Les Mythos
Stéphanie, comme un ouragan

Trois intrépides phénomènes issus de la banlieue décident un beau matin de prendre en mains leur destin et optent pour un nouveau business qui semble florissant: la protection rapprochée. Bien sûr, ils n’ont pas la moindre expérience dans le domaine. Heureusement pour eux ( ?), ils possèdent un formidable talent: ils mentent comme personne. Convaincants en diable, toujours capables d’une invraisemblable pirouette pour ne pas se faire démasquer, les voilà affectés à la protection de Marie Van Verten une jeune femme capricieuse, assez fantasque, très jolie et formidablement riche. Rien de moins que l’héritière de la plus grosse fortune de Belgique  ! Le plan a des allures de triomphe à l’euromillions… et les probabilités d’en profiter sont équivalentes, car Marie est la cible de tueurs à gages qui, eux, n’ont rien de farfelu. Le seul sens de l’improvisation de nos héros pourra-t-il la tirer d’affaire ? Rien n’est moins sûr…

Les Mythos qui déboule aujourd’hui dans les cinémas belges est le deuxième long métrage de Denis Thybaud qui signa en 2005 une première réalisation de longue haleine, Dans  tes rêves, avec un solide casting composé de Vincent Elbaz, Béatrice Dalle, Édouard Montoute, Léa Drucker, Simon Abkarian et le regretté Jean-Pierre Cassel. Impressionnant. À l’époque déjà, les deux têtes d’affiche étaient pourtant de jeunes acteurs inconnus. Preuve qu’on peut être un metteur en scène débutant, avoir la confiance de la profession et néanmoins prendre des risques. Six ans plus tard, il récidive donc avec un quatuor d’espoirs remuants à qui il offre une magnifique chance de s’exp(l)oser sur grand écran: Ralph Amoussou, Alban Ivanov, William Leghill, sont les mythos, le trio black, blanc beur qui entoure la Blonde, vraie star du film, une jeune belge qui mène de front des activités d’actrice et de chanteuse, mademoiselle Stéphanie Crayencour.

 

Même si la demoiselle est encore toute jeunette, son nom vous est probablement assez familier. Il faut avouer que Stéphanie ne tient pas en place. Boulimique (workalcoholic, diraient les Anglais), elle tourne et enregistre sans discontinuer. Et quand elle n’est pas en studio ou devant les caméras, c’est forcément qu’elle s’agite sur les planches. Ce samedi 23 juillet, elle chantera d’ailleurs à Spa, sur la scène Francofou, dans le cadre des Francofolies, avec un certain… Stromae !

 

Ne cherchez pas son nom dans les registres d’État civil : née Cleenewerck de Crayencour, Stéphanie a décidé d’une ellipse pour embrasser une carrière artistique qui s’est imposée à elle dès son plus jeune âge. Logique ! L’art et la culture, elle les a dans le sang puisqu’elle n’est rien de moins que la petite nièce de Marguerite Yourcenar, alias Marguerite Antoinette Jeanne Marie Ghislaine Cleenewerck de Crayencour, une des plus grandes écrivaines du siècle dernier.

À 11 ans, Stéphanie se retrouve déjà sur les planches pour une transposition des Quatre filles du Docteur March. Le cinéma, lui, ne viendra qu’à la majorité. Heureux présage, la jeune blondinette débute chez Éric Rohmer pour Les Amours d’Astrée et de Céladon, puis fréquente Eric-Emanuel Schmitt (Oscar et la Dame Rose) et passe entre les mains du doux dingue Olias Barco, fréquentant la clinique de Kill me Please dont nous vous parlons ICI.

 

Hasard ? Chance ? Non ! Sa chance, Stéphanie l’a toujours forcée puisque c’est en quittant la Belgique pour aller s’installer à Paris à l’âge de 17 ans qu’elle attire les regards des directeurs de casting. Résultat: huit ans plus tard, pour son cinquième long métrage, elle est tête d’affiche d’une comédie qui a le vent en poupe. Pas mal !

 

Gourmande et passionnée, dotée d’un joli filet de voix, elle s’essaie donc aussi à la variété; débute Juste pour voir en duo avec Suarez, enchaîne en mode doux-amer avec La fille qui sourit de chagrin et enregistre un premier album complet sous la tutelle du Montois Saule (voir ici, Une petite chanson pour te larguer, captée durant l’émission 50° Nord).

 

Ce début de carrière plus que prometteur devrait encore s’emballer grâce à ces Mythos, rayon de soleil bienvenu dans un été qui tarde à s’ensoleiller: « …le réalisateur Denis Thybaud signe une comédie très divertissante, avec des dialogues ciselés souvent en verlan, et qui ne manque pas de rythme. Loin des clichés sur la banlieue, ces « Mythos » doivent aussi beaucoup à son énergique troupe de jeunes comédiens » écrit le Parisien tandis que le Monde termine sa critique avec un « La manière qu’a le film de ne pas se prendre au sérieux, avec des personnages qui revendiquent leur rapport de fan dérisoire au cinéma populaire américain, donne envie de le prendre en affection. »

 

Au générique de cette loufoquerie, on retrouve quelques autres spécimens bien de chez nous, l’humoriste Renaud Rutten, par exemple, et un de nos chouchous, le sieur Charlie Dupont omniprésent… dans la bande-annonce au moins. Bande-annonce que vous vous ferez un plaisir de dévorer ici. Et qui devrait vous donner envie d’en voir (beaucoup) plus.

Croix de bois, croix de fer, si on ment, on va en enfer.

 

 

 

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