Le Festival de Cannes débute ce 11 mai et le petit monde du cinéma belge ne se sent plus de joie. Dans la partie magazine du site, vous pouvez lire des articles sur la présence belge en sélection officielle et sur la Quinzaine des réalisateurs qui s’ouvre largement au cinéma de chez nous. Mais si tous les producteurs, metteurs en scène et acteurs belges sont tellement ravis de se trouver emportés dans la folie cannoise ce n’est pas seulement pour prendre le soleil sur la Croisette.
Non, pour eux, Cannes est l’occasion d’un formidable coup de projecteur sur leur travail. Une exposition souvent couronnée par des récompenses épatantes. Personne, bien sûr, n’a oublié les deux Palmes d’or remises aux frères Dardenne. Deux distinctions suprêmes, aucun artiste n’a jamais fait mieux et si d’aventure un de leurs prochains films arrachait une troisième Palme, ils seraient tout simplement les recordmen de l’épreuve. En fait, ils le sont déjà un peu puisque Le Silence de Lorna a raflé en 2008 le prix du scénario tandis qu’en 2002, pile entre les deux Palmes d’or décernées à Rosetta et à L’Enfant, Olivier Gourmet recevait le prix d’interprétation pour sa performance dans Le Fils (tout comme Emilie Dequenne pour Rosetta).
Présents à Cannes une fois tous les trois ans depuis 1999, avec une régularité métronomique, les frères ne sont jamais rentrés bredouilles de leur voyage. Cette année sera-t-elle l’exception qui confirme la règle? Si c’est le cas, ce ne sera pas à cause de la qualité du film (leur meilleur ?) ni parce que leurs acteurs ne sont pas à la hauteur : dans Le Gamin au Vélo, Cécile de France est stupéfiante de naturel, Jérémie Renier dans un très court second rôle est prodigieux et le jeune Thomas Doret, qui débute ici, a sidéré tous ceux qui ont vu ce petit bijou en primeur.
Olivier Gourmet ne fut pas le seul Belge a obtenir cette distinction cannoise. En 1996 (soit trois ans avant les Dardenne, tiens tiens), Pascal Duquenne remportait avec Daniel Auteuil un prix d’interprétation conjoint pour Le Huitième jour signé par le Belge Jaco Van Dormael.
Outre ces titres prestigieux (un tous les trois ans donc depuis 1996) traditionnellement mis en évidence dans tous les médias, Cannes est l’occasion d’une distribution plus large.
En 2008, année exceptionnelle, Eldorado de Bouli Lanners, présenté à la Quinzaine des réalisateurs, recevait trois récompenses importantes: le prix de la critique internationale, le prix de la jeunesse et le prix européen. Carrément. Dans le même temps, Aanrijding in Moscow du Flamand Christophe Van Rompaye remportait le prix SACD pour son scénario, le prix ACID de la distribution et… le Rail d’or (authentique!). Un an plus tard, La Merditude des Choses empochait le prix Arts et Essais de la CICAE et en 2010, Illégal, le formidable thriller d’Olivier-Masset Depasse, était couronné par le prix de la SACD octroyé à une (seule) œuvre francophone, toutes sections confondues.
Ne croyez pourtant pas qu’on offre à Cannes des prix par brouettes entières. Parmi la multitude de films projetés dans toutes les sections, seul un tout petit nombre est récompensé. Que ça tombe aussi souvent sur les films belges est donc une grande fierté !