Magritte 2014 : nos pronostics [1/Les Films]

Chaque année, c’est un rituel, on s’amuse, la veille des Magritte, à pronostiquer le nom des lauréats qui seront récompensés sur la scène de Square. En général on s’en sort plutôt bien.

Pour cette édition, on sait qu’après le premier tour de scrutin, deux films menaient la danse : Tango Libre avait glané 10 nominations et Au Nom du Fils sept. Si le succès du film de Frédéric Fonteyne était attendu, celui du coup de poing au plexus de Vincent Lannoo l’était moins.

Produit hors des sentiers battus, dans une configuration discrète, sorti à l’arrache, il n’avait pas vraiment le profil d’un film capable de briller dans une cérémonie « institutionnelle ». Et pourtant…

 

Moins en évidence, avec seulement trois nominations, Ernest et Célestine réalisait pourtant un carton plein. Cette coproduction, financièrement minoritaire, n’était en effet en course que dans trois catégories. Du coup, on ne serait pas surpris que la (fausse) surprise de la soirée ait l’allure d’un ours et d’une souris.

 

Rappelons que ce qui suit n’est en rien un avis personnel. On tente ici d’imaginer les choix des membres de l’Académie André Delvaux d’après les palmarès précédents, le profil des films, leur succès en salles et leur e-réputation.

 

 

MEILLEUR FILM – MEILLEUR REALISATEUR

 

Jusqu’ici, aux Magritte, le réalisateur qui a vu son film sacré « meilleur film de l’année » a toujours empoché le « Magritte du meilleur réalisateur ».  Il n’est pas impossible que le premier split ait lieu cette année. Pas certain, mais pas impossible.

 

Un Magritte du meilleur film pour Ernest et Célestine (la nomination aux Oscars a pu frapper les imaginations) et un Magritte du meilleur réalisateur pour Fred Fonteyne ne sont pas à exclure.

En effet, les brillantissimes Stéphane Aubier et Vincent Patar n’ont pas réalisé seuls Ernest et Célestine, initié par le cinéaste français Benjamin Renner. La théorie de prix dissociés n’est donc pas à rejeter. A priori, les deux films devraient se tenir de près.

Cela dit, rappelons une dernière fois que les Magritte ne sont pas le résultat d’une réflexion collective mais de l’addition de votes individuels et secrets. Le résultat n’est pas toujours celui qui peut sembler logique et la consensualité a moins la place ici qu’en festival par exemple. Les commentaires récurrents qui prétendent qu’un film « a gagné trop de prix, qu’il « faut en laisser pour les autres » ne reposent donc sur aucun fait objectif.

 

 

 

PREMIER FILM – COURTS – DOCUS – COPRODUCTIONS

 

Le Magritte du meilleur premier film ne devrait pas échapper à Une Chanson pour ma mère. Des trois films retenus, c’est celui qui a été le plus vu et il s’agit ici d’un vote du public. Sur Internet les campagnes d’Une Chanson… et de BXL/USA ont été d’intensité égale. C’est un indice, car les productions qui n’ont pas été promues par ce canal ont été balayées.

 

 

Le trophée de la meilleure copro étrangère devrait revenir à la Vie d’Adèle (Scope Pictures) qui glâne des récompenses un peu partout et celle de la meilleure coproduction avec la Flandre à la Cinquième saison qui est presque un film francophone : ce n’est pas Entre Chien et loup qui nous démentira.

 


Pour le court métrage, Welkom de Pablo Munoz Gomez (produit par Mediadiffusion) part favori, mais Partouze de Matthieu Donck ne devrait pas être loin. Côté documentaire The sound of Belgium de Jozef Devillé a été beaucoup vu et commenté. On lui donne une encolure d’avance. Mais la sortie en salles de La Nuit qu’on suppose de Benjamin d’Aoust pendant la période de vote a augmenté sa visibilité. Outsider, donc.

 

 

LES MAGRITTES TECHNIQUES

 

Objectivement, les Magritte techniques sont toujours les plus difficiles à attribuer, car ils exigent qu’on désosse un film pour en mettre en valeur un aspect particulier. La solution de facilité voudrait que quand on aime un film on vote pour toutes les cases où il a été nommé, mais un coup d’œil au palmarès des Magritte montre que ce n’est (heureusement) pas le cas ici.

 

Deux des trois chefs op en lice cette année ont déjà remporté le Magritte. On ne serait donc pas ébahi que le trophée revienne enfin à Virginie Saint-Martin pour Tango Libre. Mais Hichame Alaouié a fait très fort avec Les Chevaux de Dieu et pourrait réaliser un doublé historique après son Magritte 2013 pour L’hiver dernier.

 

La sonorisation d’un film d’animation est toujours plus spectaculaire que celle d’un long métrage live. On ne serait donc pas surpris qu’Emmanuel de Boissieu, Frédéric Demolder, Franco Piscopo et Luc Thomas soient récompensés pour leur merveilleux travail sur Ernest et Célestine.

 

Rayon décors, on verrait bien Véronique Sacrez distinguée pour Tango Libre et pour les costumes, personne ne criera au scandale si Catherine Marchand s’impose pour sa participation à Vijay and I.

 

 

 

Enfin, les Magritte du meilleur montage et de la meilleure musique pourraient valoir aux films récompensés leur unique récompense: Marie-Hélèene Dozo, monteuse des frères Dardenne pourrait être récompensée pour Kinshasa Kids tandis qu’on ne serait pas abasourdis qu’Ozark Henry rapporte un trophée à Le Monde nous appartient de Stephan Streker.

 

[© Luk Monsaer]

 

Pour plus d’informations sur les différentes catégories, nous vous conseillons d’aller jeter un coup sur le formidable site officiel des Magritte du cinéma (ICI) où tous les films et artistes nommés sont passés en revue. 23 articles ont été consacrés à tous les aspects de la Cérémonie, de quoi apprendre énormément de choses sur le cinéma belge et suivre la cérémonie en toute connaissance de cause.

 

Pour faire plus court, la listes des nominations est disponible ici

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