Ainsi donc, Ennemi Public a entamé sa carrière télévisée sur des chapeaux de roues, réunissant 445.000 téléspectateurs en direct sur la Une dimanche dernier. A ce chiffre astronomique viennent évidemment s’ajouter tous ceux qui ont ensuite regardé les épisodes sur l’Auvio de la RTBF, désormais plus ergonomique et complet. La curiosité a été telle qu’il était très compliqué de visionner les deux premiers épisodes lundi durant l’essentiel de la journée.
Comme nous le pressentions, cette série, plus proche des standards de la RTBF à une heure de grande écoute que La Trêve, a immédiatement trouvé un auditoire assez large qui devrait s’accrocher à son os pendant les quatre prochaines semaines. Tout bénéfice pour le cinéma belge et les très nombreux acteurs qui animent une série ancrée dans l’air du temps et soutenu par la chaîne avec une ferveur qui dépasse (de loin) l’enthousiasme mis à défendre La trêve.
Outre le nombre de spectateurs répertoriés, ce qui frappe surtout, c’est le flot des réactions positives. (Très) peu de remarques (un peu) désobligeantes et des qualificatifs dithyrambiques en pagaille ont ainsi suivi la diffusion des deux premiers épisodes sur les réseaux sociaux. #ennemipublic était même top trend sur Twitter Belgique dimanche soir. On voit donc mal ce qui pourrait endiguer un raz-de-marée ce dimanche.
Avec ces séries du cru, la RTBF semble avoir trouvé son nouvel étendard et la Fédération Wallonie-Bruxelles un excellent moyen d’intéresser le spectateur au cinéma belge. Nous serons les derniers à nous en plaindre. Surtout si le transfert d’attention, du petit vers le grand écran, s’opère réellement.
Mais la RTBF n’est bien sûr pas la seule à diffuser des séries fleurant bon les artistes belges. Sans parler des chaînes flamandes qui, de longue date, ont fait de ces productions locales un de leurs chevaux de bataille, on note actuellement deux autres séries qui, pour des raisons diverses, devraient vous intéresser.
Les abonnés à BeTV vont, par exemple, pouvoir découvrir ce week-end, les deux premiers épisodes de Baron Noir.
Quand on parle de séries politiques, le premier exemple qui vient à l’esprit est House of Cards (et The West Wing avec Martin Sheen, si vous êtes plus vieux). Certains d’entre vous ont aussi vu la série danoise Borgen. Quelques curieux ont adoré Le Mari de la ministre, brillante mini-série anglaise avec David Tenant. Côté français Netflix a sorti Marseille hier, mais les premières critiques ne donnent guère envie de s’y plonger.
Par contre, croyez-nous sur parole, Baron Noir est fort réussi.
On y suit ici Philippe Rickwaert (excellent Kad Merad), député du Nord et maire de Dunkerque, âme damnée du nouveau président de la République, le PS Francis Laugier (Niels Arestrup égal à lui-même). Mais lorsque la police s’intéresse soudain à un détournement de fonds dans l’office HLM de la ville, la vie des deux hommes va basculer. La chute semble inéluctable, mais de stratégie politicienne en stratagèmes bancals, ils tentent de se maintenir le plus longtemps possible, assis sur le dos du taureau déchaîné. Au risque de sacrifier tous leurs proches. Et leurs idéaux.
Si nous évoquons ici cette série française, c’est parce qu’elle met en vedette trois acteurs belges. Philippe Résimont est Daniel Kalhenberg, l’autre forte tête du PS, Erika Sainte est Fanny Alvergne, membre active de l’équipe de Rickwaert et, surtout, Astrid Whettnall, incarne Véronique Bosso, 1re adjointe au maire de Dunkerque. Elle hérite ici du 4e rôle de la série (carrément !), un personnage clé, omniprésent qui va gagner en importance au fil des épisodes.
