L’Envahisseur de Nicolas Provost
Seul contre tous

Le Festival de Venise a débuté jeudi. Nous vous en avons déjà parlé (ici) : quelques films belges y participent dans trois sections différentes : Hiver dernier, premier long métrage de John Shank, Monkey Sandwich de Wim VandekeybusLa Folie Almayer de Chantal Akerman (présenté ici)  et L’Envahisseur (The Invader) de Nicolas Provost qui sera projeté dimanche 4 septembre à 21h30.

 

Comme le Festival de Cannes, la Mostra de Venise propose depuis 2004 une prestigieuse section parallèle, baptisée « Horizons ». Cette annexe de la sélection officielle est l’occasion de sortir des sentiers battus, de retenir des œuvres formellement plus aventureuses et aussi de nombreux premiers films.  Renouveler l’art, permettre à des jeunes réalisateurs de s’exprimer devant une audience internationale, dans un contexte extraordinaire, voilà deux des volontés d’Horizons. C’est donc toujours un privilège, une reconnaissance et une joie d’être programmé dans ce cadre. Nicolas Provost ne fait pas la fine bouche : il apprécie ce moment de bonheur qui le verra revenir dans une des plus belles villes du monde.

 

Oui, oui : revenir ! Car l’an dernier, Nicolas y présentait un de ses courts métrages:Stardust. Une œuvre étonnante au casting encore plus (d)étonnant : John Voight, Dennis Hopper et Jack Nicholson. Plus une foule d’anonymes lost in Vegas (comme Patrick Bruel, quoi…). Stardust n’est qu’une preuve, parmi beaucoup d’autres que notre homme n’a peur de rien. Il est un Artiste avec un grand A, passionné et prêt à tout pour se faire voir et entendre. Alors qu’il n’a qu’une trentaine d’années et qu’il excelle aussi dans la peinture, l’activiste boulimique a déjà réalisé un nombre incroyable de films.

 

Diplômé des Beaux-Arts de Gand, Nicolas revendique une liberté sans limites et refuse les frontières entre les arts et les genres : son domaine de réflexion privilégié est d’ailleurs la relation entre l’art visuel et l’expression cinématographique. Qui nous a valu un monument du genre, son court Long Live the New Flesh , présenté à Berlin l’an dernier et qui explore les classiques du film d’horreur sous un angle entièrement original. SonPapillon d’amour revisite le Rashomon de Kurosawa, Gravity remixe une vision hollywoodienne du 7e art et Exoticore était une fiction qui traitait de l’intégration de réfugiés du Burkina en Norvège… Tiens, tiens… Cela ne nous amène-t-il pas directement à L’Envahisseur, premier long métrage de Nicolas?

Pour l’épauler, le réalisateur a pu compter sur Versus à la production, formidable accoucheur de talents en Belgique puisqu’on leur doit les carrières long format d’Olivier Masset-Depasse, Joachim Lafosse, Micha Wald et Bouli Lanners. Joli panel, non?

 

L’Envahisseur emboîte le pas à Amadou, clandestin africain ayant rejoint l’Europe au risque de sa vie. Après moult péripéties, Amadou débarque à Bruxelles dans l’espoir d’y trouver une existence à la hauteur de ses grandes espérances. Mais la réalité est cruelle et il n’y récolte que la misère et l’exploitation. Expulsé de son logement, et menacé par ses passeurs à qui il doit encore de l’argent, sa situation devient de plus en plus critique et invivable. Cependant rien n’altère sa volonté et son enthousiasme. Grâce à cette vitalité, il séduit Agnès, une jolie femme d’affaires. Cette idylle devrait lui permettre d’émerger enfin au grand jour, d’accéder à ce qu’il désirait si ardemment. Mais l’illusion ne dure pas. Comme il se fait plus pressant,  Agnès se détache. Et c’est une terrible descente aux enfers qui débute. Luttant de façon irraisonnée contre plus fort que lui, Amadou va se transformer en l’individu dangereux que cette société qui n’a pas voulu de lui a engendré.

 

 

« Nous sommes tous des envahisseurs » tel est le message du film, sans concession, qui est également l’occasion de découvrir Bruxelles, sous toutes ses coutures. Pas juste les plus reluisantes.

Cerise sur le gâteau et cas plutôt rare dans les annales, Nicolas proposera aussi à Venise, un autre film, un court entièrement bâti sur des images existantes, initié au cœur de l’ambitieux projet Moving Stories, actuellement visible à la Cinematek.

En attendant de voir L’Envahisseur en Belgique (première au festival de Gand), les plus curieux peuvent faire un tour sur le site internet de Nicolas Provost qui vous permettra d’avoir un aperçu assez complet de l’univers de cet artiste définitivement hors normes.

 

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