Magritte du cinéma 2017: faites vos jeux

Samedi soir aura lieu la 7ème édition des Magritte du Cinéma, qui viendra couronner certains des films et des talents belges qui ont marqué l’année cinéma 2016. Cette année plus que jamais, le suspense est à son comble. Bien malin celui qui pourra se targuer de prédire les résultats. On est loin du raz-de-marée prédit l’année dernière au Tout Nouveau Testament! Petit tour d’horizon des forces en présence…

 

 

Meilleur film, meilleur premier film, meilleur réalisateur

Cela a pu susciter de l’étonnement, de l’agacement voire de l’énervement, mais l’une des grandes surprises de cette 7ème édition des Magritte a eu lieu dès l’annonce des nominations: les frères Dardenne et leur Fille Inconnue ne prendraient pas part aux débats finaux… Cette absence ouvre notamment la voie à trois premiers films, qui en plus donc de concourir dans la catégorie qui leur est dédiée, se faufilent également dans le quintette final.

Côté vétérans (sauf leur respect), on retrouveJoachim Lafosse pour L’Economie du Couple et Bouli Lanners pour Les Premiers les Derniers. Tous deux ont déjà remporté la statuette dévolue au Meilleur film, mais aussi au Meilleur réalisateur, respectivement pour A perdre la raison et Les Géants. Joachim Lafosse a fait sensation avec L’Economie du Couple, qui a bouleversé la Croisette, par l’évidence et l’universalité de son sujet (une séparation…), et la justesse de son traitement. Bouli Lanners quant à lui livre avec Les Premiers les Derniers son film surement le plus personnel, et a pu toucher directement au coeur de nombreux votants.

Avouons-le à ce stade, difficile de se prononcer. D’autant que c’est sans compter sur la réussite indéniable des 3 premiers films en lice, Je me tue à le dire, Keeper et Parasol, qui révèlent chacun à leur manière des auteurs aux intentions claires et aux univers forts, et qui pourraient bien venir sur le fil arbitrer ce duel fratricide entre Les Premiers les Derniers et L’Economie du Couple, deux productions emblématiques de la société liégeoise Versus. Ce qui est sûr, c’est que c’est l’un de ses trois films qui sera primé pour le Magritte du Meilleur premier film. Mais lequel? Les votants ont-ils préféré l’humour noir de Je me tue à le dire, l’hyper-réalisme du quotidien de Parasol, ou les hyper-sensibles amours adolescentes de Keeper? Vous permettrez que l’on s’abstienne de répondre à cette question épineuse…

 

 

Meilleur acteur, meilleure actrice

Voilà bien une catégorie où généralement se distinguent des favoris, tant elle tend à venir consacrer des rôles qui eux-mêmes consacrent une carrière. Enfin, sauf l’année dernière, où l’on se souvient encore de la surprise générale à l’annonce des victoires de Wim Willaert (Je suis mort mais j’ai des amis) et Veerle Baetens (Un  début prometteur), non pas qu’ils aient démérité bien sûr, mais plutôt parce que l’on s’attendait peut-être à voir Bouli Lanners ou Annie Cordy l’emporter.

Cette année, les forces en présence panachent acteurs stars et révélations. Côté acteur, François Damiens propose une prestation forte dans un rôle à contre-emploi dans Les Cowboys. Souvent nommé aux Magritte, il n’a encore jamais gagné. Est-ce pour lui l’année de la consécration? Chez les actrices, Virginie Efira, nommée pour Victoria, est certainement en tête des sondages, tant sa prestation dans le film lui a valu une reconnaissance critique interstellaire à l’automne. On n’est bien sûr pas à l’abri d’une surprise, car 2016 n’a pas été avare en prestations remarquables, et les 6 autres comédiens et comédiennes en lice sont de sérieux outsiders. On touche là pleinement aux limites de l’exercice.

