Olivier Ringer: « Raconter l’histoire de la classe moyenne »

Olivier Ringer s’est distingué avec son frère Yves en réalisant et produisant de nombreux films destinés en particulier aux jeunes publics qui ont voyagé dans le monde entier. Pom le poulain notamment a connu un grand succès public, les deux films suivants, A pas de loup et Les Oiseaux de passage ont tous deux reçu le Prix du Meilleur Film Européen pour Enfants décerné par l’European Children’s Film Association. Changement de cap pour son nouveau film, Les Gentils, qui aborde une thématique qui devrait parler à nombre de spectateurs adultes, le monde du travail. Rencontre.

Quel était votre objectif, avec ce nouveau film?

Je crois que je voulais raconter l’histoire de la classe moyenne, ne pas opposer les petits patrons et les employés et ouvriers d’aujourd’hui. Ils sont tous dans le même pétrin, liés par la situation économique actuelle.

Pour incarner cette situation, vous avez imaginé un petit patron dépassé par l’économie de marché. Qui est Michel?

C’est un petit entrepreneur. Il est marié à Blandine. Leur enfant, c’est leur entreprise. Il se sent responsable de ses ouvriers. Il s’est toujours bien comporté, je dirais que c’est un mec bien. Il déploie une vraie connivence avec ses employés, notamment avec son comptable, Florian, qu’il traite comme son fils adoptif ou presque. Malheureusement, son entreprise est dépendante d’une grande entreprise qui délocalise. Pour s’en sortir, il demande un crédit, qui lui est refusé. Il va devoir chercher une autre solution.

Il est broyé par la machine administrative, fiscale, judiciaire?

J’ai l’impression que ce système a été mis en place quand l’économie fonctionnait très bien, mais aujourd’hui, les choses dérapent. Personne n’est plus responsable de rien. Il y a une sorte d’instance au-dessus, qui surplombe mais qu’on peine à identifier, avec des règles établies par on sait pas qui. On peut être broyé par le système sans avoir fait quelque chose de grave. D’où la révolte de Michel. Sa motivation, c’est sauver l’emploi. On a beau se démener, quand tout le monde délocalise, c’est très difficile de s’en sortir. Les petits patrons, alors qu’ils connaissent les mêmes difficultés que les employés. Toute la communauté souffre des répercussions des délocalisations. Toute la région est impactée.

Sur quel ton avez-vous voulu raconter ce qui est une tragédie pour vos protagonistes?

J’avais en tête les comédies sociales à l’anglaise comme The Full Monty, mais j’ai un souvenir de films francophones qui avaient une bonne énergie, c’est ce que je voulais transmettre. Je voulais pas qu’on se prenne au sérieux, mais qu’on s’attache aux personnages.

Achille Ridolfi, Renaud Rutten, Tom Audenaert

L’aventure de Michel prend une autre tournure à la moitié du film, presque un côté Robin des Bois.

Oui, ou disons David contre Goliath! En fait, tout le monde est gentil dans l’histoire, inclus l’inspecteur, le juge. Leur discours est positif. Ils veulent aider. Mais les règles remontent à une autre époque.

Comment avez-vous choisi Michel?

Pour moi c’était une évidence. Renaud Rutten a une force incroyable, il dégage quelque chose d’ancré dans le sol, c’est un acteur extraordinaire, qui me rappelle Lino Ventura, des acteurs qu’on ne voit plus beaucoup dans le cinema francophone. Je voulais tourner uniquement avec des acteurs belges, pour qu’on puisse s’identifier. Mais c’est une histoire qui peut se décliner partout dans le monde occidental.

Quel était le plus grand défi pour vous?

A vrai dire il n’y a pas eu de défi par rapport aux précédents films! C’était d’une facilité inouïe tous les jours. C’était un rêve de tournage. C’est peut-être la maturité (rires), mais ce n’était que plaisir. Equipe de rêve, acteurs de rêve.

Qu’est-ce que vous souhaitiez transmettre au public, en fin de compte?

Moi, mes bons souvenirs de cinéma, ce sont les films de Sergio Leone, par exemple, où il y a un vrai plaisir, une jouissance au cinéma. Ce que je voudrais, c’est redonner le sourire au public quand il sort de la salle. Qu’on soit content avec et pour les héros.

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Renaud Rutten et Isabelle de Hertogh, Les Gentils des frères Ringer

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