Les Belges, chez eux au Festival d’Aubagne

Avant que ne commence le Festival International du Film d’Aubagne, qui met à l’honneur la jeune création cinématographique et musicale, nous vous annoncions que la vie allait être belge dans la ville ensoleillée de Pagnol.

Cela s’est confirmé pendant une semaine avec notamment le franc succès rencontré par la soirée clip et vinyl party organisée par le Festival International du Film Francophone de Namur accompagné par Hervé Le Phuez  programmateur, mais aussi en raison du très bon accueil que le public aubagnais a réservé aux films belges en compétition.

 

Par Maryline Laurin, correspondante française

 

 

 

Samedi dernier, avec trois Belges dans les jurys, Stephan Dunkelman compositeur, Peter Monsaert, réalisateur d’Offline dans celui du  long métrage et le compositeur d’« une chanson pour ma mère », David Reyes pour celui des courts, nous pouvions nous demander si comme l’année dernière un nouveau raz de marée belge allait se produire et emporter un certain nombre de récompenses.

 

 Clémentine Célarié et David Reyes (©Lirst-FIFA)

 

 

Lorsque Clémentine Célarié, à laquelle le festival a consacré une carte blanche, avant de monter sur scène a absolument tenu à nous emprunter le badge « La vie est belge » d’Olivia Hainaut. Là nous nous sommes demandé si c’était un signe.

En fait, elle voulait ainsi afficher sa sympathie pour la Belgique et son cinéma. Elle adore ce pays, où elle a rencontré le père de deux de ses fils Gustave et Balthazar, le réalisateur belge Christophe Reichert.

Elle y a tourné avec Harry Cleven (Abracadabra, Les Enfants du jour), Alain Berliner (Ma vie en Rose) et Pierre-Paul Renders (Comme tout le monde).

Elle ne rêve que de recommencer.

 

Il n’y a eut finalement qu’un seul prix Noir · Jaune · Rouge, couleurs d’ailleurs dominantes de l’affiche du festival d’Aubagne,  mais il ne fut pas des moindres.

 

Le jury court métrage composé de David Reyes compositeur, Nolwenn Lemesle réalisatrice, Manuel Peskine compositeur et François Pagés directeur photo sont tombés unanimement sous le charme du très beau, intelligent et subtil De weg van alle vlees de Deben Van Dam – (Musique originale: Skip James, Ratatat, Belgique, 2013, Numérique HD, 26’50, 1er film) a qui ils ont remis le Prix FICTION d’une valeur de 800€.

 

 

 De weg van alle vlees  raconte l’histoire de Tibo, qui s’ennuie dans son travail, infirmier dans un centre de soins palliatifs. Il passe son temps à faire des paris avec ses collègues sur l’heure du dernier soupir des malades. Frans est un de leurs patients, raciste et antipathique et va mourir aujourd’hui par euthanasie. Une collègue de Tibo ne veut pas accompagner Frans dans sa dernière journée alors elle demande à Tibo de le faire.

 

Une fois de plus c’est un film de fin d’études qui remporte un prix important, ce qui a fait dire en coulisses que non seulement le cinéma belge se porte très bien, mais que la relève est brillement assurée.

 

Tout juste sorti de l’école du Rits, Deben Van Dam fut le premier surpris de cette distinction qui lui a fait dire en rejoignant le jury sur scène « Je ne sais pas quoi dire ! Je suis honoré et étonné ! Vraiment, vous êtes sûr ? », comme si le jury s’était trompé de nom.

 

 

Lorsqu’on entend David Reyes nous parler du film, il n’y a eut, pourtant, aucun doute pour le jury: « C’était une excellente sélection, mais ça a été une évidence pour nous, ce film devait avoir le prix. Formellement c’est une oeuvre parfaite. La mise en scéne, la photo, la musique, les coémdiens comme Sam Louwyck sont incroyables. Tous ! Ce qui est la preuve qu’il y a un très bon directeur d’acteur. Ce qui est le plus fort dans ce film c’est qu’il traite d’un sujet grave, sans être larmoyant, ni plombant, mais avec toujours une certaine ironie. En plus, il est parfois drôle, en gardant une distance qui évite les violons…même si je les aime !… Mais surtout le film nous amenait tout le temps où on ne s’y entendait pas, on était constamment surpris ! Lorsque ça s’est terminé, nous avions la gorge nouée. À la fin de la séance, on s’est tous regardés en ce disant « Non, mais vous avez vu le premier, oh la claque ! On a passé la semaine à prendre celui-ci en référence et à comparer avec les autres. C’est resté notre coup de cœur, je crois que ça nous a pris 15 secondes pour être d’accord.