 

 

 

Chez les seconds rôles, on relève là aussi pas mal d’habitués. Chez les hommes, cela devrait se jouer entre Laurent Capelluto (5 nominations et deux Magritte au compteur), toujours impeccable dans Je suis un soldat, et David Murgia (6 nominations et un Magritte au compteur), qui propose une nouvelle prestation hallucinée dans Les Premiers les Derniers. Chez les femmes, on retrouve également face à face deux habituées des Magritte, Catherine Salée (4 nominations et 1 prix) et Anne Coesens (4 nominations, 2 prix). Il se pourrait que la première l’emporte servie par sa prestation bien sûr, mais aussi par l’effet Keeper, nommé 8 fois.

 

Et chez les espoirs? Ah, que cet exercice est cruel… Côté féminin, relevons néanmoins la présence de Salomé Richard, qui porte haut les couleurs de Baden Baden, le premier film de Rachel Lang, où elle est de presque tous les plans, et qui faisait également partie des révélations 2017 des Césars. Bon, on notera que la jeune Martha Canga Antonio, époustouflante pour son premier rôle dans Black, a déjà reçu un Ensor (les prix du cinéma flamand) pour cette prestation… Côté espoir masculin, Yoann Blanc, qui développe quant à lui toute son intensité dans Un homme à la mer, pourrait bien bénéficier de l’impact résiduel de son autre rôle de l’année, celui de l’inspecteur Peeters dans La Trêve.

 

 

Côté courts

Prenons au moins un pari: Hélicotronc devrait remporter haut la main la catégorie Court métrage de fiction, et pour cause, les trois films nommés viennent de son écurie. Deuxième Magritte du court d’affilée en tous cas pour la société saint-gilloise, déjà lauréate l’année pour L’Ours Noir, réalisé par Xavier Seron et Méryl Fortunat-Rossi, à nouveau en lice cette année pour Le Plombier. Vu leur victoire en 2016, et les nombreuses nominations de Xavier Seron pour Je me tue à le dire, soyons fous, et avançons que la statuette reviendra à l’un des deux autres films, peut-être au film d’Emannuelle Nicot, A l’arraché, qui a fortement marqué les esprits à Namur.

 

Côté animation, on est face à trois propositions brillantes et très différentes, mais la brûlante actualité d’Estate de Ronny Trocker (le film offre un regard sur la situation des migrants en Europe) pourrait lui donner une longueur d’avance…

 

 

 

Et les autres prix?

Prenons quelques risques. Pour le Magritte du Meilleur film étranger en coproduction, et en se basant sur les statistiques, relevons que les films d’animation ont la côte et que la magnifique Tortue Rouge de Michael Dudok de Wit a dû séduire plus d’un votant. Pour le Magritte du Meilleur film flamand, Black devrait l’emporter, vu sa notoriété, sa côte d’amour, les nominations de ses deux acteurs principaux, de sa musique, de ses costumes…

 

 

 

Du côté du Magritte du Meilleur scénario, on notera que celui-ci a échappé et à Bouli Lanners, et à Joachim Lafosse l’année de leur sacre pour Les Géants et A perdre la raison, c’est peut-être bien le tour de l’un des deux cette année. Enfin pour le Magritte de la Meilleure image, notons qu’Olivier Boonjing, nommé pour Parasol, était également éligible pour son travail sur Je me tue à  le dire. Il pourrait bénéficier positivement de ce report de voix, et de ses deux propositions esthétiques fortes découvertes cette année.

 

Et vous, quels sont vos pronostics? On en reparle samedi soir ? Rendez-vous sur Facebook et Twitter pour suivre en direct la Cérémonie!

 

NB: les spectateurs de notre prochain Cinevox Happening spécial Magritte seront invités à prédire les résultats pour le Magritte de la Meilleure actrice et du Meilleur acteur, et auront ainsi l’opportunité d’être tirés au sort pour assister « en vrai » aux Magritte 2018! 

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