Hier soir, Nabil Ben Yadir, cinq comédiens et quelques figures historiques qui ont œuvré en 1983 étaient présents à Marseille pour la Première régionale de La Marche, un film qui prend encore plus de sens dans cette ville.
Maryline Laurin, cinevoxienne Marseillaise, était sur place et nous a envoyé quelques clichés sur le vif.
Présenter La Marche à Marseille est évidemment symbolique puisque c’est du quartier de la Caillole que s’est élancée en 1983 la marche historique pour l’égalité et contre tous les racismes.
Lors de l’avant-première dans les Bouches-du-Rhône, Nabil Ben Yadir a tenu à souligner qu’il était particulièrement fier de revenir à cet endroit où une partie du tournage a réellement eu lieu.
Nabil Ben Yadir avec la régionale de l’étape, Hafsia Herzi. ils seront à Bruxelles ce soir
L’équipe du film qui ne compte pas jouer les stars inaccessibles est venue à la rencontre du public pour signer des autographes, mais aussi répondre très longuement aux questions des spectateurs, questions qui touchaient au tournage, bien sûr, mais aussi à ce qui s’est passé ces trente dernières années et aux différences… ou ressemblances fortes entre ces deux époques. L’actualité de ces derniers jours en est une nouvelle preuve. En Belgique comme en France.
Nader Boussandel et Jamel Debbouze. Derrière eux, Hafsia Herzi
En trente années, on aurait pu penser que la situation des immigrés et plus largement celles des minorités et des gens en détresse sociale se seraient améliorées. Tout le monde hier était bien d’accord pour reconnaître que ce n’était pas vraiment le cas. Si des avancées ont été enregistrées, on assiste ces dernières années à un recul préoccupant des valeurs de solidarité et d’entraide. La crise financière est passée par là et les discours populistes et stigmatisants ont tendance à se radicaliser. La lutte des classes est devenue une lutte des peuples, même si les schémas ont peu changé.
C’est dire si le film tombe à un moment crucial, œuvre forte et émouvante, mais aussi rappel magistral que rien ne se résout en excluant l’autre. Et si en le regardant on a l’amère impression qu’en 2013 on pourrait revivre exactement les mêmes scènes et les mêmes désarrois, ce n’est pas une raison pour baisser les bras. Au contraire!
Sans surprise, la grande salle qui accueillait l’avant-première marseillaise (les organisateurs ont dû ajouter une projection tant il y avait du monde devant le cinéma) a été secouée au bout du générique final par une longue et vibrante standing ovation qui présage bien de ce qu’on pourrait vivre ce soir au Kinepolis de Bruxelles où Cinevox, avec le soutien de Belga Films et Entre Chien et Loup, recevra l’équipe du film présente hier le long de la Méditerranée.
Outre Nabil Ben Yadir, le réalisateur et Jamel Debouzze déjà annoncés, on est heureux de vous confirmer que Tewfik Jallab, Nader Boussandel, Hafsia Herzi et M’Barek Belkouk quatre des comédiens principaux de ce film seront des nôtres.
Tewfik Jallab, Jamel Debbouze et Nabil Ben Yadir, Toumi Djaidja qui a initié la marche en 1983 et qui a inspiré le personnage de Mohamed
Oui, ce seront eux les vedettes, preuve aussi que, par certains aspects, l’image des Maghrébins s’est quand même améliorée au moins dans les milieux artistiques.
Quand on sait que le dernier gros succès du cinéma belge francophone est Les Barons, que Morrocan Gigolos va probablement se hisser dans le duo de tête du box-office 2013 des films réalisés chez nous et que La Marche a tous les atouts pour faire encore (beaucoup) mieux, on se dit que c’est finalement sur le grand écran que la révolution douce, mais implacable, intelligente et émouvante a aujourd’hui lieu.
Dans un monde d’images, cette appropriation de l’espace médiatique pour livrer un discours positif avec la maestria des plus grands est une formidable arme de séduction massive.
Toumi Djaidja, Nabil Ben Yadir et Tewfik Jallab
Nous ne vous cacherons pas que nous avons hâte de vivre ce Cinevox Happening ce soir au Kinepolis et de découvrir l’accueil du public belge, puis de participer aux discussions qui suivront. Au-delà du pur divertissement (ce que le film est aussi), La Marche est clairement un des longs métrages de fiction les plus captivants de ces dernières années.
Petites dédicaces de Nabil, Hafsia Hersi (en bas à droite) et de Jamel Debbouze (en haut à droite)