Après une édition online au mois de mai, le Festival Millenium organisait de mois de juin des projections en salle, des vraies, et remettait ce week-end les prix de ses compétitions belges.
Le Grand Prix du Meilleur film belges a été remis à Il fait nuit dehors de Caroline Guimbal & Léa Tonnaire. Vania, Denski et Saniok sont amis depuis toujours. Ils vivent dans la banlieue nord de Kiev. À trente ans passés, les galères, les arrestations et les magouilles n’ont pas terni leur sourire et leur envie de vivre sans concession. L’avenir est trouble, chacun s’invente un monde à sa mesure et y trouve une forme de liberté dans l’instant présent.
Le jury a commenté: « Avec son départ énigmatique, ce film se découvre progressivement, à travers des images superbes. C’est un extraordinaire moment de poésie sensorielle, existentielle, philosophique. La rencontre de ces trois personnages, improbables mais pourtant très proches, dans les marges d’une ville fantôme (Kiev), fournit l’occasion d’un portrait d’une génération perdue, sacrifiée, et pourtant vivante grâce à l’amitié, à la tendresse, à l’imagination. C’est aussi une réflexion sur la vacuité du monde et la façon d’y résister. »
Le Dormeur éveillé de Boris Van Der Avoort (nous vous en parlions la semaine dernière ici) a reçu le Prix Scam du Meilleur scénario. Le jury a précisé son choix: « Combinaison remarquable entre l’érudition, basée sur d’abondantes recherches préalables, et l’introspection autobiographique, ce travail envoûtant nous entraîne, à travers des associations oniriques et une grande liberté de ton, d’expression et de mise en images, vers une connaissance à la fois intellectuelle et sensorielle des troubles du sommeil. L’adéquation entre la forme et le fond est remarquable : entre perception, sensation et savoir, ce film intelligent nous entraîne dans un aller-retour fascinant entre le personnel et l’universel. »
Le jury a également remis son Prix spécial au très beau film de Karima Saïdi, Dans la maison (dont elle nous parle ici): « Dans la masse des films qui traite de l’intime, le documentaire de Karima Saïdi se démarque par une écriture novatrice, tout à la fois marquée par la retenue et par une très grande liberté. Face à l’inexorable maladie endurée par sa mère, la réalisatrice nous offre une place incroyablement juste : celle qui nous permet d’être au plus proche des mots échangés entre une mère et sa fille, tout en évitant, grâce à l’utilisation d’images figées de cette femme souffrante, toute forme de voyeurisme qu’entraîne inévitablement la vision d’un corps et d’une âme en train de s’éteindre. En construisant le récit de son histoire familiale autour de flashs visuels, de détails anodins du quotidien, d’archives familiales, et de répétitions de questions et de réponses, la réalisatrice donne vie au processus même de la mémoire : celui de la fragmentation du réel et de l’inscription partielle dans notre cerveau de la géographie du présent. »
Le Prix du public a quant à lui été remis à China Dream de Hugo Brilmaker & Thomas Licata.
Dans la Compétition Jeunes talents belges, le Prix du Jury a été attribué au film Les Antécédents familiaux de Mathilde Blanc, « Pour l’humour et la discrétion avec lesquels elle s’est emparée d’un sujet intime, dédramatisant une situation délicate, réalisant un film léger, drôle tout en étant profond. »
Enfin dans cette même compétition, le Prix de la Scam du Meilleur espoir belge a été remis à Que ne me roben los sueños de Zoé Brichau « Pour la diversité des sujets abordés de manière frontale et courageuse avec professionnalisme et engagement cinématographique. Ce film est à la fois dur et doux, grave et joyeux, frontal et vivifiant. »