A l’occasion de la sortie en Belgique de Royal Corgi, leur 9e long métrage d’animation, Ben Stassen, réalisateur et fondateur de nWave, revient sur l’incroyable success story de la société belge.
nWave, c’est une success story artistique, bien sûr, comme en témoignent les 9 longs métrages d’animation réalisés ou co-réalisés par Ben Stassen, et distribués dans le monde entier, mais aussi une success story industrielle. Il faut dire que nWave, véritable pionnier du cinéma en relief, a su investir un marché balbutiant, voire encore en gestation, et combler les attentes du public et des professionnels.
Ben Stassen revient pour nous en interview sur les grandes caractéristiques de la structure, et ses origines.
Il faut dire que nWave se positionne comme un acteur mondial, portant tous les 18 mois un nouveau projet, avoisinant les 20 millions d’euros de budget, des sommes (très) conséquentes en Belgique, et même en Europe. Ces enveloppes « condamnent » la société à avoir des ambitions mondiales, et donc à se placer en concurrence directe avec les grands studios hollywoodiens. Mais la main-mise de cette concurrence sur tous les secteurs du marché (les studios comme Disney développent, produisent et distribuent eux-mêmes leurs films) ouvrent des opportunités pour les producteurs indépendants comme nWave, qui peuvent ainsi proposer des produits aptes à concurrencer les grands studios aux distributeurs indépendants qui souhaitent investir le marché très lucratif du film familial.
nWave fonctionne comme un mini-studio, ayant intégré toutes les étapes de fabrication du film: le développement, le financement, la production, la réflexion marketing et la distribution mondiale. Un statut très rare à l’échelle mondiale, et qui siginie également que nWave est seule maître à bord de ses productions.
Mais d’où vient la société, et comment s’est-elle retrouvée sur ce marché? A l’origine, nWave produisait des specialty films, des films pour les musées, les parcs d’aventure ou d’attraction. Spécialiste de la 3D avant que celle-ci n’intéresse le cinéma, la société belge a senti le vent tourner.
D’autant que Ben Stassen croit fermement que le relief représente la deuxième grande révolution du cinéma, après l’avènement du cinéma parlant, et regrette vivement que les cinéastes ne s’emparent pas de ce nouveau langage cinématographique, que la 3D ne soit souvent qu’un artifice marketing traficoté en post-production, où l’on ajoute vaguement de la profondeur à des films tournés en 2D, pour offrir aux spectateurs, qui du coup en a assez de payer le prix fort, des films en 2D et demi.
Il faut dire que si l’on revient à l’histoire du cinéma en relief, cela remonte en fait à la volonté des grands studios hollywoodiens d’accélérer, voire de forcer la digitalisation des salles de cinéma, qui au début des années 2000 rechignaient à abandonner la pellicule. En produisant Avatar, la plus grande production de tous les temps, par le réalisateur de Titanic, et en forçant la diffusion en 3D, Hollywood a réussi à imposer le format. Quand sort Fly Me to the Moon début 2008, le premier long métrage en 3D, il existe 2000 salles équipées dans le monde. 10 mois plus tard quand sort Avatar, il y en a 10.000.
L’autre opportunité saisie avec clairvoyance par nWave, c’est d’avoir su se positionner sur un marché négligé par les grands studios comme Pixar, celui des tous petits. Quand Pixar produit des films assez riches pour parler aux parents, les 4-8 ans sont un peu délaissés sur le plan de la narration, et même si les choses changent un peu aujourd’hui avec Royal Corgi, nWave s’est toujours employé à réaliser des films accessibles aux plus jeunes publics, jusqu’à en faire une marque de fabrique reconnue.
Alors qu’est sorti cette semaine Royal Corgi, les 120 employés de nWave travaillent déjà depuis plusieurs mois sur le deuxième volet des aventures de Bigfoot, et devraient lancer dans les semaines à venir le développement d’un nouveau projet. Une vrai success story à la belge, d’envergure internationale!