Les recettes de l’autre cinéma belge…

Pendant des années, on a considéré que le cinéma belge francophone était le champion des festivals pendant que le cinéma belge flamand était taillé pour le box-office. Si le premier n’est toujours pas le chouchou du public d’ici, le second est depuis deux ou trois ans en train d’effacer tous ses complexes au niveau international.  Ben X, Adem, Rundskop, Hasta La Vista, les courts Dood van een Schaduw ou Oh Willy…, pour ne citer qu’eux, font la fierté de nos amis du Nord.

 

Pourquoi ce boom soudain à travers le monde ? Les films flamands sont-ils subitement devenus plus exportables ? Il faut plutôt chercher la solution dans l’incroyable promotion qui est faite de ces œuvres et de l’effet de contagion positive qu’elle provoque : conscient des qualités du cinéma flamand à la portée souvent universelle,  le VAF a décidé de multiplier ses efforts à l’international pour résorber le retard du cinéma flamand à ce niveau. Ce n’est pas un hasard s’il a remporté l’International Shorts Visionary Award à Los Angeles qui a couronné ses efforts pour la mise en œuvre et la promotion de Dood van een Schaduw, nommé aux Oscars, on vous le rappelle.

 

 

Récemment, c’est Allez Eddy, pourtant passé un tout petit peu inaperçu chez nous par rapport aux blockbusters dont le Nord nous gratifie à la chaîne qui s’est distingué aux États-Unis. À l’occasion de la cinquième édition des skykid.com coming-of-age movie awards, Jelte Blommaert a été sacré meilleur jeune acteur. Si vous jetez un coup d’œil sur l’interview que notre confrère Kurt Vandemaele a réalisée pour la version flamande de Cinevox (ICI), vous vous rendrez vite compte que le bonhomme a la bouille et la gouaille nécessaire pour reprendre le rôle de Boule dans une hypothétique adaptation cinéma de Bas en Boef.

Allez Eddy a été, lui-même, élu meilleur film international. Carrément !

 

 

Notons que le jeune acteur et le film n’en sont pas à leur coup d’essai puisqu’ils avaient déjà réalisé le même doublé en octobre au 17e festival international du film pour l’enfance et la jeunesse de Schingel en Allemagne donc.

 

Au récent festival d’Aubagne, ce sont Kid et Offline qui ont raflé la mise, emportant la plupart des prix principaux. Après les succès de Rundskop et (surtout) Hasta La Vista chez nos voisins, il est clair que le cinéma n’a plus de complexe à nourrir à terres francophones.

 

Kid – Nico Leunen et Senjan Jansen / Offline – Peter Monsaert FIFA meilleur scénario (photos : Maryline Laurin)

On n’oubliera pas non plus, Nic Balthazar célébré au Festival International de Cleveland (3-14 avril) où il s’est vu décerner le Prix ‘Someone to Watch’ pour son œuvre jusqu’à présent. Soit deux longs métrages… Mais qui ont marqué les imaginations.


Au niveau des sélections dans les festivals internationaux, Flanders Image a enregistré en 2012 un total de 1.410 sélections qui se sont soldées par 298 prix. En comparaison, l’année 2011 avait apporté 961 sélections et 113 prix. En ce qui concerne les ventes internationales de droits de créations belges flamandes, c’est la série d’animation Hazentem International de Jan Bultheel et Fabrice Fouquet qui a rapporté le plus l’an dernier. Elle a été vendue dans 27 territoires hors Benelux.

Les autres titres qui se sont bien vendus sont Hasta la vista de Geoffrey Enthoven (24), Time of My Life/Tot Altijd de Nic Balthazar (17) et Bullhead (Tête de Boeuf) de Michaël R. Roskam (13).

Le Fonds Audiovisuel de Flandre, VAF estime que la prime à la distribution à l’étranger lancée au début de cette année dopera encore plus les ventes de créations belges flamandes à l’avenir.

