L’Académie André Delvaux vient de révéler les résultats du premier tour de vote pour la 7ème édition des Magritte du Cinéma. On pressentait que cette édition serait très ouverte, mais on serait presque surpris d’avoir vu si juste! Ainsi, 5 films tiennent le haut de l’affiche, et se partagent les nominations dans les 3 catégories phares, Meilleur film, Meilleur Réalisateur et Meilleur Scénario.
Je me tue à le dire, Keeper, L’Economie du Couple, Les Premiers les Derniers et Parasol seront donc en lice pour décrocher le Graal. Trois premiers films en course donc, ce qui vient confirmer l’extraordinaire vitalité dont le cinéma belge a pu faire preuve cette année, et la déferlante de nouveaux talents à surveiller de près, qui ont fait mieux que confirmer les espoirs placés en eux. Keeper totalise 8 nominations, tandis que Je me tue à le dire et Parasol en totalisent 7 chacun. Il est bon de noter que ces films sont nommés aussi bien dans les catégories « phares », que dans les catégories techniques, de même en partie que leurs comédiens, démontrant ainsi l’indéniable qualité artistique mise en oeuvre. Ainsi dans la catégorie « Montage », souvent trustée par des cadors de la profession, on retrouve cette année les 3 premiers films sus-cités, leurs monteurs (et monteuses) étant eux-mêmes nommés pour la première fois.
Deux habitués des Magritte s’en sortent néanmoins avec les honneurs. Bouli Lanners récolte 8 nominations pour Les Premiers les Derniers: meilleur film, réalisateur et scénario donc, mais aussi meilleur acteur pour Bouli Lanners lui-même, meilleur acteur dans un second rôle pour l’incontournable David Murgia, meilleure image, meilleurs décors, et meilleurs costumes pour 3 de ses fidèles déjà nommés – voire primés – pour Les Géants. Joachim Lafosse, qui rappelons-le, présentait deux films cette année, Les Chevaliers Blancs et L’Economie du Couple, est bel et bien présent dans les trois catégories phares avec L’Economie du Couple, qui offre également une nomination dans la catégorie meilleur espoir aux jeunes jumelles Jade et Margaux Soentjens.
L’une des surprises de ces nominations, c’est bien sûr l’absence que l’on pourra regretter de La Fille Inconnue des frères Dardenne, mais il faut dire que l’offre cette année était qualitativement pléthorique, et que l’heure semble au renouvellement des visages, ce que l’on constate d’ailleurs dans les catégories consacrées aux acteurs et aux actrices. On y retrouve bien évidemment quelques valeurs sûres. On aurait était surpris de ne pas voir une double nomination pour Virginie Efira (meilleure actrice pour Victoria, meilleur second rôle pour Elle) tant ses prestations semblaient avoir fait l’unanimité, une citation pour François Damiens, bouleversant dans un rôle à contre-emploi dans Les Cowboys, ou encore pour Laurent Capelluto (qui se met littéralement à nu dans Je suis un soldat), nommé pour la sixième fois (oui, sixième!) dans la catégorie meilleur second rôle, qu’il a déjà remportée à deux reprises.
On soulignera néanmoins que certains incontournables de la catégorie, pourtant éligibles, ne sont pas nommés cette année, au profit de nouvelles têtes, confirmations bienvenues (comme Astrid Whettnall, magnifique dans La Route d’Istanbul, ou Jean-Jacques Rausin, époustouflant dans Je me tue à le dire), ou surprises du chef ( la discrète mais bouleversante Jo Deseure dans Un homme à la mer, ou la révélation masculine de Black, Aboubakr Bensaihi). On reviendra plus longuement sur ces catégories acteurs et actrices, mais notons d’ores et déjà la jolie nomination de Julienne Goeffers, jeune première de 74 ans, qui illumine de sa spontanéité le Parasol de Valéry Rosier.
Dans la catégorie meilleur film flamand, place également aux premiers longs métrages, avec les singuliers Problemski Hotel de Manu Riche et The Land of the Enlightened de Pieter-Jan De Pue, qui auront néanmoins fort à faire face à deux valeurs sûres, Belgica de Felix Van Groeningen et Black d’Adil El Arbi et Bilall Fallah. Dans la catégorie meilleure coproduction internationale, on relèvera la 8ème (rien que ça) nomination pour Les Films du Fleuve des frères Dardenne (qui ont coproduit cette année Les Cowboys de Thomas Bidegain qui vaut une nomination à François Damiens).
En lice dans la catégorie court métrage d’animation, trois films audacieux, Estate de Ronny Trocker, Pornography d’Eric Ledune, et Totems de Paul Jadoul. Dans la catégorie meilleur documentaire, trois films forts et engagés, En bataille, portrait d’une directrice de prison d’Eve Duchemin, Intégration Inch’allah de Pablo Munoz Gomez et La Terre Abandonnée de Gilles Laurent. Enfin dans la catégorie court métrage de fiction, on notera l’exploit d’Hélicotronc, qui truste les trois places disponibles avec trois productions maison: A l’arraché d’Emmanuelle Nicot, Les Amoureuses de Catherine Cosme, et après L’Ours Noir du même duo, lauréat en 2016, Le Plombier de Méryl Fortunat-Rossi et… Xavier Seron, qui décompte donc à lui tout seul pas moins de 4 nominations pour cette 7ème édition des Magritte du cinéma!