Les films belges au 68e Festival de Cannes : nos pronos (1/2)

Le Festival de Cannes approche. Il débutera le 13 mai et s’achèvera le 24.

 

Tous les cinéphiles le savent: cette manifestation reste la plus prisée à travers le monde, la plus prestigieuse aussi. Décrocher une Palme d’Or est un incroyable honneur qui dore pour longtemps le blason du metteur en scène récompensé. Le cinéma belge en sait quelque chose lui qui a été bouleversé de fond en comble par le sacre des frères Dardenne en 1999 avec Rosetta. Une distinction qui a propulsé notre 7e art dans une ère de reconnaissance internationale.

 

Ce succès a également entraîné une attention accrue des sélectionneurs. Cannois ou autres.

Du coup, se retrouver en mai sur la Croisette est souvent une ambition à peine voilée pour les producteurs belges qui prévoient presque systématiquement de livrer une copie zéro de leurs nouveaux longs métrages aux environs de mars ou avril. Histoire de tomber pile-poil dans le créneau idéal.

 

Mi-avril on connaîtra la liste des films retenus en sélection officielle pour cette 68e édition du Festival de Cannes. En compétition. Ou Hors Compétition. Dans la section Un certain regard aussi.

Durant les jours suivants, la Quinzaine des Réalisateurs et la Semaine de la Critique annonceront à leur tour le nom des œuvres qui gagneront leur ticket pour un trip sur le Croisette.

 

À quelques semaines de la première échéance, Cinevox a fait le tour des dossiers chauds du moment et tenté de pointer les films belges qui ont une chance (grande ou petite) de faire l’actualité en ce joli mois de mai.

Sauf surprise de dimension, les heureux élus devraient se trouver dans cette short list. On peut tabler sur un ou deux films. Peut-être plus. On serait très étonnés qu’il n’y en ait aucun en tous cas.

 

Dans la première partie de notre dossier, nous épinglons les deux œuvres qui nous semblent les favorites, capables de se retrouver sous les feux des projecteurs avec montées de marches et tout le tralala.

Dans un deuxième temps, nous passerons en revue la liste des outsiders, des films alléchants qui pourraient surtout trouver leur place à la Semaine de la Critique. Ou mieux.

On ne demande qu’à être surpris et secoués.

 

 

Notez que, comme l’an dernier l’implication belge dans la fête cannoise connaîtra un alléchant épilogue dans une série de villes belges avec l’organisation de la Nuit du Palmarès Magnum. Le principe est simple et a très bien fonctionné en 2014 : la cérémonie de clôture sera retransmise en direct dans un certain nombre de cinémas, suivie par la projection de trois films vus à Cannes, encore inédits chez nous.
Impossible à ce stade de prévoir s’il y aura un film belge à l’affiche ce soir-là. Pour rester très informés, n’hésitez pas à liker la page Facebook de la soirée qui distille déjà des news sur le festival, ICI.

 

 

En termes de pronostics cannois, notre grandissime favori s’appelle Les Chevaliers blancs de Joachim Lafosse.

Joachim a fait l’évènement à Un certain Regard avec A perdre la raison. Le jury de la section a même créé un prix spécial d’interprétation mixte pour saluer l’intense prestation d’Émilie Dequenne.

Avec son nouveau long métrage, le réalisateur se focalise sur les limites et les complexités de l’intervention humanitaire en Afrique. Dans les rôles principaux, on retrouvera Vincent Lindon (Welcome) en directeur d’ONG charismatique et Valérie Donzelli (La Guerre est déclarée) en journaliste qui l’accompagne dans une mission périlleuse.

 

 

À leurs côtés, on verra Louise Bourgoin (Un heureux événement) et Reda Kateb (Le Monde nous appartient), mais aussi Stéphane Bissot, Raphaëlle Bruneau, Jean-Henri Compère, Philippe Rebbot, Yannick Renier, Tatiana Rojo, Catherine Salée et Luc Van Grunderbeeck.

Le pitch évoque celui d’une fameuse affaire qui a défrayé la chronique il y a quelques années.

Jacques Arnault, président de l’ONG Sud Secours, prépare une opération coup de poing : extraire 300 orphelins victimes de la guerre civile du Tchad pour les ramener auprès de parents français candidats à l’adoption. Françoise Dubois, une journaliste les accompagne pour couvrir médiatiquement la mission. Totalement immergés dans la réalité brutale d’un pays en guerre, Jacques et son équipe perdent leurs certitudes et sont confrontés aux limites et aux complexités de l’intervention humanitaire.

Bref, sujet chaud, réalisateur en vue, casting porteur, présence des films du Worso à la coproduction aux côtés de Versus: on voit mal ce qui pourrait retenir les sélectionneurs d’au moins redonner une chance à Un certain regard, voire carrément en compétition officielle.
Au pire, les responsables de la Quinzaine seraient sans doute heureux de récupérer le bébé si d’aventures il passait entre les mailles du filet.

 

 

Alors qu’on l’a longtemps cru destiné aux festivals de la fin de l’été, il semble bien que Le Tout Nouveau Testament de Jaco Van Dormael sera finalement prêt en temps et en heure pour être visionné par le responsable de la Grand-messe cannoise.
Après les déboires connus par son chef d’œuvre Mr Nobody, il s’agirait d’une sacrée revanche pour le réalisateur bruxellois, qui décrocha la caméra d’or en 1991 pour Toto le Héros, diffusé à la Quinzaine des réalisateurs, puis un double prix d’interprétation remis à Pascal Duquenne et Daniel Auteuil pour le 8e Jour en 1996.

Jaco a coécrit le scénario de ce quatrième long métrage (en 25 ans !), avec l’écrivain Thomas Gunzig. Les deux compères s’attaquent à une histoire presque banale de vengeance d’une fille envers son père tyrannique. Une trame simple… si on excepte l’identité du protagoniste central : Dieu.

Car oui, Dieu existe. D’ailleurs, il vit à Bruxelles. Dans son appartement un peu pourri qui surplombe la ville, il se comporte de façon odieuse avec sa fille, Ea (on ne la connaissait pas celle-là). Avant de fuguer, la gamine pirate l’ordinateur de son divin paternel et met en ligne la date de la mort de tous les humains. De quoi provoquer un électrochoc général.

Dieu se lance alors à sa recherche à travers la cité et découvre l’horreur de ce monde qu’il a créé, mais qu’il connaît si mal.

 

 

Produit par la société du réalisateur, Terra Incognita, avec Olivier Rausin et coproduit avec la France et le Luxembourg, Le Tout Nouveau Testament a été tourné en 2014 avec un casting détonnant: Benoit Poelvoorde, Yolande Moreau, Catherine Deneuve, François Damiens et une foule d’invités. Mais la révélation devrait être la jeune Pili Groyne déjà vue chez les frères Dardenne (elle était la fille de Marion Cotillard et Fabrizio Rongione dans Deux jours, une nuit) et Fabrice Du Welz (dans Alleluia, elle était la fille d’Helena Noguerra).

Elle est ici la fille de Dieu, un rôle qui devrait marquer les esprits.

Une sélection officielle… ou un retour à la Quinzaine dans un slot de choix (ouverture par exemple) serait du plus bel effet, vous ne trouvez pas?

 

 

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