Quoi? Déjà demain?
Hé oui, les Magritte, cinquième du nom sont à nos portes et cette édition promet d’être une des plus disputées qui soient. Il n’y a qu’à regarder les cinq films retenus au premier tour: du premier choix, rien que du tout premier choix !
Comme d’habitude, juste avant la manifestation, nous allons égrener nos pronostics. Il ne s’agit pas de barbouiller ce site de nos goûts personnels qui n’intéressent personne, mais de tenter de deviner qui va rafler les statuettes. Mouillons-nous donc sans bouée.
C’est la coutume aux Magritte, les trophées du meilleur film et du meilleur réalisateur n’ont jamais été dissociés jusqu’ici. Cette année ne devrait pas déroger à la tradition. Les deux titres devraient donc revenir de concert aux frères Dardenne pour Deux Jours, une nuit.
Présenté en compétition officielle à Cannes, couronné à Sidney, sélectionné par le comité belge pour représenter notre pays aux Oscar, honoré par le biais de Marion Cotillard d’une pluie de nominations et de récompenses aux États-Unis, notamment aux Oscars, Deux jours, une nuit, qui vient de recevoir le Guldebagge Award du meilleur film étranger en Suède, le prix de la critique en Turquie et celui du meilleur film francophone aux Prix Lumières est aussi nominé pour les Césars, qui seront remis deux semaines après les Magritte.
Après la déception provoquée par la piètre performance du Gamin au Vélo aux Magritte (un seul prix pour Thomas Doret), une éclatante revanche semble donc dans l’ordre des choses.
Un doublé? Oui sans doute.
Autre particularité des Magritte: jusqu’ici le prix du meilleur scénario n’est jamais revenu au film couronné dans la catégorie reine. Cette année encore, on le verrait bien tomber à nouveau dans la besace de Lucas Belvaux récompensé en 2013 pour 38 Témoins.
Pas son genre devrait d’ailleurs doubler la mise avec un Magritte de la meilleure actrice pour Émilie Dequenne, tellement exceptionnelle dans cette comédie romantique qu’elle semble être la logique favorite de l’épreuve. Et peu importe qu’elle ait déjà remporté le prix en 2013.
Chez les messieurs la lutte sera titanesque entre Benoit Poelvoorde (les rayures du zèbre), le chouchou de l’épreuve Bouli Lanners pour Lulu femme nue, le maître de cérémonie des deux dernières éditions, Fabrizio Rongione pour Deux jours, une nuit et le président de cette soirée : François Damiens pour Je fais le mort.
A priori, vu la concurrence, le grand Ben ne devrait pas faire le doublé d’autant qu’aucun des trois autres n’a encore été couronné dans cette catégorie. Comme je fais le mort et Lulu femme nue sont des films moins forts que Deux jours, une nuit, nous ne serions pas étonnés de voir Fabrizio Rongione, ébahi et ravi, sur la scène de Square.
Pour les seconds rôles, la bagarre sera également terrible entre Olivier Gourmet dans La marche, Jérémie Renier dans Saint Laurent et François Damiens dans Suzanne qu’on imagine fort bien émerger dans un remake du prix attribué à Yolande Moreau pour son second rôle dans Camille redouble alors qu’elle était présidente. David Murgia ne nous en voudra pas de penser que son heure viendra dans une autre édition.
Rayon espoirs, Matteo Simoni révélation de Marina était un favori naturel jusqu’à ce que Marc Zinga commence à faire parler de lui : nominé aux César pour Qu’Allah bénisse la France, le voilà engagé dans le nouveau James Bond.
Cela dit, ces deux nouvelles sont tombées un peu tard pour convaincre les indécis et beaucoup de gens qui lui prédisent le titre aujourd’hui… ne connaissaient pas ce formidable comédien il y a un mois. À tel point que lorsque les médias mainstream ont présenté les nominés belges aux César, une bonne moitié l’a tout simplement oublié.
Chez les dames, le Magritte du meilleur second rôle pourrait aller à Lubna Azabal dans La marche où elle illumine un rôle fort développé et chez les espoirs Ambre Grouwels, époustouflante dans Baby Balloon nous semble légitime. Hande Kodja qui fête son anniversaire aujourd’hui (happy happy!) pourrait lui mener la vie dure, mais Rosenn a été très très peu vu, ce qui est un gros handicap.
Pour les Magritte techniques, avantage à Soldout pour la B.O. de Puppylove, à Hubert Pouille (déjà vainqueur aux Ensors) pour les décors de Marina qui remportera sûrement le prix du meilleur film flamand et peut-être celui des meilleurs décors (ce qui pourrait lui faire quatre prix en tout). Ces décors sont signés Catherine Marchand ,elle aussi récompensée aux Ensors.
Enfin, Benoît De Clerck et Thomas Gauder pourraient être distingués pour le son de Deux jours, une nuit et Manu Dacosse pour l’image de L’étrange couleur des larmes de ton corps.
Restent le Magritte du meilleur court métrage qui semble destiné à La Bûche de Noël des incontournables Patar et Aubier, aussi nommés aux César, et celui du meilleur film étranger en coproduction qu’on réservera (sans avoir envie de mettre sa main au feu) à Minuscule, la vallée des fourmis perdues d’Hélène Giraud et Thomas Szabo pour ne pas quitter l’anime.
Quant au Magritte du Meilleur docu, on ne serait pas du tout surpris qu’il revienne à L’âge de raison – Le cinéma des frères Dardenne de Luc Jabon et Alain Marcoen, histoire de rester cohérents avec les couleurs de la soirée, très liégeoises, très Dardenne.
Ou pas…
C’est cela la beauté des Magritte.