Moi, bien sûr, j’espérais qu’on ait un film belge au palmarès, mais ça, c’était moi tout seul.  Au final, sa nationalité n’a pas joué. Il aurait été finlandais, c’était pareil: on l’a primé parce que le film est ce qu’il est, et qu’il est brillant. »

 

Nolwenn Lemesle, réalisatrice française fan des films belges, était aussi heureuse de cela. : « Etre juré dans un festival musique et cinéma c’était fantastique pour moi, maintenant j’aimerai bien faire partie d’un jury à Gand ou à Namur, si ils veulent. C est très motivant pour nous, on voit de beaucoup de bons films donc ça stimule la créativité. »  

L’appel est lancé.

 

DebenVan Dam ©Lirst-FIFA

 

Il y a eu une vraie rencontre cinématographique et humaine entre le jury court métrage et l’équipe de De weg van alle vlees qui a fait dire à Deben Van Dam : « Ce qui me donne envie aussi de travailler ou de commencer à parler avec David Reyes c’est que ce qu’il dit est vraiment en rapport avec ce que je voulais faire avec le film. Je crois que ça n’arrive pas souvent que quelqu’un ressente à ce point le sens de ce que tu voulais faire …Allez, ça c’est le plus grand compliment »

 

Nous avons demandé à Deben Van Dam  pourquoi les films d’école avaient autant de succès : « Je n’ai pas d’explication. Ici, il y a plein de professionnels qui travaillent depuis longtemps et toi tu arrives en tant qu’étudiant, au milieu d’artistes qui viennent de partout, d’Amérique et d’Allemagne… Peut-être que c’est dû à l’attitude du débutant : on ne pense pas trop, à ce que tu fais. La pression, ça devient plus lourd aprés… Cette naïveté est sans doute un atout.»

 

Deben Van Dam, arrivé en force et en voiture à Aubagne avec son chef op Wim Vanswijgenhoven et son producteur Ben Vandendaele ( Bekke Films), en est reparti avec sa première récompense internationale, après celles remportées au Festival de Gent (prix du public) et de Louvain. Plus une demande de collaboration artistique de la part du compositeur David Reyes. Le FIFA qui se veut passeur d’expériences a ici atteint son but.

 

Une jeune Aubagnaise Jennifer Cassadeus  est l’heureuse lauréate du concours « devient membre du jury Émile Cantillon »  et sera invitée comme jury lors de la 29e édition du FIFF de Namur.

 

Le prix du meilleur film et le Grand Prix de la meilleure musique originale a été attribué au  long métrage Of Horses and Men de Benedikt Erlingsson, Islande, 2013 et à son compositeur David Thor Jonsson.

 

Cindy Pahaut, sound designer de Le labyrinthe avec  Romane Klochklov, réalisateur de Natasha  ©Maryline Laurin 

 

Les prix ont été largement fêtés jusque tard dans la nuit, à l’image du dessin que Romane Klochklov, le réalisateur de « Natasha », lauréat à Aubagne l’année dernière nous a offert.

 

 

Cependant nous avons quand même réussi à rassembler l’équipe belge pour une photo souvenir, prise sous la pluie et par un grand froid qui rappelait Bruxelles.

 

(photo Maryline Laurin)

De gauche à droite en partant du haut , Hervé Le Phuez  programmateur du FIFF, David Reyes jury Court métrage , Peter Monsaert jury Long métrage, Stephan Dunkelman jury Long métrage, Ségolène Neyroud compositeur de Bruxelles 2012, Wim Vanswijgenhoven chef op de De weg van alle vlees  , Paula Hricovini réalisatrice de E.riots.iH  , Flore Bleibeg réalisatrice Bruxelles 2012.

Devant : Remi Allier réal de Zinneke , Deben Van Dam réalisateur et Ben Vandendaele  producteur de De weg van alle vlees.

 

Peter Monsaert Sephan Dunkelman Clémentine Célarié – ©Maryline Laurin 

 

Nous avons interrogé Peter Monsaert , jury heureux, sur les qualités que celui-ci devait avoir : «  Je pense qu’un bon juré doit avoir une mentalité ouverte, pour pouvoir voir plus loin que son propre goût. Deuxièmement, il doit avoir le talent de la discussion, parce que comme membre du jury nous ne sommes pas seuls, on est plongé au sein d’un groupe. Et oui, l’expérience m’a plu, donc je suis tout à fait prêt à le faire dans un autre festival!  »

À force d’invasion belge dans le sud, là-bas, bientôt ça va être Plus belge la Vie

 

 

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