Les Émotifs Anonymes
Magritte de la meilleure coproduction étrangère

Après avoir tourné coup sur coup Astérix aux jeux Olympiques qui faillit le rendre fou, Louise Michel et la Guerre des Miss, plutôt sympathique, mais qui ne laissera pas un grand souvenir chez les cinéphiles francophones, Benoit Poelvoorde, sur les rotules, décida de jeter l’éponge. Et pas pour s’inscrire aux Émotifs Anonymes.

[Magritte 2012 de la meilleure coproduction internationale]

Mais la bête a le cinéma chevillé au corps et son mutisme fut donc de très courte durée: dès 2009, on le vit réapparaître dans Coco avant Chanel et, surtout, face à Depardieu, dans L’Autre Dumas. Deux rôles dans lesquels il affichait à nouveau un visage plus dramatique, très convaincant.

En 2010, Benoît revigoré enchaîna quelques participations dans Mammuth, En Chantier Monsieur Tanner, un chouette téléfilm de Stefan liberski où il retrouvait son pote Jean-Paul Rouve et Kill me Please.

Son vrai retour en tête d’affiche s’articula en deux temps; deux films fort différents qui sortirent sur les écrans de façon assez rapprochée et nous arrivent aujourd’hui sur supports numériques, roue dans roue, ce qui est très logique. Les plannings de sorties ne souffrent aucun délai. Ces deux films, primordiaux dans la carrière de Benoît puisqu’ils lui ont redonné l’envie et la foi dans ce cinéma qui ne peut se passer de lui,  lui ont aussi apporté deux gros succès publics : près d’1.2 million de spectateurs français se sont précipités pour voir Les Émotifs Anonymes tandis que 10.000.0000 d’aficionados faisaient la fête au pétaradant Rien à déclarer (nous y reviendrons très bientôt).

 

Comme dans les salles, ce sont donc Les Émotifs Anonymes de Jean-Pierre Améris qui nous sont d’abord arrivés. Une comédie ? Pas franchement. Ou alors une comédie romantique douce-amère et touchante. Au cœur du récit, un couple. Ou plutôt deux inconnus qui ne sont absolument pas destinés à convoler. Jean-René Van den Hugde dirige une fabrique de chocolat qui périclite. Angélique Delange vient s’y faire engager croyant qu’on y cherche un chocolatier alors que c’est d’un représentant en vente que la firme a besoin. Une mission quasi impossible pour cette émotive qui s’évanouit au moindre trouble. Le hasard (il n’y a pas de bonnes histoires sans une pointe mutine de hasard) veut que Jean-René soit lui aussi incapable de se maîtriser dans certaines situations.  Le premier baiser sera un malentendu. Mais le bonheur peut également se nourrir de malentendus.

L’air de rien, tout en douceur, cette charmante sucrerie pétrie d’ambitions multiplie les références aux classiques hollywoodiens et à l’univers des comédies musicales des sixties. Les Émotifs Anonymes réussissent ainsi à nous faire très souvent sourire et à nous … émouvoir gentiment.

 

« Des prestations emballantes d’Isabelle Carré et Benoît Poelvoorde (…) La réussite réelle du film doit beaucoup à leur complicité, sensible au cœur de chaque scène », écrivait Positif lors de la sortie du film en salle.

L’excellent mensuel français, plutôt branché habituellement sur des œuvres plus complexes et arides, met effectivement le doigt sur la principale réussite de l’entreprise. Car oui, le couple Carré/Poelvoorde fonctionne à fond, c’est une évidence. On s’en était d’ailleurs déjà aperçu avec Entre ses mains qui les réunit pour la première fois à l’écran dans le cadre inhabituel d’un thriller intimiste où la réalisatrice Anne Fontaine confiait à Benoit un personnage totalement atypique dans sa filmographie.

 

« Le film est truffé – normal – de jolies idées comme celles de la webcam, de la cachette de la mariée que seul un émotif peut trouver. Ou encore cet emprunt final à Chaplin comme pour nous dire avec élégance que ces émotifs ne sont pas fait pour nos temps modernes. », lisait-on aussi en décembre sous la plume de Fernand Denis dans La Libre.

 

Ce qui devrait vous donner encore un peu plus envie de vous jeter sur le DVD ou sur le Blu-Ray, car l’image est très soignée, avec des couleurs délicieusement kitch comme dans une boutique de bonbons. L’amertume en plus. Normal, puisqu’il est ici question de chocolat…

 

Si vous avez loupé le film en salle, ruez vous sur l »édition numérique qui propose un making of de 52′, une interview d’Améris d’un bon quart d’heure et des rencontres avec Benoit Poelvoorde et Isabelle Carré qui fut nommée aux César pour le rôle.

Que du bonheur !

Chaudement recommandés aux émotifs, anonymes ou pas.

 

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