Avec son nouveau film, Les Gentils, Olivier Ringer se penche sur les troubles de la classe moyenne, le difficile quotidien d’une poignée de nouveaux working-class heroes, chez qui la solidarité est de mise entre petits patrons et ouvriers.
Ca commence à l’arrière d’un convoi de police. Trois messieurs tout-le-monde, menottés, et étrangement sereins, sont conduits en garde-à-vue.
Le premier, c’est Michel. Ca fait plus de 20 ans qu’il lutte au quotidien pour la survie de sa petite entreprise, Macouti, auprès de son épouse Blandine. Leur boîte, c’est un peu comme leur enfant. Seulement les avaries s’enchaînent, et la délocalisation de leur principal client n’aide pas. Quant un nouveau prêt leur est refusé, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Assorti à un placement en redressement judiciaire, c’est la dégringolade, le dépôt de bilan, le tribunal de commerce. La prison, même. Une claque pour Michel, qui a toujours voulu préserver l’emploi à tous prix.
Le deuxième c’est Florian, comptable de la boîte, il vit seul avec sa mère, singulièrement tyrannique. Effacé, il est comme un fils de coeur pour Michel, qui l’a pris sous son aile, et compte bien continuer à l’y protéger, quitte à l’entraîner dans les bons comme dans les mauvais coups.
Le dernier, c’est Bruno, ouvrier à l’usine, en charge de son grand ado, il ne se laisse pas abattre, et tente de remonter la pente quand l’usine ferme, il est prêt à entreprendre, mais ne réalise pas la difficulté de l’affaire.
Et puis il y a Blandine, figure de l’ombre. « Je te suivrai jusqu’au bout du monde, » promet-elle à Michel. Mais les ennuis mettent à mal cette belle promesse.
Retour à l’arrière du fourgon. Le deuxième mouvement du film va expliciter les raisons de cette arrestation, et nous entraîner dans un tout autre film, qui lorgne vers le braquage, mais n’en disons pas plus.
Ces héro·ïnes du quotidien vont lutter bec et ongle pour garder la tête hors-de-l’eau, en inventant stratagèmes et petits arrangements, face à un système qui n’a plus de visage, des décisions qui semblent hors-sol, un poids administratif, législatif et financier tel qu’il devient plus simple de renoncer à l’emploi. Mais que devient-on, en tant qu’individu, quand on n’a plus de travail dans un monde où la valeur des gens est justement déterminé par leur travail?
Olivier Ringer propose avec Les Gentils une comédie « à l’ancienne », terre-à-terre comme ses protagonistes, usant des artifices du cinéma qui l’a inspiré, la comédie sociale anglaise des années 90, ou le cinéma français des années 70. Une histoire d’amour et d’amitié aussi, où beaucoup repose bien sûr sur l’interprétation, et le casting. On retrouve ici Renaud Rutten dans le rôle de Michel, qui donne toute sa bonhomie mise à mal par la vie au personnage, bien épaulé par Achille Ridolfi (Florian), Tom Audenaert (Bruno) et Isabelle De Hertogh (Blandine). Tous les rôles sont d’ailleurs belges, même les seconds, notamment Erico Salamone et Jean-Jacques Rausin.
A voir dès ce mercredi sur les écrans belges.