Comme nous le disions en préambule, la série est une vraie réussite. Loin d’être une copie servile et forcément pâle de House of cards, elle plonge ses racines dans un paysage politique fort différent, mais (hélas) hyper réaliste. Le succès a été tel qu’une deuxième saison est déjà en chantier. Astrid Whettnall sera bien sûr de la partie.
Après sa prestation magnifique dans La route d’Istanbul, encensée par la presse française (sortie le 11 mai chez nous), la nouvelle grande dame du cinéma belge poursuit son irrésistible ascension. On ne va pas la ramener, mais il me semble bien que ce soit ici qu’on a entendu parler d’elle avec le plus d’enthousiasme ces dernières années, non ? 😉
Dans sa case fétiche du jeudi soir (LA référence des amateurs de séries européennes), Arte (re)diffuse actuellement les huit épisodes d’une très récente et épatante série européenne, résultant d’une coproduction entre le Danemark, l’Allemagne, l’Autriche et la Belgique : The Team.
Après le meurtre de trois prostituées, selon le même mode opératoire, à Copenhague, Berlin et Anvers, une « équipe commune d’enquête » (ECE) est formée par Europol, l’agence européenne de police. Les enquêteurs Harald Bjørn, de la police danoise, Jackie Mueller, de la police allemande et Alicia Verbeek, de la police belge, doivent coopérer.
L’idée est originale et permet de faire voyage l’intrigue et les personnages à travers l’Europe (comme dans la série The Spiral, moins réussie). Si le suspect initial est belge francophone (mais l’acteur est suisse), les autres personnages belges sont flamands. Incarnés par des acteurs d’envergure : Alicia Verbeek est interprétée par Veerle Baetens tandis qu’un des grands méchants est campé par Filip Peeters. Koen De Bouw, Hilde Van Mieghem ou Marijke Pinoy (dans un petit rôle très marquant) sont également de la partie.
D’initiative danoise, cette série, aussi emmenée par le charismatique Lars Mikkelsen (le grand frère de Mads) et l’Allemande Jasmin Gerat, exploite à fond son potentiel continental et surprend par une thématique et un développement qui tranche avec ce qu’on voit pour l’instant. La série est visiblement à l’aise côté production, mais l’argent sert l’intrigue et le plaisir des yeux. Une jolie réussite.
Si vous êtes intéressé, l’idéal est encore de la regarder en replay sur Arte +7 où on dispose de la V.O. sous-titrée.
Ces trois séries sont l’occasion pour nos acteurs de se mettre en avant sur des territoires primordiaux pour eux : la Fédération Wallonie-Bruxelles pour les acteurs d’Ennemi Public en attendant probablement la Suisse et la France, la France pour notre trio vedette de Baron Noir qui va bientôt crouler sous les propositions et de nombreux pays européens pour les comédiens flamands de The team. Comment s’étonner dès lors que des acteurs phare du cinéma du nord ait accepté de relever le défi ?
Les artistes flamands sont encore à l’honneur via une dernière série actuellement visible (mais uniquement par le biais du net par les plus futés d’entre vous). Containment est une série télévisée américaine, … adaptée de la série belge Cordon (Eyeworks). Elle est diffusée depuis le 19 avril 2016 sur le réseau The CW et depuis le 25 avril 2016 sur le réseau Global2 au Canada.
Comme dans la version originale, la série commence avec le déclenchement d’une épidémie qui oblige les autorités à isoler une grande ville : Atlanta ici, Anvers dans la version originale, écrite par Carl Joos et réalisée par Tim Mielants avec des acteurs bien connus des petits écrans flamands, parmi lesquels l’omniprésente Veerle Baetens qui réussit l’exploit de se multiplier sans nous lasser.
Les séries comme tremplin pour les grands rôles du grand écran ? Le mouvement semble inéluctable. En espérant que le spectateur ne se contente pas d’attendre un peu paresseusement que nos meilleurs acteurs déboulent sur leurs petits écrans. Ce serait dommage de se priver d’eux en format XXL.