Little Glory : le rêve américain.

Shawn (19 ans), un jeune oisif largué depuis la mort de sa mère, vit avec sa sœur Julie (7 ans) et son paternel imprévisible et volontiers violent. Quelques vols et autres bêtises avec son pote Matt lui permettent de remplir ses courtes journées. Mais quand le père tombe saoul d’un échafaudage, Shawn se retrouve orphelin et sans le sou. Sa tante réclame la garde de la petite Julie sans même en parler au grand frère qui n’inspire confiance à personne sauf à son chien, Richard.

Touché dans son orgueil, Shawn décide de s’occuper de sa sœur qu’il connaît finalement assez peu. Mais le jeu en vaut la chandelle : à la clé, il y a de l’argent, beaucoup. Assez pour consacrer tout son temps à sa Playstation chérie sans se préoccuper d’autre chose.

Il se révèle hélas bien plus compliqué de prendre soin d’une fillette que de passer les niveaux de jeux vidéo.

La partie n’est pas gagnée, ni pour Shawn, ni pour Julie…

 

Shawn, Matt? On n’a pas l’impression d’être du côté de Wépion ou de Quévy. Avec Little Glory, Vincent Lannoo nous emmène en fait dans le Michigan. Avec des acteurs anglo-saxons. Un univers de film indépendant façon Sundance. Sauf qu’une bonne part de ce drame a bien été tournée en Wallonie. Ha ! La magie du cinéma !

 

 

Vincent Lannoo n’est pas un nouveau venu dans le sérail des réalisateurs belges. Little Glory est déjà son troisième long métrage. En fait, le grand Vincent est un peu le Michael Winterbottom belge, un cinéaste caméléon capable d’aborder à chaque long métrage un registre différent. A son palmarès : Strass, Vampires (prix du jury au BIFFF), Little Glory, donc, et le tout récent Au Nom du Fils qu’il vient de terminer. Chacun évolue sur ses propres terres, selon ses propres codes. Un film, un univers, un genre aussi. Qu’on ne s’y trompe pas : Vincent Lannoo est un surdoué. Hyper sympathique en plus, ce qui ne gâche rien.

 

 

Dans Little Glory (découvrez ICI la bande-annonce), chaque plan, chaque séquence, chaque note de musique, chaque chanson respirent l’admiration que le réalisateur voue à type de long métrage qu’on estampillerait volontiers « Sundance ». Il en maîtrise les codes, les climats, le rythme également. Son film a tous les atouts pour séduire ceux qui ont aimé Winter’s Bone, par exemple. Ceux qui se repaissent d’un cinéma américain qui épouse au plus près la trajectoire de personnages chamboulés par la vie et qui se débattent ou s’abandonnent selon les circonstances et l’humeur

 

 

Son grand atout pour attirer le public? La présence du magnétique Cameron Bright (dans les bras du réalisateur au festival de Rome), qui, les demoiselles s’en souviennent sûrement, incarne Alec dans Twilight. Avant son rôle dans la saga vampires que, Cameron a presté dans X-Men 3 de Brett Ratner. Il y campait le mutant Leech. Il était aussi à l’affiche de l’excellent Thank You For Smoking, le pamphlet de Jason Reitman nominé aux Golden Globes. Cameron y jouait le fils d’Aaron Eckhart.

Dans le thriller de Wayne Kramer, Running Scared, il épaulait Paul Walker et dans l’étrange Birth, on le voyait aux prises avec une Nicole Kidman au bord de la crise de mère. Sa performance dans ce thriller flippant lui permit d’ailleurs de remporter le Broadcast Critics Choice Award for Best Young Actor.

Les films d’horreur avec enfant problématique semblent une bénédiction pour la jeune star qui figure au générique de Godsend grâce auquel il croise Robert DeNiro et Greg Kinnear. Joli palmarès, non?

Parmi les récents longs métrages de Cameron on note, outre Little Glory, Walled In, Normal et An American Affair.  Preuve que le jeune homme a de vraies ambitions cinématographiques.

Avouez qu’on ne trouve pas tous les jours dans un drame social belge des acteurs ricains avec ce pedigree.

 

 

Lors du Be Film festival qui s’est tenu en décembre dernier (déjà…), Little Glory fut présenté pour la première fois aux spectateurs belges, devant une salle comble. L’occasion de rencontrer une belle équipe hétéroclite, mais soudée. Aux côtés de Vincent Lannoo, exubérant et rigolard, comme à son habitude, son producteur John Engels qui l’a accompagné dans cette folle entreprise et quatre de ses comédiens (de gauche à droite) : Martin Swabey (« on retournera ensemble, c’est certain »), la délicieuse Astrid Whettnall (« je cherchais une actrice, j’ai trouvé un chef-d’œuvre ») Hannah Murray (« la seule personne devant laquelle je suis complexé de parler en anglais ») et la petite Isabella Blake-Thomas qu’il prend dans ses bras quand émue et impressionnée par le nombreux public, elle fond en larmes.

 

Film étonnant, car inclassable dans l’univers  l est vrai très hétérogène du cinéma belge, Little Glory ouvre les portes d’une coproduction totalement atypique puisqu’à l’origine le scénario se déroulait en Wallonie. Ce qui montre son universalité. Et son urgence.

 

 

 

 

 

 

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