Qu’il soit poétique ou caustique, préoccupé de questions sociales ou empreint d’un profond surréalisme, c’est un regard tout à fait particulier voire décalé que développe cette famille de cinéastes qui, tous, partagent un sens aigu de l’autodérision.
Certes, chacun développe un univers particulier, mais en y regardant de plus près, la filiation avec le documentaire est souvent évidente.
D’un côté le célèbre « Misère au Borinage », de Henri Storck et Joris Ivens (1933) pour dénoncer la misère sociale, de l’autre les reportages de la RTBF des années 70 et 80, issus de la première série des « Faits divers » ou des « Strip-tease », qui osent mettre en avant des personnages, des parlers ou des situations improbables.
Pour, en synthèse, non plus simplement dénoncer ou se moquer, mais bien « remettre de l’humanité dans une série de clichés », selon les mots de Phippe. Reynaert. Les convoyeurs attendent est donc inscrit au coeur de cette identité en creux qu’est la Belgitude, à la croisée des chemins du cinéma social (« la Wallonie décrite dans le film, c’est celle de la précarité.
On ne peut pas dire que ça pète dans la soie », prévient B. Poelvoorde), du surréalisme (le défi d’ouvrir et de fermer une porte pendant 24 heures !), de l’autodérision (« il y avait une époque où les Belges ne savaient pas qu’ils étaient drôles », rappelle S. Liberski) et du réalisme magique d’un A. Delvaux.
Et Benoît Mariage de conclure : « La poésie vient de l’observation de la vie… Avoir les pieds embourbés dans son réalisme social n’empêche pas de rêver, pour s’en échapper. Ainsi, même en noir et blanc, la vie peut reprendre des couleurs ».
Un numéro de « vous êtes ici » à voir jeudi 17 juillet sur la Trois à 22h20
- Producteur : Anne Hislaire
- Producteur-référent RTBF : Wilbur Leguebe
- Réalisateur : Renaud Gilles
- Journaliste : Manu Debieve
- Caméraman : Jean-francois Vokaer, Etienne Letellier
- Ingénieur du son : Jean-Claude Boulanger
- Monteur : Benoît Delval