 

 

En 2012, plus de 1,72 millions de spectateurs ont été voir une (co-)production belge flamande au cinéma durant l’année écoulée.

 

Si on compare avec 2011, la fréquentation des films belges flamands dans les salles de cinéma a baissé de 100.000 spectateurs. En ce qui concerne les films belges flamands on constate que la proportion des recettes pour les ‘films d’auteurs’ est en hausse par rapport aux films ‘grand public’. Le film de Felix van Groeningen, The Broken Circle Breakdown, a terminé l’année dernière en première place du box office des films belges flamands avec 355.313 spectateurs (entre-temps il totalise 393.000 spectateurs). Le film s’est ainsi hissé en haut du top 10 des films belges flamands les plus populaires depuis 2000. A Tout Jamais (Tot altijd) de Nic Balthazar (186.429) et K3 bengeltjes (169.271) occupent respectivement les deuxième et troisième places de ce classement. En conséquence, la part de marché du cinéma belge flamand était de 9,35% en 2012 (2011: 8,29%).

En ce qui concerne l’étranger, les films belges flamands ont connu une année 2012 exceptionnelle en France. Trois films soutenus majoritairement par le VAF sont entrés dans le top 5 du box office des films belges les plus vus en France: Sammy 2 (3,3 millions de spectateurs), Hasta la Vista (144.890) et Bullhead (91.160). La part de marché pour les films belges a atteint près de 6% l’an dernier.

 

 

En 2013, le champion flamand de l’exposition internationale s’appellera The Broken Circle Breakdown. Le mélo de Felix van Groeningen a décroché en février deux belles récompenses au Festival de Berlin. Ces quinze derniers jours, il a brillé à Copenhague et aux Etats-Unis. Comme nous vous le disions ICI, le mélodrame s’est également vendu dans de très nombreux pays. Et au-delà de l’œuvre qui a bouleversé tout le monde, c’est le concept global qui semble intéresser les acheteurs.

Le groupe bluegrass réuni autour de Johan Heldenbergh et Veerle Baetens s’était offert quelques shows sold-out en Belgique devrait donc entamer une mini tournée en Allemagne au moment de la sortie du film. La France et… les États-Unis sont également demandeurs.

 

 

Le groupe sera aussi à voir en Belgique au Festival de Dranouter le 3 août et à l’Openluchttheater Rivierenhof à Antwerpen les 31 juillet et 1er août. Enfin, il terminera cette nouvelle mini-tournée au Theater Aan Zee d’Oostende le dimanche 4 août.

 

 

 

Alors qu’on envisage de plus en plus la promotion numérique comme support privilégié au succès d’un film, voilà une initiative terriblement crossmedia qui a de quoi épater. LaGazet van Antwerpen nous apprend aussi que The Broken Circle Breakdown sera distribué sur 80 copies en Allemagne et sur 100 en France. Avec 35 copies seulement, La Merditude des choses y avait déjà attiré 120.000 spectateurs. C’est dire les espoirs que suscite le film à l’international.

 

L’intérêt de prolonger le cinéma par des expériences étonnantes, interactives, au-delà de l’écran, n’a pas échappé à nos plus fins limiers. Les expériences mises sur pieds pour promouvoir  Mobile Home et Tango Libre s’inscrivent exactement dans ce schéma. Il est d’ailleurs probable que sans les actions menées par Cuistax autour de Mobile Home, le film de François Pirot n’aurait pas touché autant de spectateurs.

Aujourd’hui plus qu’hier, tout est dans tout. Et inversement. L’interaction est le maître mot. C’est une façon de mieux s’exporter, mais c’est surtout une des clefs du succès sur notre propre territoire. Une des clefs qui permettra au cinéma belge francophone de mieux capter l’attention du spectateur.

Si chacune des deux communautés s’inspire de l’autre pour résorber ses handicaps, c’est tout le cinéma belge qui en sortira vainqueur.

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