréquentation de la salle. Le spectacle affichait complet tous les jours, ce fut magique de sentir les spectateurs avec nous, de savoir que certains d’entre eux venaient grâce au magique « bouche-à-oreille ». La qualité de leur écoute et de leurs retours était merveilleuse.

On sent vraiment que les festivaliers sont de vrais aficionados du théâtre, qu’ils ont un regard aiguisé et c’est grisant de jouer pour eux .Bien sûr, c’est en cela que la différence avec le cinéma est majeure: la rencontre immédiate avec le public est spécifique à la scène, et le « live » donne une décharge d’adrénaline à nulle autre pareille. Nous avons eu la chance de recevoir la visite de beaucoup de gens que nous estimons et qui parfois nous connaissent plus au cinéma ou à la télévision que sur les planches. Or, ici, on mouille notre chemise tous les soirs dans un vertige qui n’est pas comparable à ce qu’on peut voir à travers un personnage incarné à l’écran. »

 

Nicolas Bedos, présent lors de la première avignonnaise, ne démentira pas Tania : il avait les larmes aux yeux pendant la pièce alors que la sensibilité n’est pas le trait de caractère qu’on lui attribue au premier abord ! Il était très fier de cette version.

Parmi les spectateurs on a pu croiser Sylvain Goldberg, Les frères Taloches, Jean Paul Gautier, Doria Tillier, Élodie Navarre, Gregory Bacquet (Molière du meilleur comédien cette année), Olivier Sitruk, les agents Laurent Grégoire et Gregory Weil, Daniel Mesguich, Éric Metayer, Élodie Frenck, Sacha Bourdo… Du beau monde, donc. Avignon, c’est aussi cela.

L’expérience ne restera pas sans suite, puisque dés le 2 septembre au Théâtre le Public, Tania et Charlie seront mis en scène par Philippe Blasband  (Magritte 2014 du meilleur scénario pour Tango Libre, coécrit avec Anne Paulicevich), dans une pièce qu’il a spécialement écrite pour eux Tuyauterie.

Là encore la direction d’acteurs de ce grand scénariste du cinéma belge (Irina Palm, Les émotifs anonymes, Une liaison pornographique …) oscillera entre planches et écran. Un peu plus tard, Tania  et Charlie seront happés par la sortie du film de Philippe Dajoux, Deux au carré.

Après le Festival, incapable d’abandonner le soleil, le couple le plus fou (et le plus sexy) du PAB fila encore plus au Sud , en Italie. Enfin en vacances.
Des vacances largement méritées après une année de folie… et avant une autre tout aussi dingue!

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