« Les Grands Seigneurs »: le banquier et l’endetté, duo de comédie

Avec Les Grands Seigneurs, Sylvestre Sbille propose une comédie douce-amère portée par un duo d’acteurs complices, formé de Renaud Rutten et Damien Gillard.

La vie n’est pas facile tous les jours pour Roger, mais il y croit. Alors certes, les factures s’accumulent, les malentendus se succèdent, les projets ont tendance à foirer, et même si les idées fusent, elles brillent rarement. Alors Roger se débat, s’agite, et veut croire qu’en bougeant, toujours et encore, en se démenant, il va y arriver.

Quand le banquier, Monsieur Durieu, lui refuse son énième demande de prêt, alors que ce projet-là, il en est sûr, il va marcher, Roger perd son sang froid: il kidnappe le banquier.

Seulement voilà, le banquier, du haut de son « Monsieur » et de son costume bien repassé n’a pas beaucoup plus de pouvoir que Roger finalement, et surement tout autant d’interrogations. Il n’est que le rouage d’un système, contre lequel à bien y réfléchir il a lui aussi quelques choses à redire.

Roger et Michel vont donc élaborer un nouveau plan, sensiblement moins foireux que le premier – mais pas beaucoup moins, évidemment. Dans une sorte de baroud d’honneur, de ceux que fomentent les gens qui n’ont plus rien à perdre, ils décident de cambrioler la banque d’en face. De prime abord ennemis, ils se retrouvent amis, unis par une cause commune, et une même envie, peut-être, de tout envoyer balader. Le banquier et l’endetté.

Car derrière leurs postures viriles et leur air sûr de leur fait, Roger et Michel sont en plein doute. Roger est fragilisé par son statut social, toujours en lutte pour joindre les deux bouts. Michel a beau donner l’apparence de la réussite, il est lui aussi sous pression financière, devoir acheter toujours plus, encore et encore. Sans compter que leurs vies familiales et sentimentales ne sont pas non plus au beau fixe. C’est leur place dans la société qui est en jeu, et en passant leur masculinité. Comment se définir en tant qu’homme aujourd’hui, quand les valeurs selon lesquelles on a été élevé (le travail, la famille) vous échappe? Et quelle place dans la société pour les classes moyennes et modestes, laissées pour compte du capitalisme triomphant?

Dans les rôles principaux, ce duo de pieds nickelés finalement au grand coeur, on retrouve le toujours truculent Renaud Rutten, qui n’a rien perdu de la verve qui a fait son succès, et se régale ici à entraîner Roger toujours plus loin. Face à lui, Damien Gillard se met au diapason, s’amusant de la rebellion de celui qui était censé incarner l’ordre.

Film guérilla tourné et imaginé par Sylvestre Sbille (Je te survivrai), le film se concentre sur ce duo, même si l’on retrouve à leurs côté la comédienne Ben Riga (déjà à l’affiche du précédent film du réalisateur, qui joue une vieille tante un peu azimutée.

Le film sera montré en avant-première au Festival de Namur à l’occasion d’un Cinevox Happening à l’issue duquel vous pourrez rencontrer l’équipe (inscrivez-vous ici). Il sortira le 9 novembre prochain dans les salles belges.

 

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