L’Académie des César vient d’annoncer les nominations pour sa 42ème édition, qui se tiendra le 24 février prochain à Paris. Comme on le pressentait, Virginie Efira concourra logiquement pour le César de la Meilleure actrice pour sa superbe prestation dans Victoria de Justine Triet, tandis que Luc et Jean-Pierre Dardenne seront en lice pour le César du Meilleur film étranger avec La Fille Inconnue.
La Fille Inconnue, dixième long métrage des frères réalisateurs, présenté à Cannes au printemps dernier, fait donc partie des films nommés pour la course au César du Meilleur Film Etranger, face à Aquarius de Kleber Mendonca Filho, Juste la fin du monde de Xavier Dolan, Manchester by the Sea de Kenneth Lonergan, Toni Erdmann de Maren Ade, et deux films qu’ils ont co-produits avec leur société Les Films du Fleuve, I, Daniel Blake de Ken Loach et Baccalauréat de Cristian Mungiu.
Cette nomination des Dardenne, si elle s’inscrit dans une continuité (ils ont déjà été nommés pour La Promesse, L’Enfant, Le Silence de Lorna, Le Gamin au vélo et Deux jours, une nuit, mais n’ont encore jamais gagné), a une résonance toute particulière ici en Belgique, où le film, bien qu’éligible, n’a pas été retenu pour le round final des Magritte du cinéma par les membres de l’Académie André Delvaux. Il est utile ici de préciser que les membres de l’Académie qui élisent les films ne sont pas les Magritte eux-mêmes, mais bien les professionnels inscrits et votants. En 2015, beaucoup se réjouissaient que les Dardenne soient enfin prophètes en leur pays, alors qu’ils raflaient nombre de prix aux Magritte pour Deux jours, une nuit, d’autant qu’en 2012, lors de la 2ème édition des Magritte, la statuette leur avait échappé pour Le Gamin au vélo au profit des Géants de Bouli Lanners. Il est évident que cette belle nomination aux César souligne cruellement l’interpellante absence cette année des frères Dardenne aux Magritte. Il n’est nullement question bien sûr de remettre en cause la présence des autres films, tous méritants, et surtout qui ont suscité l’enthousiasme et l’adhésion des votants, mais bien de saluer une fois encore l’oeuvre des frères Dardenne, incroyable à bien des égards, et notamment par sa constance et sa densité, et de gager que cette absence lors de cette fête du cinéma belge, ne représente qu’une pause momentanée de Magritte dans leur longue et belle carrière.
Pas d’hésitation ni de surprise du côté des comédiennes, où l’on retrouve comme on le pensait et l’espérait Virginie Efira, pour sa superbe prestation dans Victoria de Justine Triet, qui a mis tout le monde d’accord. Elle aura certes fort à faire face à la grande favorite, Isabelle Huppert, encore toute auréolée de son Golden Globes, également en lice pour les Oscar pour Elle de Paul Verhoeven, mais aussi face à Marion Cotillard par exemple pour Mal de Pierres, à la révélation Soko dans La Danseuse, ou la discrète Judith Chemla dans Une vie. Mais cette nomination vient clôturer une année exceptionnelle qui a vu Virginie Efira passer du statut d’actrice coup de coeur à Actrice avec un grand A, un nouveau statut mérité bien qu’impressionnant, dont elle saura assurément tirer parti avec l’intelligence et le recul nécessaire.
Il faisait partie des Révélations 2017 des César, l’avenir du cinéma français en quelque sorte, il a transformé l’essai en obtenant une nomination pour son rôle dans Elle de Paul Verhoeven. Découvert il y 10 ans dans Elève Libre par Joachim Lafosse, Jonas Bloquet confirme avec brio tous les espoirs placés en lui.
Notons enfin la nomination du chef opérateur belge Christophe Beaucarne pour le César de la Meilleure Photo pour son travail sur Mal de Pierres de Nicole Garcia. Christophe Beaucarne est en quelque sorte un habitué des César, puisqu’il a déjà été nommé pour Coco avant Chanel en 2010, Tournée en 2011et La Belle et la Bête en 2016. Notons également qu’il a remporté en 2011 le Magritte de la Meilleure Image pour Mr Nobody de Jaco Van Dormael. Ainsi que celle de Pascaline Chavanne, nommée dans la catégorie Meilleurs Costumes, qu’elle connait bien puisque c’est sa 7ème nomination, pour Frantz de François Ozon. Rappelons qu’elle a déjà remporté un César en 2014 pour Renoir, et un Magritte l’année dernière pour La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil.
Le cinéma belge est également fort de ses nombreuses collaborations et contributions artistiques. Chaque année, de nombreux films sont coproduits par nos producteurs, et c’est notamment le cas cette année de La Tortue Rouge de Michael Dudok de Wit, porté en Belgique par Belvision, en lice aux César (et aux Magritte) pour le Prix du Meilleur Film d’animation, ou encore de Elle de Paul Verhoeven, coproduit en Belgique par Entre chien et Loup, qui concourt pour moult catégories aux César, dont celle du meilleur film. on a noté la nomination de Judith Chemla pour Une vie de Stéphane Brizé, co-produit en Belgique par Versus. Enfin, on retiendra également parmi les nominations pour le César du Meilleur Premier Film deux longs métrages, La Danseuse de Stéphanie Di Giusto, là aussi co-produit par Les Films du Fleuve (qui vaut également des nominations à son riche cast féminin, Soko en tête, mais aussi Mélanie Thierry et Lily-Rose Depp) et Diamant Noir d’Arthur Harari, co-produit par la société liégeoise Frakas, et qui vaut également une nomination dans la catégorie Meilleur espoir masculin à Niels Schneider. Frakas produit également Réparer les vivants de Katell Quillévéré, nommée avec Gilles Taurand pour la Meilleure adaptation.