À bord d’un petit rafiot, Homer et Joé, la cinquantaine, remontent un fleuve quelque part en Croatie
Jusqu’au décès, récent, de leur père, chacun ignorait tout de l’existence de l’autre.
Pourtant, ils sont demi-frères. S’ils sont ici, c’est pour essayer de comprendre qui était vraiment leur géniteur. Homer l’a connu, il a même vécu avec lui. Joé, lui, a été élevé par sa mère et ignore tout de cet homme qu’il a tendance à idéaliser.
En route, le duo va rencontrer Sean, un baroudeur irlandais qui a travaillé avec leur père. Travaillé? Mais de quelle activité parle-t-on ici? La vérité se trouve-t-elle… en amont du fleuve?
» Mon dernier long-métrage La Tendresse était une histoire partiellement autobiographique, que j’ai écrite impulsivement, en réactivant mes souvenirs, ma mémoire émotionnelle » explique Marion Hansel très excitée par ce nouveau projet. » Pour mon nouveau projet En amont du fleuve, j’ai eu envie de tenter une expérience nouvelle : demander à Hubert Mingarelli (auteur dont j’ai adapté un roman pour Noir Océan), d’écrire un scénario pour moi. Je lui ai donné l’idée de base ; deux hommes dans la cinquantaine remontent le cours d’un fleuve à bord d’un rafiot, au cœur de la jungle. Un troisième homme, du même âge les rejoint durant ce voyage.
En amont du fleuve est une aventure psychologique où des hommes pudiques et solitaires livreront certains de leurs secrets, de leurs espoirs peut-être et où les liens de sang, qu’ils le veuillent ou non, les uniront. »
Le cœur du scénario, au-delà du voyage émaillé d’incidents et de rencontre est bien sûr la relation qui s’installe progressivement entre deux demi-frères qui ont tout à apprendre l’un de l’autre. Le voyage qu’ils achèveront à pieds les mènera jusqu’à des chutes spectaculaires, dans une région, à la frontière de la Croatie, du Montenegro et de la Slovénie où leur père a vécu des moments intenses.
Initialement prévu au Cambodge, En Amont du Fleuve a dû être repensé quand le budget global a été revu à la baisse. La trame est restée identique, mais le scénario a été réécrit dans une nouvelle contrée.
» Pendant six mois, Hubert et moi, nous nous sommes posé des questions, avons échangé des idées. Qui étaient ces protagonistes ? Quels liens les unissaient ? Pourquoi avaient-ils des accents différents ? Quelle était la place de la nature qui les entourait ?
J’imaginais une histoire d’aventure psychologique, un film d’atmosphère inspirée par des écrivains comme Jack London, Tobias Wolf, Jim Harrison, Raymond Carver, … Hubert et moi étions sur la même longueur d’ondes. »
C’est donc mardi dernier qu’a débuté pour Marion le tournage de son tout nouveau long métrage. Pour cette histoire à la fois intime et exotique, elle a décidé de s’entourer le mieux possible, convoquant trois acteurs avec qui elle avait déjà travaillé et qui ne lui ont laissé que de bons souvenirs…
» Ces hommes, je les connaissais dès le départ : trois acteurs avec qui j’avais travaillé, avec qui j’avais envie de retravailler, que j’avais envie de réunir. Écrire du sur-mesure pour Olivier Gourmet, Sergi Lopez et John Lynch (rôle principal dans The Quarry (La Faille)) » était un bonheur »
Trois comédiens d’exception donc, évidemment heureux de renouer avec l’ambiance bienveillante des plateaux de la réalisatrice. Une ambiance qui n’empêche pas un travail intense et une réelle tension… dramatique
« La direction de comédiens me passionne. Les tenir et en même temps les laisser libres. Les stimuler, leur faire comprendre vers où je tente d’aller. Les aimer surtout. L’idée d’être maître d’œuvre, un peu comme un chef d’orchestre et d’avoir face à moi trois hommes dans la force de l’âge, dominant parfaitement techniquement et émotionnellement leur art ne me fait pas peur. Au contraire, c’est extrêmement stimulant. Olivier, Sergi et John sont des Stradivarius. Ils sont capables de donner toutes les subtilités, les couleurs, les ambiguïtés, les émotions pour faire vivre magnifiquement à l’écran les rôles qu’ils interprètent. »
Avec trente jours de tournage, le planning reste sinon confortable, du moins suffisant. L’équipe ne quittera la Croatie qu’au tout début du mois de juillet.
« Au final, ce film est une coproduction, je pense inédite entre la Belgique, les Pays-Bas et la Croatie », précise la réalisatrice. « Du coup, mon équipe technique a un peu évolué. Même si, bien sûr, j’en ai gardé la base. Je ne me séparerai pas de gens comme Henry Morelle, Didier Frateur (cadre lumière), Dominique Guerrier, Monique Marnette, Marianne Lambert (directrice de prod sur le tournage) ou Michèle Houbinon (montage image). Mais je vais aussi par la force des choses travailler avec des techniciens croates et un compositeur hollandais, par exemple.
Six distributeurs ont déjà marqué leur accord pour sortir le film en France, au Canada, en Espagne, en Allemagne et bien sûr en Belgique où ce sera à nouveau Cineart qui placera le film en salles.
Un film qui s’inscrit parfaitement dans la filmographie déjà très riche de Marion Hänsel.
» Le film sera très physique. Ces trois hommes se confrontent et luttent ensemble dans une nature qu’ils connaissent mal. Les corps se soutiennent, s’affrontent, se touchent, s’épuisent. Les gestes, les regards, les dialogues, où souvent un personnage est hors-champ, accentuent cette difficulté à communiquer, renforcent la tension et l’émotion.
Sur le plan de la narration, j’ai l’impression de creuser en terrain connu mais que je voudrais encore approfondir. Si Joé et Homer sont demi-frères, ce n’est pas un hasard. Dans certains de mes films antérieurs, les liens de sang, la filiation, l’image du père ou son absence sont fortement présents. En amont du fleuve fait partie de cette même lignée. »